Logement : Klein contre le report du calendrier d'interdiction des passoires thermiques

Le nouveau ministre de la Ville et du Logement a qualifié de « priorité » la rénovation thermique des logements privés, au micro de France Inter ce 12 juillet. À rebours de sa prédécesseuse, Olivier Klein a également exhorté à « construire plus, plus vite ».
César Armand
Olivier Klein, ministre de la Ville et du Logement, à la sortie du Conseil des ministres le 4 juillet dernier.
Olivier Klein, ministre de la Ville et du Logement, à la sortie du Conseil des ministres le 4 juillet dernier. (Crédits : Reuters)

C'est une obligation légale inscrite dans la loi "Energie-Climat" de 2018 et renforcée par la loi "Climat & Résilience" de 2021: les « passoires thermiques », c'est-à-dire ces logements qui consomment trop d'énergie et dont les factures affectent le pouvoir d'achat, seront prochainement interdites à la location.

Tous les habitats consommant plus de 450 kilowattheures par mètre carré (kWh/m²) devront être rénovés en France d'ici à 2034. Il en existerait 4,8 à 8 millions, selon les données divergentes du ministère de la Transition écologique et de la Fédération nationale de l'immobilier (FNAIM).

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 « Une priorité »

Les pires « passoires thermiques », classées G, seront exclues du marché dès le 1er janvier 2023, suivis de tous les logements catégorisés G en 2025 et de tous ceux siglés F et E respectivement à partir de 2028 et 2034. Tout locataire concerné est en droit d'exiger des travaux de rénovation à son propriétaire, mais ce dernier ne peut plus augmenter son loyer depuis le 1er juillet.

Interrogé sur France Inter ce 12 juillet sur la révision de cet échéancier, le nouveau ministre de la Ville et du Logement a jugé « important » de tenir ce calendrier.

« Ces "passoires thermiques" nous rendent vulnérables aussi bien en hiver que dans les périodes de forte chaleur. Il y a des logements qui sont aujourd'hui dans de mauvaises capacités pour accueillir des locataires. La rénovation thermique est vraiment une priorité à travers l'habitat privé et un accompagnement plus fort des bailleurs locaux », a ajouté Olivier Klein.

L'ANAH vient de communiquer sur MaPrimeRénov

Hasard du calendrier, l'Agence nationale de l'habitat (ANAH), qui délivre MaPrimeRénov', vient de communiquer sur les primes octroyées au premier semestre 2022. Après 644.073 logements bénéficiaires en 2021, l'ANAH revendique l'octroi de 338.265 aides depuis le 1er janvier dernier. 70% l'ont été pour changer le système de chauffage, 21% pour l'isolation et 4% pour l'isolation.

Pour la première fois, les habitats collectifs (51,7%) passent devant les maisons individuelles en milieu rural (48,3%). L'aide unique MaPrimeRénov' Copropriété, « versée au syndicat des copropriétaires et répartie selon les quotes-parts », a bénéficié à 80 copropriétés et près de 4.300 logements. Pour autant, toutes ces opérations relèvent de la rénovation par geste, et non de la rénovation globale, plus efficace.

Ce n'est pas faute d'argent public sur la table. Dans le cadre de France Relance, l'Etat a doté MaPrimeRénov de 2 milliards d'euros, auxquels se sont ajoutés 2 milliards dans le budget 2022. Les montants pour 2023 ne sont pas encore connus, mais dans son discours de politique générale du 6 juillet, la Première ministre Elisabeth Borne a promis d'« amplifier le succès » de l'aide financière pour rénover 700.000 logements par an. En cela, elle n'a fait que réitérer les annonces du président-candidat Macron.

L'argent privé ne manque pas non plus, relève le directeur général de l'Institut de l'épargne immobilière et foncière (IEIF) « Pourquoi n'imaginerait-on pas un euro de l'Etat qui amorcerait le dispositif, complété de 4-5 euros du privé ? », s'interroge Christian de Kerangal.

« Pourquoi ne dissocierait-on pas par exemple les parties communes et les parties privatives ? La nue-propriété [la possession sans la jouissance, Ndlr] des parties communes pourrait être achetée par des investisseurs institutionnels. En contrepartie de quoi, la copropriété s'acquitterait d'un loyer à définir », propose-t-il au débat public.

Construire plus, plus vite

Toujours est-il que parallèlement, à rebours de sa prédécesseuse Emmanuelle Wargon, le nouveau ministre de la Ville et du Logement s'est également prononcé, sur la radio publique, sur la capacité à « construire plus, plus vite ». « Ce qu'il faut, c'est construire » a-t-il insisté.

Pour quoi faire ?, s'est ensuite interrogé Olivier Klein. « Il faut relancer le parcours résidentiel. En région Île-de-France, il y a 700.000 demandeurs de logements sociaux. Au rythme actuel des attributions, il faudrait plus de cent ans pour loger tout le monde. Il faut aller plus vite et réfléchir à l'ensemble de la chaîne du parcours résidentiel, de la pension de famille à l'accession à la propriété. C'est tout cela que je vais essayer d'accélérer et de réformer », a-t-il enchaîné.

Le maire (Divers gauche, ex-PS, ex-PCF) de Clichy-sous-Bois sait qu'il est attendu par les associations - la Fondation Abbé Pierre - comme par les professionnels. Pas plus tard que vendredi 8, la Fédération des promoteurs immobiliers, réunie en congrès à Strasbourg, a lancé un solennel "appel" à une stratégie nationale du logement.

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César Armand

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