Lactalis se sépare de son directeur général en raison de divergences stratégiques avec le président du groupe

Lactel, Bridel, Président, Galbani, Parmalat, Leerdammer... le groupe français Lactalis, passé cet été numéro un mondial des produits laitiers devant Nestlé, vient de se séparer de son directeur général entré en fonction il y a tout juste un an. En cause, une divergence stratégique avec le président du groupe, Emmanuel Besnier.
Philippe Palazzi quitte ce jeudi son poste de DG de Lactalis.
Philippe Palazzi quitte ce jeudi son poste de DG de Lactalis. (Crédits : Lactalis)

Article à mis à jour à 16h50

L'annonce a de quoi surprendre. Le groupe Lactalis, réputé pour sa discrétion, a annoncé hier le départ de son directeur général Philippe Palazzi, entré en fonction il y a tout juste un an.

"Les conditions d'un alignement sur la stratégie du Groupe n'ayant pu être réunies, Emmanuel Besnier, président du groupe Lactalis, et Philippe Palazzi, directeur général, mettent fin à leur collaboration à compter du 3 février 2022", explique le groupe dans un communiqué, qui vient confirmer l'information publié hier soir par le quotidien Ouest-France.

Ce sont les discussions en tête à tête entre les deux hommes autour de leurs visions à l'horizon 2033, date à laquelle Lactalis fêtera ses 100 ans d'existence, qui ont conduit au constat d'une divergence irrémédiable, indique-t-on chez Lactalis. Le Comex lui-même n'a toutefois pas encore pu obtenir de précisions concernant les points de désaccord possibles: les acquisitions, les métiers, l'organisation, les aspects financiers etc., déclare une source interne au groupe.

La feuille de route RSE maintenue

Emmanuel Besnier serait toutefois satisfait du travail mené par Philippe Palazzi sur les principales missions qui lui avaient été attribuées au moment de sa nomination. Sa feuille de route RSE, loin d'être remise en question, sera au contraire présentée demain à une convention de 500 cadres du groupe par le président lui-même -échéance qui aurait  d'ailleurs déterminé la date de l'annonce du départ du directeur général. L'ouverture vis-à-vis du monde agricole et des médias portée par Philippe Palazzi sera-t-elle aussi continuée, assure-t-on chez Lactalis.

Le bilan financier réalisé en 2021 sous sa direction -dont les détails seront présentés en avril-mai- est aussi considéré comme positif, le chiffre d'affaire étant en croissance et la rentabilité stable malgré une forte augmentation des charges due à l'inflation. Le communiqué le remercie d'ailleurs "pour son investissement et son énergie, qui ont permis la réalisation des objectifs financiers de l'année 2021".

Aucune hypothèse écartée pour l'avenir

Chez le groupe, on écarte aussi toute divergence personnelle, en insistant plutôt sur une complémentarité entre deux personnalités différentes assumée dès la nomination du directeur général. Emmanuel Besnier, 6e milliardaire français au classement Forbes 2021, principal actionnaire de ce groupe non coté en Bourse dont il a hérité de son père Jean-Michel et de son grand-père André Besnier, cherchait un homme plus en prise directe avec les équipes, les médias et le terrain. Philippe Palazzi, transfuge de la distribution, où il avait gravi tous les échelons du groupe allemand Metro, en commençant comme chef de rayon et en finissant comme directeur général des opérations et membre du board, aurait bien répondu aussi à cette attente.  Le départ se ferait donc "calmement et en bon ordre", "sans clash".

Quant à l'avenir, Emmanuel Besnier rencontrera pendant quelques semaines un par un les membres du comité exécutif avant de prendre toute décision. Aucune option n'est écartée: ni le recrutement en interne ou en externe d'un nouveau directeur général sur un poste identique, ni une réorganisation de la gouvernance où Emmaneul Besnier pourrait  assumer le rôle de PDG.

Un puissant groupe mondial donc l'actionnariat est totalement familial

Avec ses nombreuses marques (Bridel, Société, Lactel, Président, Galbani, Le Roitelet, Lepetit, Salakis, Graindorge...), et surtout un chiffre d'affaires de plus de 20 milliards d'euros, Lactalis est devenu en août 2021 le numéro un mondial de l'industrie du lait et des produits laitiers, devançant pour la première fois de son histoire son éternel concurrent Nestlé.

"Selon les chiffres publiés le 25 août dernier par le groupe bancaire néerlandais Rabobank, l'entreprise hexagonale a réalisé un chiffre d'affaires de 23 milliards de dollars (20,39 milliards d'euros) contre 20,8 milliards de dollars pour le géant de Vevey (18,44 milliards d'euros)," écrit l'agence Ecofin.

Lire aussi 2 mnLactalis : la Confédération paysanne dénonce "l'opacité" des comptes du géant laitier

Pour donner un ordre de grandeur, Lactalis peut se comparer à des entreprises françaises comme Orange (22 milliards d'euros de chiffre d'affaires), Engie (19), CMA CGM (18)...

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Commentaires 2
à écrit le 06/02/2022 à 16:28
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Le CA d’Orange est de 42 milliards d’euros, près du double de Lactalis, donc non comparable.

à écrit le 03/02/2022 à 15:48
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"Le groupe Lactalis, réputé pour sa discrétion" Tu m'étonnes ! "tant la tradition de l'entreprise est centrée sur la promotion interne:" Tu m'étonnes !!! Donc au final les 3 milliardaires de Lactalis sont de la même famille ? Ah mais cela va finir pa...

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