Au Havre, Novamet investit pour traiter les déchets d’aluminium

La jeune entreprise Novamet inaugure une unité de tri et de traitement des déchets d’aluminium à Rogerville près du Havre, la première en France hors du giron d'un affineur.
Novamet transforme les déchets aluminium qui lui arrive bruts sous leur forme d'origine en un matériau prêt à affiner.
Novamet transforme les déchets aluminium qui lui arrive bruts sous leur forme d'origine en un matériau prêt à affiner. (Crédits : Novamet)

Dire que l'aluminium recyclé a le vent en poupe est un euphémisme. Entre BMW qui promet des jantes composées à 70% de ce métal secondaire pour la prochaine génération des Mini Countryman ou Apple qui l'adopte pour la coque de ses Macbook, les exemples de conversion à l'économie circulaire de l'aluminium se multiplient dans tous les compartiments de l'industrie. Avec en toile de fond, la course à l'économie bas carbone et la flambée du prix de l'aluminium primaire (fabriqué à partir de bauxite au moyen de technologies très électro-intensives) dont les cours ont atteint des sommets inédits depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine.

C'est dans cet environnement porteur que Novamet, jeune entreprise française, vient de mettre à feu sur la zone industrialo-portuaire du Havre une ligne de traitement automatisé des déchets d'aluminium, unique en son genre parce qu'indépendante des grands transformateurs tels que Derichebourg ou GDE Recyclage. Créée en janvier par un ancien affineur et un négociant en métaux, tous deux rompus aux arcanes de ce marché, elle a investi 4,5 millions d'euros pour équiper un site (plus de 20.000 m2) mis à disposition par le port du Havre.

Son métier ? Collecter des déchets d'aluminium bruts dans leur forme originelle (profilés de fenêtres, carters, jantes automobile, poteaux électriques... voire trottinettes, casseroles ou extincteurs), les séparer d'éventuels autres matériaux -du plastique par exemple-, puis les catégoriser et les broyer pour les rendre immédiatement utilisables par les fonderies. Lesquelles les transformeront en lingots d'aluminium recyclé au prix d'une seconde fusion. « En fait, nous comblons un maillon manquant de la filière de recyclage entre les récupérateurs et les fondeurs qui ne disposent pas d'unités aussi performantes », résume Alexis Noyer, directeur associé.

Un matériau « prêt à l'emploi pour la refonte »

A pleine capacité, l'installation qui emploiera une quinzaine de personnes devrait être capable de produire 2.500 tonnes par mois « d'un matériau noble avec un taux de pureté de 98% prêt à l'emploi pour la refonte ». Côté approvisionnement, Novamet ne redoute aucun phénomène de pénurie pour ce métal recyclable à l'infini. Avec l'augmentation de la consommation d'aluminium, le gisement de déchets neufs ou mélangés que convoite la société est en croissance exponentielle. « Nous disposons d'un tissu de fournisseurs déjà en place partout en Europe et principalement en France », précise son patron.

En revanche, ce n'est pas en France que l'entreprise normande espère garnir son portefeuille de clients mais en Italie, en Pologne, en Espagne et... en Chine, d'où sont importés près de la moitié des lingots d'aluminium de seconde fusion utilisés par l'automobile ou l'aéronautique hexagonale. Et pour cause. « Les recycleurs disparaissent de nos territoires. Cette situation entraîne un déficit de la balance commerciale ainsi qu'une perte de savoir-faire », déplorait il y a peu l'interprofession française de l'aluminium. Novamet prévoit ainsi d'exporter à terme « plus de 80 conteneurs par mois de produits prêts à affiner vers le continent asiatique », dixit Alexis Noyer.

Sans doute une bonne affaire pour le port du Havre mais une preuve qu'il manque quelques maillons dans la chaîne de l'économie circulaire. A méditer.

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Commentaire 1
à écrit le 21/04/2022 à 20:03
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Quand on met de l'aluminium en bac de tri (emballages) ou à la déchetterie (objets), ça devient quoi, ça part où ? Fondre l'alu est beaucoup moins énergivore que le fabriquer, et encore le procédé par électrolyse avec sel fondu a permis de ne plus co...

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