Michelin, Bridgestone, Continental... Les fabricants de pneus s'entendent-ils sur les prix ? La Commission européenne enquête

La Commission européenne a réalisé des inspections inopinées, mardi, chez des fabricants de pneumatiques, dont Michelin, Bridgestone, Continental, Nokian et Goodyear, s'inquiétant d'une possible entente sur les prix.
Michelin souligne qu'il « applique scrupuleusement les règles de concurrence dans tous les pays dans lesquels il » exerce.
Michelin souligne qu'il « applique scrupuleusement les règles de concurrence dans tous les pays dans lesquels il » exerce. (Crédits : Alessandro Bianchi)

 Les accusations finiront-elles par se dégonfler ? La Commission, qui veille au respect de la concurrence dans l'Union européenne, a dit craindre « qu'une coordination des prix ait eu lieu » entre plusieurs entreprises du secteur des fabricants de pneumatiques, dans un communiqué publié ce mercredi à Bruxelles.

Lire aussiLa voiture électrique use les pneus trop vite, les fabricants se frottent les mains

Elle ne dévoile pas les noms de ces entreprises, mais précise que les produits concernés par les inspections sont des pneus neufs de remplacement pour les voitures particulières, camionnettes, camions et autobus, vendus en Europe.

Michelin conteste « catégoriquement »

Le numéro un mondial, le groupe français Michelin, a confirmé être l'un des industriels concernés, mais il conteste « catégoriquement » l'existence « de pratiques anticoncurrentielles telles qu'évoquées par la Commission européenne dans sa communication de ce jour, et à fortiori toute pratique de coordination sur les prix ». Dans une déclaration à l'AFP, Michelin souligne qu'il « applique scrupuleusement les règles de concurrence dans tous les pays dans lesquels il » exerce.

Son concurrent japonais Bridgestone a également confirmé à l'AFP qu'une inspection avait été menée à son siège pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique situé à Zaventem, en Belgique. « En tant qu'entreprise responsable qui s'engage à respecter des pratiques équitables et à faire preuve de transparence, Bridgestone coopère pleinement » aux investigations, a déclaré le groupe à l'AFP. Le manufacturier allemand de pneumatiques Continental a lui aussi indiqué être concerné par les investigations menées dans plusieurs pays membres de l'Union européenne.  « Des inspections des autorités antitrust sont en cours chez Continental en Allemagne », a déclaré un porte-parole à l'AFP. Son concurrent finlandais Nokian a également reconnu être visé, dans une déclaration sur son site internet. L'américain Goodyear fait également partie des entreprises suspectées. « Nos bureaux européens ont fait l'objet aujourd'hui d'inspections non prévues. Il est trop tôt pour spéculer sur ce qui a pu se passer exactement, mais nous coopérons pleinement », a expliqué à l'AFP un porte-parole. Sollicitées par l'AFP, les sociétés Pirelli, Hankook, Yokohama et Nexen n'ont pas réagi immédiatement.

Les inspections « ne signifient pas que les entreprises soient coupables »

Lors des inspections menées mardi, « les fonctionnaires de la Commission étaient accompagnés de leurs homologues des autorités nationales de la concurrence des Etats membres où les inspections ont eu lieu », est-il précisé dans le communiqué de la Commission européenne, qui ne cite pas non plus les pays concernés.

« Les inspections inopinées constituent une étape préliminaire dans toute enquête sur des pratiques anticoncurrentielles présumées. Le fait que la Commission procède à de telles inspections ne signifie pas que les entreprises soient coupables et ne préjuge pas de l'issue de l'enquête elle-même », a souligné l'exécutif européen.

Dans ce type d'infractions à la concurrence, une entreprise déclarée coupable peut se voir infliger une amende pouvant atteindre 10% de son chiffre d'affaires annuel mondial. Aucun délai légal n'est fixé pour mener à bien ce type d'enquête. Les actions des entreprises du secteur ont perdu du terrain en Bourse après l'annonce de ces inspections surprise. Continental a terminé la séance en baisse de 1,51% à 75,88 euros, tandis que Michelin a perdu 0,84% à 30,84 euros.

Le transport aérien est aussi dans le collimateur de Bruxelles

Bruxelles a annoncé la semaine dernière qu'elle enquêtait sur deux rachats dans le transport européen. La Commission a ouvert une « enquête approfondie » sur le rachat de la compagnie aérienne espagnole Air Europa par le groupe IAG, maison mère de British Airways et d'Iberia, redoutant que l'opération ne réduise la concurrence sur plusieurs liaisons. « L'enquête préliminaire montre que l'opération est susceptible de réduire la concurrence sur le marché du transport aérien de passagers sur plusieurs liaisons intérieures, court-courriers et long-courriers », a indiqué la Commission européenne. L'exécutif européen note qu' « IAG et Air Europa sont des concurrents puissants et proches dans le domaine des services de transport aérien de passagers sur certaines liaisons à l'intérieur, au départ et à destination de l'Espagne ».

Bruxelles mêne aussi une « enquête approfondie » sur le projet de rachat de la compagnie aérienne italienne ITA Airways (successeur d'Alitalia) par le groupe allemand Lufthansa, craignant là aussi une réduction de concurrence sur certaines liaisons. « L'opération pourrait réduire la concurrence (...) pour plusieurs liaisons court-courriers et long-courriers » à destination et au départ de l'Italie, a estimé « à titre préliminaire » la Commission européenne.

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 31/01/2024 à 9:45
Signaler
Laissez tranquille les industriels qui font de la qualité !!! La commission européenne ferait mieux d'interdire les pneus bon marché qui se vendent massivement en France. J'ai vu de mes yeux des pneus chinois qui ne s'usent pas sur le dessus parce q...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.