BTP : Hoffmann Green Cement Technologies lance ses crédits carbone pour accélérer la décarbonation

Spécialiste du ciment décarboné, Hoffmann Green Cement Technologies inaugurera en mai son deuxième site de production en Vendée. Un outil qui va lui permettre de doubler ses capacités et répondre aux attentes du marché où le recul de la cotation boursière laisse entendre une certaine impatience. La startup poursuit pourtant un ambitieux plan de développement industriel dont la mise en œuvre de crédits carbone doit permettre d’abaisser les coûts de production et accélérer la décarbonation.
Avec le lancement de l'unité de production H2, à Bounezezau, en Vendée Hoffmann Green Cement Technologies va doubler ses capacités de production.
Avec le lancement de l'unité de production H2, à Bounezezau, en Vendée Hoffmann Green Cement Technologies va doubler ses capacités de production. (Crédits : HGCT)

Monté au plus fort de sa valeur à 37,60 euros au 22 janvier 2021, tombé à 10,50 euros le 2 janvier dernier, le cours de Bourse d'Hoffmann Green Cement Technologies était affiché à 7,63 euros le 5 avril dernier. « Les bonnes nouvelles ne sont pas forcément récompensées par l'évolution des cours », avance Julien Blanchard, co-fondateur et président du directoire du spécialiste de la production de ciment décarboné, sans clinker, principale source d'émission de CO2. A l'origine de cette rupture technologique, l'entreprise inaugurera le 12 mai prochain un deuxième site de production (H2) à Bournezeau, en Vendée. De quoi doubler sa production pour atteindre les 24.000 tonnes par an et peut-être de rassurer les marchés, apparemment restés sur leur faim au regard des 12.000 tonnes produites en 2022.

« Nous avons pourtant deux beaux chiffres à mettre en avant : une croissance des volumes vendus de +18,6% et un paquet de signatures de contrats avec les groupes Alkern, Bouygues Immobilier ou les promoteurs OGIC, Belin Promotion, l'immobilière 3F, les Maçons Parisiens... qui permettent une progression du carnet de commandes de +20% à 240.000 tonnes. Ce doublement de production pour l'année 2023, c'est l'équivalent de 13.000 camions toupies de béton sur 120 chantiers, ce n'est pas rien », défend-il, arguant d'une politique commerciale très agressive sur certains marchés pour compenser les aléas liés à la crise des matériaux, aux retards ou reports de chantiers et à la guerre en Ukraine.

Diversification et international

Pour contrer le ralentissement du marché de la construction immobilière, l'entreprise s'est aussi diversifiée vers les secteurs des Energies Renouvelables (ENR) pour accompagner la construction de fondations d'éoliennes (Fondéole) et le développement du photovoltaïque ; des réseaux d'enfouissement de fibres optiques et l'aménagement extérieur de terrasses et piscines... A cela se sont ajoutés, des premiers pas à l'international avec la constitution d'une joint-venture avec un acteur suisse de la construction qui distribuera en exclusivité ses produits en pays helvète. L'international s'est intensifié  avec la signature de deux partenariats; l'un avec le fabricant britannique de ciments spéciaux Cembled, l'autre avec le groupe Eloy pour développer la construction décarbonée en Belgique à travers des applications pilotes de béton prêt à l'emploi et de préfabrication. « Nous sommes sur un projet industriel de moyen et long termes. Il faut du temps pour mettre les choses en place et écouler le carnet de commandes de 240.000 tonnes», reconnait Julien Blanchard, au regard d'un chiffre d'affaires relativement stable (2,21 millions d'euros en 2022 contre 2,38 millions d'euros en 2021), mais d'un Ebitda (-6,6 millions d'euros), d'un résultat opérationnel (-9,4 millions d'euros) et d'un résultat net (-6,7 millions d'euros) négatifs. « Ces baisses sont corrélées à nos amortissements. Nos résultats sont conformes à ce que nous avions annoncé. Sans surprise pour les marchés et maitrisé par rapport à des charges constantes dont une masse salariale restée stable », justifie-t-il, défendant une trésorerie solide à hauteur de 42 millions d'euros. Et 75 millions d'euros de capitaux propres.

Lire aussiCiment bas carbone : le plan d'Hoffmann Green Cement Technologies pour séduire les majors du BTP

Une feuille de route tenue

De fait, pour mener à bien son projet industriel, accompagner sa montée en puissance et optimiser ses coûts pour ramener le prix du ciment décarboné à moins de 200 euros la tonne contre 130 à 140 euros pour un ciment PortLand classique, le spécialiste du ciment décarboné a, en juillet dernier, investi 1,7 million d'euros pour acquérir l'entreprise ABC broyage, située à Angoulême. Cette opération de croissance externe va lui permettre de broyer lui-même les granulats de « laitier » issus des hauts fourneaux utilisés pour 80% dans la composition des ciments décarbonés (H-UKR et H-IONA). « Cette activité va nous permettre de gagner en autonomie, en indépendance et d'être beaucoup plus compétitif, en achetant directement nos-coproduits », explique le président du directoire de la startup vendéenne qui étoffe, aussi, les capacités de son outil industriel avec la création d'une centrale à béton de R&D. Celle-ci lui permettra de multiplier les formulations en interne et de répondre aux essais de convenance demandés par la clientèle. Près de vingt millions d'euros ont, par ailleurs, été investis pour ériger l'unité de production H2, lancée en mai prochain.

Avec l'ambition d'atteindre une production de 550.000 tonnes à l'horizon 2026, Hoffmann Green Cement Technologies déploiera un troisième site de production à Dunkerque qui devrait être opérationnel fin 2024 ou début 2025. Dès lors, l'entreprise estime pouvoir atteindre un chiffre d'affaires de 120 millions d'euros (et une marge d'Ebitda de 40%), correspondant à 3% des parts de marché en France, contre un chiffre d'affaires de 5 à 6 millions d'euros projetés pour 2023.

Un crédit carbone toutes les deux tonnes de ciment

Devenu, selon le cabinet Ethifinance, le premier cimentier européen à avoir une activité 100% alignée avec la Taxonomie Verte Européenne, et sélectionné par le Ministère de la Transition Ecologique pour intégrer le programme French Tech Green20, Hoffmann Green Cement Technologies produit, depuis décembre dernier, ses propres crédits carbone, certifiés par blockchain et commercialisés par la société Unik, sur le marché volontaire, autrement dit en vente de gré à gré. Hoffmann Green qui dispose à date de 10.000 crédits carbone, génère un crédit toutes les deux tonnes de ciments produites. Cela a représenté 6.000 crédits carbone en 2022, cédés 50 euros la tonne de CO2.

Le produit des ventes sera alloué à la R&D et à la baisse des coûts sur certains produits ciblés, « ce qui va nous permettre d'avoir une politique commerciale plus agressive pour aller chercher de nouveaux chantiers ! », vise Julien Blanchard, pionnier dans l'industrie très carbonée du ciment. « Contrairement au marché des « quotas » carbone qui, sous l'impulsion de la Commission Européenne, a vocation à se tarir et à disparaitre, les « crédits » carbone sont un vrai marché en devenir. Le danger serait de tomber dans un possible greenwashing, où pour compenser, on dirait planter des arbres sans s'assurer qu'ils soient réellement plantés. Or, là, ces crédits carbone sont certifiés par un audit et un process sécurisés, et génèrent, eux-mêmes, un impact positif », note Tanguy Morvan, directeur exécutif de la banque d'affaires Otoktone (BPGO), attentif à ces nouveaux enjeux.

Lire aussiLes professionnels du ciment au pied du mur de la décarbonation

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.