Tesla lance les festivités dans sa gigafactory de Berlin en dépit des multiples oppositions

Grande roue, concerts et food truck... Tesla et Elon Musk en personne ouvrent les portes de leur gigantesque usine allemande à plusieurs milliers d'invités et tentent de faire oublier les nombreuses critiques qui frappent le projet : dénonciation d'un régime d'exception, craintes environnementales, accusation de dumping social.
Elon Musk invite 9 000 personnes pour visiter sa Gigafactory à Berlin.
Elon Musk invite 9 000 personnes pour visiter sa Gigafactory à Berlin. (Crédits : Brendan McDermid)

L'heure est à la fête dans la future « gigafactory » européenne de Tesla à Berlin, en Allemagne. En proie à de multiples contretemps - à commencer par un permis de construire toujours en suspens deux ans après le lancement des travaux - le constructeur automobile américain et son emblématique directeur général, Elon Musk, ont lancé une opération de séduction de grande ampleur. Ce samedi 9 octobre, une journée « portes ouvertes » a débuté sur ce site, jusque-là resté très secret.

Plusieurs milliers de personnes ont commencé à se masser au petit matin devant les grilles pour visiter la première giga-usine européenne de Tesla, la 4e dans le monde, après une campagne d'invitations en ligne réussie. Des photos ont commencé à émailler les réseaux sociaux en début de matinée, laissant apparaître des attractions telles qu'une grande roue. Un concert de musique électro et des food trucks végétariens complètent le programme.

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Un régime particulier qui fâche

Si Tesla a mis les petits plats dans les grands alors que le chantier n'est pas encore entièrement achevé, c'est que son implantation dans l'agglomération berlinoise continue de soulever de nombreuses oppositions, notamment de la part des riverains, avec plusieurs griefs à la clef. Une manifestation est d'ailleurs prévue pour dénoncer l'impact environnemental du site de 300 hectares.

C'est le régime d'exception dont semble bénéficier le constructeur américain qui suscite le plus de virulence de la part de ses opposants, à l'image de la dérogation obtenue pour accueillir 9 000 personnes alors que les rassemblements publics sont limités à 5 000 personnes en Allemagne en raison de la pandémie de Covid-19.

Si cela peut sembler anecdotique, ce privilège vient s'ajouter à une série d'autres mesures pouvant s'apparenter à des passe-droits. Tesla a en effet bénéficié d'une procédure exceptionnelle et controversée d'autorisation préalable, qui lui a permis de débuter les travaux dès 2019, avant même de recevoir un permis de construire. L'impact environnemental est toujours en cours d'évaluation et la consultation publique ne s'achèvera que le 14 octobre, alors que le chantier est en cours de finalisation et que l'usine doit être inaugurée d'ici la fin de l'année ou début 2022. Le site pourrait donc être opérationnel sans avoir obtenu d'homologation définitive de la part des autorités locales.

Les opposants, qui craignent une atteinte aux ressources en eau et sur la biodiversité de la région, ont multiplié les recours, manifestations et lettres ouvertes pour retarder le chantier. L'an dernier, la justice a même contraint Tesla à suspendre son chantier en raison du risque de destruction d'habitat naturel d'espèces protégées de lézards et de serpents.

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Opposition syndicale et soutien politique

Tesla s'est également attiré les foudres du puissant syndicat allemand IG Metall, qui dénonce des salaires 20% inférieurs à ceux issus des négociations collectives proposées par les constructeurs automobiles allemands. Le groupe américain propose également à ses salariés de recevoir des stock-options et des bonus à la place de leurs congés payés. Selon le syndicat, cette stratégie aurait du mal à convaincre les ouvriers allemands avec seulement 10 % des 12 000 postes pourvus jusqu'à présent.

En dépit de ces oppositions, la « gigafactory Europe » bénéficie d'un fort soutien politique. L'ouverture, prévue initialement en juillet, a certes dû être repoussée de quelques mois mais un blocage définitif du projet semble donc très hypothétique. Seules des demandes modifications du bâtiment pourraient faire glisser le calendrier de quelques mois supplémentaires.

L'ampleur du projet joue pour Tesla. Se voulant moderne et innovante, l'usine doit produire 500 000 véhicules électriques par an. Elon Musk prévoit également d'y construire « la plus grande fabrique de batteries au monde ».

Le site berlinois doit permettre à Tesla de poursuivre sa montée en cadence industrielle, après plusieurs années difficiles. En 2016, il avait annoncé qu'il atteindrait une capacité de 500.000 voitures par an en 2018... Un seuil qu'il n'a franchi qu'en 2020 en raison de process industriels insuffisamment rodés.

Désormais rentable, la marque vise 750 000 livraisons cette année, soit une progression de quasiment 50% sur un an. Elle avait déjà vendu 627 000 voitures sur les trois premiers trimestres de 2021.

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Commentaires 5
à écrit le 10/10/2021 à 10:14
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Comme d'habitude, on leur offre des postes de travail et ça rechigne ! Travailler fatigue tandis que les allocs chômage sont virées en silence sur les comptes des types qui regardent les matchs de foot en bouffant des pizzas.......

à écrit le 09/10/2021 à 13:54
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L'usine ne doit pas consommer plus d'eau que la ville voisine ? Ça crée de grosses difficultés. Ils la fabriquent quand ma Tesla (petit modèle SVP, la Y est à 60 000€, encore trop grand) ? :-) Les bornes sont bien repérables (cartographiées), pas de...

à écrit le 09/10/2021 à 12:26
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Régime d’exception vous êtes sûr ? Autant je trouve grotesque le spectacle Musk autant il ne faudrait pas oublier l'abattoir allemand aux mille salariés de l'est européen, existence dont nous avons entendu parler seulement pendant la crise covid. Le ...

le 12/10/2021 à 8:26
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la ou la cour supreme allemande se doit de faire detruire ce batiment et bien rien pour qui les pots de vin ou autorisation verbal qui ne sont rien une honte pour une democratie

à écrit le 09/10/2021 à 11:40
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"fourguer" autant de véhicules électriques sur le sol européen me semble un pari risqué. Sous jacent, y aura t'il assez de "jus" pour tout le monde?

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