Lactalis augmente de 32% le prix du lait payé aux éleveurs et fait pression sur la grande distribution

Le géant laitier Lactalis augmente de 32% le prix du lait payé à des éleveurs. Dans le même temps, le groupe demande à la grande distribution « de nouvelles et nécessaires revalorisations tarifaires de nos produits laitiers ».
Lactalis réclame ainsi à la grande distribution « de nouvelles et nécessaires revalorisations tarifaires de (nos) produits laitiers »
Lactalis réclame ainsi à la grande distribution « de nouvelles et nécessaires revalorisations tarifaires de (nos) produits laitiers » (Crédits : Stephane Mahe)

Une bouffée d'oxygène pour les producteurs de lait. Lactalis, propriétaire des marques Lactel, Président ou Roquefort Société a trouvé avec l'Union nationale des éleveurs livreurs Lactalis (Unell) un accord sur le prix du lait payé aux producteurs partenaires approchant les 500 euros/1.000 litres en hausse de 32% par rapport à la même période en 2021, pour le quatrième trimestre. « Ce prix s'établit à 490 euros toutes primes et qualités confondues », précise l'entreprise dans un communiqué qui souligne « que la hausse va au-delà de l'évolution des coûts de production des producteurs (18%) ». L'entreprise fait valoir par ailleurs que ses charges en France ont augmenté de 18% en 2022. « L'année 2023 s'annonce encore plus difficile, en particulier sur le sujet de l'énergie sur lequel le groupe anticipe un quasi doublement de sa facture à plus de 1 milliard d'euros ».

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A l'occasion du salon international de l'alimentation, qui se déroule actuellement à Villepinte, Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture, a assuré que l'Etat viendrait en aide aux « industries agroalimentaires énergo-intensives » pour tenter de réduire leur facture énergétique. Une partie de ces hausses devra toutefois, selon lui, être « absorbée par le coût » - autrement dit être répercutée dans le prix d'achat des produits par les supermarchés, puis dans le panier du consommateur. Le ministre a aussi assuré que les secteurs agricole et agroalimentaire seraient « prioritaires » en cas de coupures d'électricité cet hiver. « Le lait ne se garde pas », a prévenu Emmanuel Besnier, PDG de Lactalis.

Les industriels bataillent avec la grande distribution pour obtenir les hausses de prix

Lactalis réclame ainsi à la grande distribution « de nouvelles et nécessaires revalorisations tarifaires de (nos) produits laitiers » pour refléter l'explosion des coûts de production. Depuis plusieurs mois, les industriels bataillent avec la grande distribution pour obtenir ces hausses de prix qui, in fine, conditionnent aussi le revenu des éleveurs. « Les hausses qu'on a fait passer sont de l'ordre de 15-20%, mais il va falloir redoubler encore l'an prochain », prévient Yvan Borgne, directeur commercial export de la coopérative laitière Laïta, soulignant le difficile compromis entre prix bas pour le consommateur et juste rémunération des agriculteurs.

Début septembre, le gouvernement avait appelé les enseignes de la grande distribution à accepter, dans le cadre des négociations avec les industriels de l'agroalimentaire, les hausses de tarifs demandées par les producteurs.

« On est à un tournant : il faut que les distributeurs prennent leurs responsabilités, que les enseignes acceptent de passer les hausses (de tarifs) pour garantir la rémunération des agriculteurs et assurer la pérennité de la filière laitière », avait réclamé le ministère. « Si on refuse de payer le lait au prix de ses coûts de production, demain, on sera contraint d'en importer », avait-il ajouté.

La guerre en Ukraine conjuguée à l'inflation des coûts de production et à la canicule de cet été, qui s'est traduite par une sécheresse historique, désespère un peu plus encore les éleveurs. Dans cette période estivale où les vaches laitières se nourrissent habituellement en grande partie dans les pâturages, la production d'herbe a chuté de 31% par rapport à une année normale. Faute d'herbe, de nombreux éleveurs ont dû nourrir leurs animaux avec les rations de fourrage prévues pour l'hiver. Ils seront alors condamnés à racheter du fourrage au prix fort, voire à vendre une partie de leur cheptel pour avoir moins de bouches à nourrir.

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Commentaires 4
à écrit le 19/10/2022 à 2:02
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"[ Si on refuse de payer le lait au prix de ses coûts de production, demain, on sera contraint d'en importer ], avait-il ajouté." C'est beau tous ces europhobes contre la concurrence européenne sur le lait mais europhiles pour le foin importé......

à écrit le 18/10/2022 à 21:43
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Bonjour, Tout les ans on dit qu'ils vont manquer de foin, j'ai un pré qui n'intéresse personne, le foin dépassant le mètre avec le risque d'incendie j'ai du sortir la faucheuse 2 temps et le couper moi-même à 74 balais , Comme quoi .

à écrit le 18/10/2022 à 10:20
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oui oui, tout le monde veut augmenter ses prix, c'est sur........bon, sinon le directeur commercial devrait aller faire un tour dans les supermarches, ca lui montrerait ce qu'il etait cense avoir appris en marketing....vu les volumes actuels, avec en...

à écrit le 18/10/2022 à 10:18
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C'est merveilleux de défendre le pouvoir d'achat en baissant les prix chez Leclerc. Et tant pis si les agriculteurs crèvent de faim !

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