"La joint-venture avec Dongfeng est dans l'intérêt de Faurecia", Yann Delabrière, Pdg

Faurecia veut dépasser les 4 milliards d'euros de chiffre d'affaires en Chine à l'horizon 2018 (2,2 milliards en 2014). Pour stimuler sa croissance, le groupe veut profiter de la dynamique de mise aux normes environnementales des voitures mais aussi des camions. De plus, alors même que rien l'y oblige, l'équipementier automobile français a également choisi de collaborer avec les constructeurs chinois à travers des joint-ventures. Yann Delabrière, Pdg de Faurecia, explique dans un entretien à La Tribune les raisons de ce choix.
Yann Delabrière, Pdg de Faurecia, estime que Faurecia continuera à surperformer le marché chinois, mais à un rythme moindre.

La Tribune - Le marché automobile chinois est entré dans une phase de ralentissement. Quels sont les leviers que vous avez identifiés pour maintenir le rythme élevé de votre croissance ?

Yann Delabrière - Nous avons enregistré une croissance de 23% par an en Chine depuis six ans. Pour les prochaines années, nous ambitionnons d'enregistrer un rythme de croissance annuel moyen d'au moins 15%. Nous avons ainsi surperformé le marché, et nous continuerons à le faire. Pour cela, nous avons des leviers de plusieurs natures. Le premier, c'est notre relation avec nos clients historiques. C'est eux qui nous ont poussés en Chine à travers le déploiement de leurs programmes mondiaux. Cela continuera d'être un vecteur important de croissance pour nous. Mais nous sommes en train d'actionner un second levier avec une approche des clients chinois. Les constructeurs chinois se sont renforcés, portés par leurs joint-ventures. Depuis l'année dernière, ils sont aussi portés par leurs marques propres après des années de déception. On a ainsi constaté, en 2014 et surtout au premier trimestre de cette année, que les marques chinoises ont entièrement capté la croissance du marché. Et le phénomène devrait se poursuivre. Enfin, notre dernier levier est tout ce qui concerne la problématique environnementale, qui s'impose de plus en plus en Chine. Ce pays va progressivement converger vers les normes Euro 5, puis Euro 6, ce qui est très porteur pour nous.

Comment évaluez-vous ce potentiel ?

Le potentiel est très fort sur les voitures, mais également sur les camions. Le marché des camions représente trois fois celui du marché américain. Avec notre position de leader mondial dans les solutions environnementales avec 25% de part de marché, nous estimons être dans une bonne position.

Justement, le marché chinois semble ralentir en termes de volumes, mais on constate que ce marché évolue de plus en plus vers des produits plus sophistiqués comme ceux que vous proposez: nous pourrions donc imaginer que, en termes de valeur, le marché continue à croître fortement. Pourquoi alors, compte tenu du potentiel de croissance que vous apercevez, vos prévisions ont-elles autant baissé ?

Avec 15% de croissance en moyenne par an, nous gardons un objectif de croissance largement au-dessus de celui du marché. Par ailleurs, le marché enregistrera un ralentissement de sa croissance, cela ne peut pas être sans impact sur notre activité. Mais effectivement, le marché est en train de monter en gamme, et c'est pour nous un vecteur extrêmement favorable.

Vous venez d'annoncer la création d'une joint-venture avec le constructeur automobile chinois Dongfeng Motors. En chine, en tant qu'équipementier, vous n'avez aucune obligation de joint-venture. Pourquoi avoir choisi cette voie ?

Les acteurs chinois ont pris une importance grandissante. Ils souhaitent, de plus en plus, développer des collaborations plus étroites avec les équipementiers pour participer à leurs technologies, et finalement rattraper leur retard.

Mais est-ce réellement dans votre intérêt ?

Ce qui entre dans le cadre de ces joint-ventures, ce sont des produits qui sont déjà développés. Nous gardons une longueur d'avance en matière de Recherche et Développement. Mais si nous voulons développer notre activité avec ces acteurs de plus en plus importants, oui, c'est dans notre intérêt.

Vous n'avez pas besoin de joint-venture pour vendre vos produits à d'autres acteurs...

Notre relation est différente avec les constructeurs internationaux qui, eux, connaissent parfaitement cette technologie et n'ont pas de besoins absolus de se rapprocher d'équipementiers. Nous n'avons pas besoin d'avoir plus qu'une relation commerciale avec eux.

Votre politique de croissance en Chine sera fondée sur de l'organique, ou de l'externe ?

Nous rapprocher des clients est un axe que nous continuerons à développer. Nous allons poursuivre le développement de notre stratégie produits et de nos capacités d'ingénierie. Nous n'envisageons pas d'acquisitions, non, car il n'y a pas vraiment d'acteurs chinois sur nos marchés.

Vous présentez sur votre stand, à Shanghai, un siège capable de déterminer un programme de relaxation après avoir recueilli et analysé des informations sur le rythme cardiaque et le souffle de l'utilisateur. Faurecia est plutôt un producteur de matériaux ou de produits en dur; or, là, il passe au traitement informatique d'informations. Est-ce que Faurecia se tourne de plus en plus vers des produits connectés ?

Cela impacte toute l'industrie automobile, et tous les acteurs se positionnent là-dessus. Ces nouvelles technologies embarquées sont effectivement un axe de développement significatif pour nous. On n'a pas présenté beaucoup de technologies ici. On présentera nos technologies de voiture connectée au salon de Francfort au mois de septembre.

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