Lactalis mis en examen dans l'affaire du lait infantile contaminé aux salmonelles

Le premier groupe laitier mondial et sa filiale la société Celia Laiterie de Craon ont été mis en examen, ce jeudi 16 février, pour tromperie aggravée, blessures involontaires et inexécution de mesures de retrait et rappel dans l'affaire du lait infantile contaminé qui avait explosé en 2017. À l'époque, plusieurs dizaines de nourrissons identifiés avaient été atteints de salmonellose en France.
Fin 2017, 53 nourrissons avaient été atteints de salmonellose en France après avoir consommé un produit pour enfant, essentiellement de marque Milumel ou Picot, sorti de l'usine de Craon, filiale du numéro un mondial des produits laitiers, le français Lactalis. (Photo : le 7 juin 2018, le PDG de Lactalis, Emmanuel Besnier, arrive à l'Assemblée nationale pour répondre aux questions des députés sur l'affaire du lait infantile contaminé.
Fin 2017, 53 nourrissons avaient été atteints de salmonellose en France après avoir consommé un produit pour enfant, essentiellement de marque Milumel ou Picot, sorti de l'usine de Craon, filiale du numéro un mondial des produits laitiers, le français Lactalis. (Photo : le 7 juin 2018, le PDG de Lactalis, Emmanuel Besnier, arrive à l'Assemblée nationale pour répondre aux questions des députés sur l'affaire du lait infantile contaminé. (Crédits : Reuters)

[Article publié le 16 février à 12:25 et mis à jour à 14h15]

Nouveau rebondissement dans l'affaire du lait infantile Lactalis contaminé aux salmonelles en 2017 qui avait intoxiqué plus de cinquante nourrissons. Le premier groupe laitier mondial et sa filiale la société Celia Laiterie de Craon ont été mis en examen, ce jeudi, pour tromperie aggravée, blessures involontaires et inexécution de mesures de retrait et rappel.

Les deux entreprises ont également été placées sous contrôle judiciaire avec un cautionnement de 300.000 euros chacune, selon le groupe. Des informations confirmées par une source judiciaire. Elles avaient été convoquées ce même jour au tribunal de Paris dans le cadre de l'enquête sur la contamination. Plus de quatre ans après l'ouverture d'une information judiciaire, un représentant des deux sociétés devait répondre aux questions d'un juge du pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris, comme l'avait révélé Le Figaro.

« L'ensemble des collaborateurs et des dirigeants du groupe Lactalis a pleinement conscience des épreuves vécues par les familles dont les enfants ont été malades et souhaite que les raisons de cette intoxication soient pleinement éclairées », avait alors commenté le groupe.

« Cette étape [la mise en examen, Ndlr] marque le début de l'instruction judiciaire, dans laquelle Lactalis s'engagera pleinement et en toute transparence », a ajouté Lactalis, ce jeudi, pour qui « l'enjeu de cette procédure est de permettre la manifestation de la vérité scientifique dans ce dossier industriel complexe. »

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L'ONG Foodwatch veut mettre « fin au climat d'impunité »

Réagissant auprès de l'AFP, Me Jade Dousselin, qui défend l'Association des familles de victimes du lait contaminé aux salmonelles (AFVLCS), a estimé que « ces mises en examen et cette consignation si importante prouvent l'existence d'éléments graves et concordants dans ce dossier ».

«Il s'agit d'un premier pas vers une condamnation des responsables dans ce scandale sanitaire d'ampleur », a déclaré l'avocate

« Nous espérons que les responsables de ce scandale sanitaire qui touche des enfants seront renvoyés rapidement devant le tribunal correctionnel », a, de son côté, commenté Me François Lafforgue, avocat de Foodwatch, qui avait porté plainte.

L'ONG, par la voix de sa porte-parole, Irina Kragl, demande « justice pour les bébés contaminés mais aussi des sanctions exemplaires et dissuasives afin de mettre fin au climat d'impunité » dans lequel évoluent les entreprises alimentaires.

53 nourrissons atteints de salmonellose

Au total, plusieurs dizaines de nourrissons identifiés avaient été atteints de salmonellose en France fin 2017 après avoir consommé un produit pour enfant, essentiellement de marque Milumel ou Picot, sorti de l'usine de Craon, située en Mayenne. En particulier, Santé publique France avait recensé 36 nourrissons ayant consommé, en France, du lait produit par Lactalis « dans les trois jours précédant la date de début de leurs symptômes ».

Les salmonelloses sont des intoxications alimentaires, qui vont de la gastroentérite bénigne à des infections plus graves, notamment pour les jeunes enfants, les personnes âgées ou affaiblies.

Le processus de retrait avait été chaotique et de nombreux dysfonctionnements ayant mené à la contamination avaient été mis au jour.

Salmonelle : la bactérie a subsisté dans l'usine depuis 2005, dixit l'Institut Pasteur

Après plusieurs semaines de crise, le groupe, réputé pour sa culture du secret, avait retiré mi-janvier 2018 la totalité de ses laits infantiles produits dans l'usine incriminée, dont la production avait dû être suspendue pendant plus de six mois.

L'entreprise dirigée par Emmanuel Besnier avait affirmé que la contamination s'expliquait par des « travaux réalisés courant 1er semestre 2017 ».

Mais le site avait déjà subi une contamination à la salmonelle en 2005. L'Institut Pasteur avait ensuite annoncé être arrivé à la conclusion que la bactérie présente à Craon avait subsisté entre 2005 et 2017.

En 2019, Emmanuel Besnier était sorti de sa garde à vue sans poursuite

Plusieurs centaines de plaintes ont été déposées et plusieurs dizaines de personnes ont été auditionnées par les enquêteurs. En octobre 2019, Emmanuel Besnier a été entendu dans le cadre d'une garde à vue, dont il est sorti sans poursuite.

Selon une expertise rendue en octobre 2022 et versée au dossier, dont les journalistes de l'AFP ont eu connaissance, « l'entreprise a manqué de vigilance voire de clairvoyance vis-à-vis des signaux négatifs répétés qui alertaient sur une perte de sécurité de la fabrication ». « Mais le dossier ne conduit aucunement à constater que l'entreprise n'aurait pas respecté ses engagements préétablis pour se mettre en conformité avec les exigences de la réglementation (...) ou bien qu'elle aurait commercialisé avant le 1er décembre (2017, Ndlr) des produits en sachant qu'ils étaient contaminés par des salmonelles suite à une analyse d'autocontrôle », ajoutent toutefois les experts.

(avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 17/02/2023 à 0:32
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2017.......2023, ca laisse reveur.

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