>> L'ÉPISODE 3 : Malgré la crise, les professionnels de l'immobilier "confiants" dans l'avenir
Un lit superposé dans un studio. Deux fois deux lits jumeaux dans un deux-pièces. À Paris, les annonces pour ces biens très recherchés à la location comme à la vente se sont multipliés au lendemain du premier confinement. Plutôt que de recourir aux plateformes de location en ligne, les propriétaires, simples bailleurs ou investisseurs locatifs, privilégieraient-ils désormais la sécurité de la location longue durée ?
La location meublée tire son épingle du jeu
"Dans une ville comme Paris, il faut bien comprendre qu'on ne peut pas spéculer en louant pour de très courtes durées via des plateformes déréglementées, et en tirer un maximum de profits sans en avoir le revers", tacle Olivier Princivalle, président-adjoint de la FNAIM du Grand Paris.
"Nous voyons réapparaître les appartements Airbnb en location meublée, soit en courte durée avec le bail mobilité, soit pour 1 an ou 2 ans", confirme la présidente de l'Unis Île-de-France, Emily Hassler-Jousset,
Dans ce contexte, la location meublée tire son épingle du jeu. Entre avril et mai 2020, "40% des nouveaux mandats signés pendant cette période de crise ont émané de propriétaires qui louaient jusqu'alors leur logement sur Airbnb", déclare Alexis Alban, directeur général adjoint de Lodgis, agence immobilière en ligne spécialisée dans ce type de produit. "Dès la sortie du premier confinement, nous avons connu 30% de mises en location supplémentaires par rapport à la même période en 2019", relève le président du GIE Orpi rive gauche et sud région parisienne, Julien Guillaume.
Un retour des logements en agence immobilière
Les particuliers qui réalisent un investissement locatif doivent en outre rembourser un emprunt bancaire, généralement conséquent. "Beaucoup ont surévalué leur rentabilité. Ceux-là m'appellent en me disant "J'ai besoin de locataires sur une durée plus longue"", témoigne le fondateur de la jeune pousse Book a flat, Stanislas Coûteaux. "Des propriétaires qui avaient additionné des acquisitions très élevées et des loyers très forts viennent taper à nos portes et nous demandent de louer leur bien pendant un an", acquiesce Brice Cardi, président du réseau L'Adresse.
Les propriétaires refont effectivement leurs calculs. Entre la mise en location d'un logement meublé sur un site Internet à 140 euros la nuit et via une agence immobilière à 40 euros, le gain est sensiblement le même. Les investisseurs locatifs peuvent déduire toutes leurs dépenses ou presque: intérêts du crédit, charges de copropriété, frais de gestion locative... À l'inverse, les abonnés des plateformes doivent, en outre, s'acquitter des services d'une conciergerie. Cette dernière gérant l'accueil et la remise des clés comme le ménage et le pressing des draps.
"Raison impérieuse d'intérêt général"
Le 22 septembre 2020, un arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne, saisie par deux propriétaires parisiens, est d'ailleurs venu confirmer la législation française ainsi que la stratégie parisienne en la matière. "La réglementation nationale soumettant à autorisation la location, de manière répétée, d'un local destiné à l'habitation pour de courtes durées à une clientèle de passage qui n'y élit pas domicile [...] se justifie par la lutte contre la pénurie de logements destinés à la location de longue durée, laquelle est qualifiée de « raison impérieuse d'intérêt général »", décrypte Anne Petitjean, avocate associée en immobilier chez Herbert Smith Freehills.
La Cour de cassation doit désormais rendre une décision sur la base de cette décision et vérifier si la ville de Paris apporte bien en l'espèce les preuves d'une pénurie de logements destinés à la longue durée et si les conditions de la compensation sont ou non justifiées.
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