Renault : un remaniement pour préparer la succession de Jean-Dominique Senard ?

Le groupe automobile français a monté en grade Fabrice Cambolive, jusqu'ici patron des ventes et des opérations de la marque Renault, au titre de directeur opérationnel... Autrement dit, le numéro deux de la marque ! Cette annonce permet à Luca de Meo de prendre plus de hauteur dans la gestion du groupe mais également de se rapprocher du dossier hautement critique de l'Alliance avec Nissan, jusqu'ici géré par Jean-Dominique Senard, mais dont le mandat s'achève dans un an...
Nabil Bourassi
(Crédits : Renault)

Remaniement chez Renault. Le groupe automobile français a annoncé la nomination de Fabrice Cambolive au poste de chief commercial officer (COO) de la marque Renault... Autrement dit, il devient numéro deux dans la hiérarchie d'une entreprise, derrière le directeur général et met en œuvre la stratégie opérationnelle. Dans le cas d'espèce, le périmètre de Fabrice Cambolive, jusqu'ici en charge des ventes, lui confère la présidence du Comité de direction de la marque Renault. De son côté, Luca de Meo garde le poste de directeur général, mais prendra de la hauteur pour les questions stratégiques au niveau du groupe Renault qui compte également Dacia et Alpine, mais également au niveau de l'Alliance Renault-Nissan.

Nouvelle organisation à la Volkswagen

En réalité, ce remaniement dit beaucoup de l'évolution de Renault mais également de celle à venir.

Pour rappel, jusqu'en 2020, les marques étaient toutes sous la coupe d'une même direction centralisée. En arrivant à la tête du groupe en juillet 2020, l'une des premières décisions de Luca de Meo a été de réorganiser l'entreprise par marque, chacune dotée d'une direction autonome, à l'image de Volkswagen où il avait lui-même dirigé la marque Seat. Ainsi, il nomma Denis Le Vot, directeur général de Dacia, et Cyril Abiteboul à la tête d'Alpine, avant de remplacer ce dernier par Laurent Rossi quelques mois plus tard. Renault, lui, restait dirigé par Luca de Meo qui, de fait, cumulait les postes de directeur général du groupe et de la marque éponyme, tandis que Jean-Dominique Senard, était président du groupe et avait en charge les affaires avec les alliés Nissan et Mitsubishi.

"Luca de Meo avait besoin d'être en prise directe avec la marque en arrivant dans le groupe, pour s'imprégner de la culture maison...", confie à La Tribune un cadre de l'entreprise. "Mais les journées ne font que 24h, et les dossiers à traiter sont de plus en plus nombreux, il était nécessaire qu'il puisse s'appuyer sur quelqu'un de fiable pour conduire sur le terrain le plan stratégique", poursuit cette source, en précisant : Fabrice Cambolive coche toutes les cases: il a une bonne expérience dans la maison, une forte légitimité, a compris la logique du plan Renaulution...".

Des chantiers pleins la tête

Pour Luca de Meo, c'est le signe que son organisation est assez mature pour lâcher la bride et engager de nouveaux projets. D'autant que le patron en a plein la tête : internationalisation, projet de scission des activités thermiques et électriques, dont les contours sont en cours d'évaluation, ou encore la question du rééquilibrage de l'Alliance avec Nissan à travers une éventuelle cession partielle de la participation de 44% dans le capital du japonais. En tout état de cause, la question de l'Alliance restera un chantier puisque de l'avis de nombreux analystes, les gisements de synergies industrielles sont encore loin d'être tous exploités.

Lire aussi 4 mnVentes d'actions Nissan, scission de Renault... Luca de Meo lève tous les tabous

La succession de Jean-Dominique Senard est-elle ouverte ?

Impossible de ne pas mettre en perspective ces chantiers et ce remaniement avec la fin du mandat de Jean-Dominique en 2023. Alors âgé de 70 ans, il pourra légalement être reconduit même s'il atteindra bientôt la limite d'âge (72 ans). Les statuts n'empêchent pas d'engager un mandat alors que celui-ci empiète sur la limite d'âge, et ne prévoient pas non plus de l'interrompre à cette échéance. La question d'un nouveau mandat qui le portera aux manettes jusqu'à 74 ans reste posée et donc celle de sa succession également.

Celle-ci a des implications internes bien entendu, mais également tactiques puisqu'il faudra ménager les Japonais de Nissan. Enfin, elle devra remporter l'adhésion du gouvernement français qui reste le premier actionnaire de Renault (15% du capital), et se garde encore un droit de regard dans ses décisions stratégiques.

Nabil Bourassi

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Commentaires 2
à écrit le 12/05/2022 à 15:41
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Alors Renault ça va? Le business se porte bien? Vous avez prévu d'indemniser quand les victimes de la route ,tous ces propriétaires victimes des casses moteur à répétition notamment ceux du cylindré 1,2 tce. Le faire honererait l'image de marque de...

à écrit le 11/05/2022 à 20:38
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Ce serait bien qu'il n'y ait pas de parachutage politique dans une société où NOUS (l'Etat) n'avons rien à y faire.

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