Le BTP "continuera à fonctionner" mais veut éviter la "catastrophe"

Invité à poursuivre le travail par le président de la République malgré le reconfinement généralisé, le secteur du BTP est prêt à continuer ses activités de construction et de rénovation. Si les professionnels se félicitent du maintien de l'ouverture des services publics, ils seront vigilants sur la dématérialisation des procédures.
César Armand
(Crédits : Reuters)

Changement de braquet de l'exécutif sur le BTP. Après un confinement de mi-mars à mi-mai marqué par l'incertitude gouvernementale quant au maintien de l'activité, les bâtiments et travaux publics "continueront de fonctionner", a annoncé le 28 octobre le chef de l'Etat. Aussi, ces entreprises, qui comptent 2 millions d'emplois, n'auront-elles pas droit aux dispositifs d'activité partielle, sauf si elles se retrouvent en difficulté.

La construction comme la rénovation concernées

"Lors de la reprise, le bâtiment a montré toutes ses valeurs et a su entraîner tout le reste de l'économie", a déclaré peu après le président de la fédération française du bâtiment (FFB) dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux. "Tous les acteurs de la construction sont avec nous. Nous allons aussi les entraîner vers la réussite", a assuré Olivier Salleron.

Depuis début avril, le secteur bénéficie en effet d'un guide de préconisations régulièrement actualisé par les professionnels et validé par le ministère de la Santé. Ce dernier rappelle les bons gestes - distance minimale entre les ouvriers, lavage des mains avec de l'eau et du savon - comme les éléments de communication interne et externe. Par exemple, l'obligation d'un référent Covid-19 et d'affiches sur chaque site.

"Les chantiers de construction et de rénovation peuvent continuer à se dérouler avec tous les gestes-barrières, les précautions et les masques", a confirmé la ministre du Logement Emmanuelle Wargon lors d'une conférence de presse téléphonique ce 29 octobre.

La chaîne d'approvisionnements sera assurée

Outre les usines, la chaîne d'approvisionnement en matériaux de construction, en commerce de gros ou de détail, sera assurée, malgré le reconfinement national. La dernière fois, les professionnels s'étaient émus de devoir payer cash à réception des matériels voire même de ne pas disposer de matériaux pour exercer.

"Forts de l'expérience, nous sommes en ordre de marche et en capacité de pouvoir maintenir l'activité", réagit pour La Tribune le président de la confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB). "Notre plus grosse limite est que le discours alarmiste du président de la République puisse contracter l'activité", ajoute Jean-Christophe Repon.

De même, pour s'assurer que les projets sortent des cartons des collectivités, les "guichets des services publics resteront ouverts", a promis lors de son allocution Emmanuel Macron. A l'époque, nombreux acteurs privés s'étaient plaints de la fermeture de bureaux essentiels à leur travail, occasionnant de nombreux retards. Entre-temps, le seuil des marchés publics sans passer par appel d'offres a été porté à 100.000 euros.

"C'est le nerf de la guerre. Tout le monde doit être sur cette même ligne de conduite", commente pour La Tribune le président de la fédération nationale des travaux publics (FNTP) qui subit déjà une chute des appels d'offre de 30%. "Nous avons intérêt à être hyper-vigilants. Sinon le trou d'air en début d'année va se transformer en gouffre", alerte Bruno Cavagné.

Le défi de la dématérialisation des procédures

A la différence du premier confinement, marqué par le télétravail massif des agents territoriaux sans matériel informatique digne de ce nom, les délais d'instruction des permis de construire et des autorisations d'urbanisme ne seront pas prolongés. Au deuxième trimestre 2020, leur allongement avait été vécu comme "une neutralisation" de l'activité. A partir du 1er janvier 2022, toutes les communes de plus de 3.500 habitants auront l'obligation de recevoir et d'instruire par voie dématérialisée ces demandes.

"Il ne faut pas augmenter les délais et continuer sur un temps économique. C'est incontournable pour ne pas subir un effondrement de la filière", prévenait auprès de La Tribune la présidente de la fédération des promoteurs immobiliers (FPI) Alexandra François-Cuxac avant une réunion avec le gouvernement. Elle semble avoir été entendue.

Les notaires étant par définition des officiers publics, les signatures d'actes de vente devraient en outre se poursuivre. A défaut de rendez-vous physiques ou de numérisation des procédures en bonne et due forme, "ce sera catastrophique", insiste la professionnelle du logement neuf. En revanche, les bureaux de vente vont baisser leur rideau, malgré la demande de la FPI de maintenir des formats restreints - un acheteur et un promoteur - pour signer les contrats de réservation.

Parallèlement, l'exécutif accompagnera "sûrement", dixit la ministre du Logement Emmanuelle Wargon, les TPE-PME du BTP qui entreprendront des démarches de numérisation. Une promesse, là encore, énoncée par le chef de l'Etat.

César Armand

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Commentaire 1
à écrit le 30/10/2020 à 13:30
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Il me faut proposer aux artistes la formule " Chantier spectacle"

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