La RATP et la Banque des Territoires sauvent Cityscoot

La société parisienne spécialiste des scooters en libre-service a annoncé sa recapitalisation auprès de la RATP Capital Innovation et de la Banque des Territoires qui deviennent majoritaires. Bertrand Altmayer prend les commandes du groupe tandis que le fondateur, Bertrand Fleurose, se met en retrait. La nouvelle direction annonce une nouvelle stratégie radicalement différente placée sous le signe de la « frugalité » qui doit permettre de consolider les acquis.
Nabil Bourassi
Cityscoot maintient ses opérations à Milan, un marché lucratif, après le retrait de Barcelone.
Cityscoot maintient ses opérations à Milan, un marché lucratif, après le retrait de Barcelone. (Crédits : Cityscoot)

« Le monde a changé... ». C'est par cette phrase que Bertrand Altmayer a annoncé lors d'un point presse le virage stratégique de Cityscoot, le spécialiste français des flottes de scooter en libre-service. Il s'agit d'un virage à 180 degrés qui se matérialise d'abord par une recapitalisation de Cityscoot par la RATP et la Banque des Territoires (Caisse des Dépôts et Consignation), lesquelles deviennent majoritaires dans le capital. Le fondateur, Bertrand Fleurose, se met en retrait du management mais reste membre du conseil d'administration et devient un actionnaire minoritaire. Bertrand Altmayer devient ainsi PDG de l'entreprise. Il a présenté une nouvelle feuille de route stratégique placée sous le signe de « la frugalité » et qui doit permettre d'atteindre la rentabilité dès la fin de l'année 2022.

Des mesures d'économies déjà largement mises en oeuvre

En réalité, Cityscoot a déjà commencé à réduire la voilure depuis plusieurs mois. En décembre 2021, il avait levé le camp à Barcelone, un marché réputé difficile qui comptait une dizaine d'opérateurs plafonnés à 700 scooters chacun. Depuis mai, la flotte parisienne a été quasiment réduite de moitié passant de 3.600 véhicules à moins de 2.500. « L'analyse des flux et les bases de données de nos clients les plus actifs nous ont permis d'affiner le maillage du territoire parisien à travers des actions physiques de redéploiement de notre flotte. Ce que nous nous étions interdits de faire jusqu'à maintenant. L'idée est d'avoir le bon scooter au bon endroit », a expliqué Bertrand Altmayer. Le résultat est sans appel, le taux d'utilisation du scooter a augmenté de 50% passant de 4 à 6 rotations par jour. « Du jamais vu », s'est extasié Bertrand Altmayer. « En réduisant notre flotte, c'est moins de maintenance, moins de recharge, moins de casse aussi... », a-t-il également souligné. D'ailleurs, en juin, Cityscoot a enregistré un exercice positif pour la première fois.

« Nous voulons désormais consolider nos acquis », fait valoir Bertrand Altmayer. Selon lui, Cityscoot n'avait plus les moyens de conduire une politique commerciale agressive comme l'avait conduit Bertrand Fleurose notamment avant la crise du Covid. « La réalité des mobilités a changé et notre stratégie était trop consommatrice de cash », a constaté son successeur. « Il était nécessaire de nous professionnaliser davantage. Nous ne sommes plus une startup, nous sommes désormais une PME », a asséné Bertrand Altmayer.

Le financement des startups s'est asséché

En outre, il constate que le financement des startups s'est asséché depuis plusieurs mois. Dans ce contexte, impossible de continuer à financer sa croissance par des levées de fonds. La dernière en date (23 millions d'euros début 2020) avait permis de financer l'implantation de Cityscoot à Barcelone avec le succès que l'on connaît. Enfin, Cityscoot est confronté à une intensification de la concurrence. A Paris où il bénéficiait d'une situation de quasi-monopole depuis le retrait du timide Coup en 2019, l'entreprise a vu surgir le très agressif espagnol Cooltra, et Yego. « Nous sommes encore ultra-majoritaires à Paris », a nuancé Bertrand Altmayer.

Celui à qui l'on doit la compagnie de VTC Marcel qu'il avait fondé en 2014 n'a toutefois pas jugé nécessaire de revoir les activités dans les autres villes où Cityscoot est actuellement implanté notamment Milan et Nice. L'entreprise vient de débarquer à Turin, où ont été redéployés les scooters qui étaient auparavant affectés à Barcelone.

Une opportunité immense à Paris

En réalité, ce virage stratégique était en gestation depuis un moment confesse-t-on chez RATP Capital Innovation. L'arrivée de Bertrand Altmayer pour seconder Bertrand Fleurose en mai 2020 était déjà une façon d'ajuster la stratégie de Cityscoot.

Pour Cityscoot, il était impératif de se remettre en ordre de marche au moment où l'univers du deux-roues parisien est en train de basculer. Depuis le 1er septembre, le stationnement des deux roues est payant à Paris et donne des arguments aux usagers de passer de la propriété à davantage d'usage à la demande. Pour surfer sur cette immense opportunité, Cityscoot vient de lancer un abonnement mensuel à 129 euros. Puis l'appel d'offres pour le très lucratif marché parisien doit livrer ses conclusions en décembre prochain, avec six mois de retard sur le calendrier initial.

Nabil Bourassi

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Commentaires 2
à écrit le 20/09/2022 à 21:23
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Le capitalisme français 21eme siècle, c'est de couler les boîtes en hurlant aux patrons négriers donc de droite, tout en utilisant l'argent public tolérant donc de gauche pour récapitaliser comme des actionnaires voyous, mais qui peuvent tout perdre...

le 21/09/2022 à 4:07
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Cepafo ce que vous suggerez. En attendant les scoots electriques, fonctionneront-ils avec les coupures prevues ? That's the question.

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