Vins et spiritueux : une année record pour les exportations françaises, malgré des ventes en baisse

Les exportations de vins et spiritueux français ont généré un chiffre d'affaires record de 17,2 milliards d'euros en 2022, soit une hausse de plus de 10% en un an. Et ce, alors que les volumes de ventes ont baissé de 3,8%. La croissance s’explique par l'inflation et l'appétit pour ces produits à l'étranger. Une performance à l’international d’autant plus vitale dans une période où le pays cumule baisse de consommation et difficultés plus structurelles dans certains vignobles.
L'excédent commercial dégagé par ces boissons s'élève à 15,7 milliards d'euros, en hausse de 10,3% comparé à 2021.
L'excédent commercial dégagé par ces boissons s'élève à 15,7 milliards d'euros, en hausse de 10,3% comparé à 2021. (Crédits : BENOIT TESSIER)

Les vins et spiritueux français continuent de séduire hors des frontières. Les ventes de vins s'élèvent en 2022 à 11,6 milliards d'euros (+10,2%) et celles des spiritueux - hors vermouths et apéritifs à base de vin - atteignent 5,5 milliards d'euros (+11,6%). Soit un chiffre d'affaires total sur l'année de 17,2 milliards d'euros, d'après les données annoncées ce mardi 14 février par la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS). Pour son président, César Giron, la filière a été capable « d'absorber et de retransmettre » la hausse de ses coûts de production (verre, aluminium, transport).

Les ventes de champagnes, vins AOC, cognacs et autres spiritueux ont progressé dans quasiment toutes les catégories (+10,8% au total en valeur sur un an), selon des chiffres des douanes compilés et publiés ce mardi par la fédération.

L'excédent commercial dégagé par ces boissons s'élève à 15,7 milliards d'euros, en hausse de 10,3% comparé à 2021. Une « performance remarquable », qui fait de la filière « le deuxième excédent commercial après l'aéronautique » en France, a souligné le président de la FEVS, lors d'une conférence de presse organisée au salon Wine Paris & Vinexpo qui se tient jusqu'à ce jeudi.

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Baisse des volumes mais hausse du prix des bouteilles

Cette croissance s'explique en partie par la hausse du prix des bouteilles puisque les volumes vendus ont baissé. Les 550 entreprises réunies dans la FEVS, qui représentent 85% des ventes françaises à l'étranger, ont en effet expédié moins de bouteilles, avec un recul total des volumes de 3,8%. Ces volumes baissent même de 6,6% dans la catégorie des vins. Une diminution « énorme » qui correspond à près de 10 millions de caisses en moins, a précisé César Giron.

En cause, la vendange 2021 catastrophique du fait de calamités climatiques (gel, grêle), qui a « handicapé la capacité à exporter ». Ainsi que les tensions géopolitiques et logistiques mondiales qui ont perturbé les expéditions.

Les États-Unis restent le premier marché de destination des vins et spiritueux français. Plus d'un quart des ventes y sont réalisées, en progression de 14% en 2022 à 4,7 milliards d'euros, malgré une baisse des volumes de 5%.

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L'importance de l'export

Les produits à forte valeur ajoutée (champagne, cognac, grands crus) ont une nouvelle fois porté cette croissance. « 75% de nos exportations se font en dehors de l'Union européenne, ce qui doit nous inciter à promouvoir l'ouverture des marchés et la signature d'accords bilatéraux », a relevé le président de la FEVS.

« Pour les viticulteurs, l'export, c'est la solution », a d'ailleurs défendu le ministre du Commerce extérieur Olivier Becht, lors de l'inauguration du salon Wine Paris & Vinexpo ce lundi. Certains marchés « sont en train de s'ouvrir grâce à de nouveaux accords, je pense à la Nouvelle-Zélande. On a également des négociations en cours avec l'Australie, peut-être avec l'Inde (...) c'est une bonne nouvelle », a-t-il ajouté.

L'ouverture à l'international est d'autant plus importante que la France, deuxième producteur mondial derrière l'Italie, enregistre une baisse de consommation en interne. Les consommateurs ont particulièrement boudé les rouges en supermarchés en 2022, dont les ventes ont chuté de 15%. Pour les blancs et les rosés, le repli est bien plus modéré (autour de -3 ou -4%). Une tendance qui ne date pas seulement de l'année dernière. Les Français boivent en effet de moins en moins de vin : « 130 litres par an par habitant, il y a 70 ans » et désormais 40 litres, d'après Jérôme Despey, secrétaire général de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA).

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Une filière dans le rouge

En parallèle, le vignoble français a essuyé toute une série de crises ces dernières années : les taxes Trump en 2019, la pandémie de Covid-19, le millésime désastreux en 2021... S'y sont ajoutées en 2022 l'inflation et la flambée des coûts de production, de l'énergie aux emballages.

Pour que la filière « passe ce cap », « il faut qu'on l'aide à relever les défis conjoncturels », a défendu lundi le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, qui avait reconnu fin janvier que la situation du vignoble français était « grave ». Pour éviter que les prix ne baissent trop, l'État a accepté de financer une campagne pour transformer (« distiller ») des dizaines de millions de litres d'excédents en parfum ou en gel hydroalcoolique. « On est en train d'affiner un certain nombre de dispositifs, y compris dans l'arrachage », a-t-il ajouté lors de sa visite, certains viticulteurs de Bordeaux réclamant des aides pour arracher les pieds excédentaires.

Joël Boueilh, président des Vignerons coopérateurs de France, a reconnu que la crise venait en partie « d'une inadéquation entre l'offre et les attentes des consommateurs : il faut se remettre en question, évoluer dans les cépages, les terroirs. On doit s'adapter pour ne pas se retrouver sur le carreau ».

Pour sauver un vignoble « à la croisée des chemins », il faudra aussi « avoir de véritables stratégies » et « rendre les produits plus attrayants pour les jeunes consommateurs », considère Rodolphe Lameyse, directeur général de l'organisateur du salon parisien, Vinexposium.

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(Avec AFP)

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