Les arnaques à la vignette « Crit'Air » se multiplient

L'instauration progressive des zones à faibles émissions (ZFE) oblige de plus en plus de Français à commander sur internet leur vignette « Crit'Air ». Les escrocs s'engouffrent dans la brèche en envoyant des SMS qui dirigent vers des sites frauduleux pour soutirer aux victimes, persuadées de s'acquitter des 3.70 euros liés à l'achat de la vignette, leurs coordonnées bancaires.
La vignette Crit'Air, qui coûte 3,72 euros, « ne peut s'obtenir que sur le site du gouvernement  ».
La vignette Crit'Air, qui coûte 3,72 euros, « ne peut s'obtenir que sur le site du gouvernement ». (Crédits : Reuters)

Nombreux sont les Français qui ont reçu ce SMS : « nos agents ont constaté que votre véhicule n'était pas muni de la vignette règlement pour cette année 2023. Veuillez la récupérer sous peine d'une contravention dans les prochaines 48h ».

Le message invite à cliquer sur un lien pour se mettre en conformité, c'est évidemment une arnaque. On est alors redirigé sur un site aux couleurs du ministère de la Transition écologique - c'est très bien fait - et on est invité à entrer son numéro de carte bancaire pour régler la somme de 3.70 euros. Il est aussi demandé de laisser son adresse et son numéro de téléphone.

« Parfois, l'escroc téléphone à la victime en se faisant passer pour son banquier venu l'avertir qu'elle a été escroquée et lui demande l'accès à ses comptes pour soi-disant annuler la transaction », explique William Hippert, chef du Service d'analyse stratégique de la criminalité organisée (Sirasco) rattaché à la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). En fin d'année 2022, une personne a ainsi viré 10.700 euros sur un compte en Espagne, une autre 3.000 euros en Lituanie.

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Une vignette qui s'obtient sur le site du gouvernement

Si l'arnaque à la vignette « Crit'Air » existe depuis ses débuts en 2017 à Paris, elle s'est particulièrement développée depuis la fin d'année 2022. « Sur les deux années 2020 et 2021, 43 faits ont été signalés contre 56 pour 2022, dont 38 entre juillet et décembre », souligne William Hippert « Des statistiques sans doute au-deçà de la réalité, mais qui montrent une accélération ».

La vignette Crit'Air, qui coûte 3,72 euros, « ne peut s'obtenir que sur le site du gouvernement  », rappelle le commissaire.

D'ici à 2025, les 43 métropoles auront à mettre en œuvre une ZFE

Si cette arnaque prospère, c'est bien parce que les zones à faibles émissions (ZFE) se multiplient en France. Onze agglomérations l'ont d'ores et déjà mise en place obligeant à s'acquitter d'une vignette : Grand Paris, Lyon, Aix-Marseille, Toulouse, Nice, Montpellier, Strasbourg, Grenoble, Rouen, Reims et Saint-Étienne.

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D'ici à 2025, en vertu de la loi Climat, les 43 métropoles de plus de 150.000 habitants devront instaurer une ZFE, sous réserve de dérogations dans quelques cas. Ainsi, l'obligation est écartée lorsqu'il est démontré « que les concentrations moyennes annuelles en dioxyde d'azote (NO2) sont inférieures ou égales à 10 μg/m3 », précise le décret signé notamment par la Première ministre Élisabeth Borne.

« Les agglomérations ont jusqu'à mi-2023 pour en faire la demande, mais aucune ne l'a fait jusqu'à présent, et moins d'une dizaine devrait être concernée », a poursuivi l'entourage du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.

Lors d'un débat au Sénat le 10 janvier, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, a reconnu un « défaut de pédagogie » et annoncé le lancement d'une grande campagne de communication nationale « au deuxième trimestre 2023 ». « Nous ne voulons pas entraver, mais protéger ; toutes les accélérations de calendrier sont des décisions territoriales ». Rien qu'en 2021, 47.000 Français sont morts du fait des particules fines et des oxydes d'azote, selon Santé publique France.

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 (Avec AFP)

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