C'est le sujet de l'année dans l'industrie automobile ! Faut-il changer de modèle industriel ? Dans un contexte de très forte accélération de l'électrification, les constructeurs sont poussés à repenser leur modèle. C'est le groupe Volkswagen qui a donné le ton en début d'année adoptant de manière spectaculaire le modèle Tesla : intégration verticale de la chaîne de valeur, des bornes de recharge jusqu'aux logiciels. Le groupe allemand a mis 35 milliards d'euros sur la table pour devenir le leader de l'électromobilité. Cette intégration verticale est dictée par la nécessité de se repositionner sur la chaîne de valeur alors que la voiture électrique s'annonce peu profitable et plus concurrentielle.
Le modèle Tesla, nouvel étalon-or des marchés
Dès lors, les investisseurs ne jurent plus que par cette Teslaisation de l'automobile. Et les constructeurs qui font le choix inverse sont immédiatement sanctionnés en Bourse. Le plan e-Ways de Renault, annoncé en juillet dernier, a subi cette funeste sentence puisque le titre du groupe français a plongé jusqu'à atteindre son plus bas de l'année, seulement amorti par des résultats semestriels meilleurs que prévu. Renault prévoit ainsi d'atteindre les 90% de voitures 100% électriques en 2030 seulement, là où d'autres groupes visent une bascule plus anticipée.
Mais chez Renault, la parole des marchés n'est pas parole d'évangile. Lors d'un échange avec des journalistes à l'occasion du salon automobile de Munich, Luca de Meo a préféré prendre du recul face au climat ambiant. « Il y a une sorte de surenchère dans les annonces des uns et des autres », a-t-il observé.
Il a jugé que la capacité annoncée des gigafactories de batteries électriques en Europe était surdimensionné par rapport aux prévisions de croissance du marché des voitures électriques es plus optimistes.
« Nous, on veut faire des choses que l'on sait faire, il n'est plus question de faire comme avant en visant les étoiles pour seulement arriver sur la Lune », a-t-il lancé à la presse française.
Megane E-Tech pour reconquérir le marché
Selon lui, Renault est profondément ancré dans la chaîne de valeur de la mobilité électrique. « Nous sommes parfaitement positionnés sur chaque morceau », a-t-il martelé. Renault vient d'ailleurs de lancer une Megane ETech. Quasiment la première voiture 100% électrique depuis de très nombreuses années chez le losange, là où les concurrents ont multiplié les modèles. Renault était très critiqué pour avoir perdu une partie de son leadership alors qu'elle vend des Zoé depuis près de dix ans maintenant.
Mais justement, Renault ne cesse de répéter qu'avoir été le premier vendeur de voitures électriques en Europe pendant si longtemps a permis au groupe de se constituer un écosystème d'expertises, de retours d'expérience du terrain, et de maîtriser les technologies.
Sur la partie logicielle, par exemple, Renault juge qu'il détient une longueur d'avance dans la gestion de puissance de batteries. Pour les analystes, ce point est souvent considéré comme l'un des points forts de Tesla qui accompagne son parc roulant de mises à jour à distance du software pour aller encore plus loin dans cette optimisation énergétique. Un point est extrêmement apprécié par les clients.
Luca de Meo a reconnu que le software ne sera pas source de profit mais qu'il apportera de la différenciation pour vendre des voitures. « Ce n'est pas avec le software qu'Apple gagne le plus d'argent, mais il en a besoin pour vendre ses smartphones dont il tire énormément de profits », a-t-il comparé.
L'accord avec Google, assumé
Luca de Meo va préciser dans les mois prochains le plan d'attaque de Software Republique, le programme qui doit emmener le groupe automobile vers un écosystème logiciel ambitieux. « Nous croyons davantage à un modèle horizontal. Je préfère m'allier avec Thales qui fait du software pour des avions de chasse, plutôt que commencer seul à partir d'une feuille blanche », a-t-il illustré.
Sur les contenus, Luca de Meo assume également les accords avec Google qui préemptent la synchronisation logicielle avec des smartphones qui tournent sur Android. D'après lui, Google n'est intéressé que par l'infotainment, là où Renault est intéressé par la data qui doit lui permettre de travailler sur l'expérience de conduite et de vie à bord.
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