Le vosgien Pavatex investit dans l'isolation à base de fibre de bois

Pavatex, fabricant vosgien de panneaux isolants en bois, se détourne de la pétrochimie pour investir dans l'économie circulaire : ses panneaux isolants biosourcés seront issus de conifères provenant des forêts du massif vosgien.
L'investissement en cours à Golbey (110 millions d'euros) se traduira par l'embauche de 80 salariés et techniciens.
L'investissement en cours à Golbey (110 millions d'euros) se traduira par l'embauche de 80 salariés et techniciens. (Crédits : DR)

Pavatex, filiale du strasbourgeois Soprema, spécialiste de la membrane d'étanchéité bitumineuse, a vu grand pour son usine de Golbey. Au terme d'un investissement en cours de 110 millions d'euros, le site de production aura doublé ses capacités de production fin 2023, pour atteindre 90.000 tonnes par an. Une croissance dopée par les exigences environnementales des programmes d'isolation thermique, où la mise en œuvre de ces produits bio-sourcés permet de s'affranchir des matériaux fossiles.

Soprema, maison mère de Pavatex spécialisée dans l'étanchéité du bâtiment, affiche à Golbey sa stratégie de décarbonation et sa volonté de réduire sa dépendance à la pétrochimie. "Avec l'agrandissement du site Pavatex à Golbey, nous continuons d'accroître la part des matières éco-sourcées dans nos produits, ici le bois, et poursuivons notre engagement pour la construction de bâtiments plus responsables et durables", a indiqué Pierre-Etienne Bindschedler, son président. Soprema, l'une des principales société familiales dans le Grand-Est (3,07 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2020 pour 9.210 salariés) a établi sa réputation grâce à ses membranes d'étanchéité bitumineuses.

"Nous utilisons ici des produits connexes de scieries, telles que les planches broyées en plaquettes. Nos approvisionnements s'effectuent dans un rayon de 200 kilomètres autour de l'usine vosgienne", confirme Jérémie Boucher, directeur de la recherche et du développement chez Soprema pour la gamme des isolants en fibre de bois et directeur de l'usine Pavatex à Golbey. "Nous sommes dans une logique de frugalité des matériaux. On crée des complexes qui associent la fibre de bois avec des panneaux en polyuréthane, avec un confort d'été redoutable et une certaine compacité pour le confort thermique d'hiver", estime Jérémie Boucher.

Le papetier Norske Skog, fournisseur d'énergie

Les équipes intégrées en recherche et développement chez Soprema ont mis au point pour Pavatex un procédé d'assemblage des panneaux en bois par rainures et languette. L'épaisseur des panneaux varie entre 30 millimètres et 300 millimètres. Pour adapter la pose aux caractéristiques du bâtiment, les supports peuvent être rigides ou flexibles, et leur mise en œuvre s'effectue en position horizontale ou verticale.

Les investissements en cours dans les Vosges se traduiront par l'embauche de 80 salariés et techniciens, qui rejoindront les 70 salariés actuels de Pavatex. Les recrutements ne s'effectuent pas sans obstacles : la direction de l'entreprise a fait état de difficultés à trouver des caristes dans le secteur d'Epinal.

La première partie des nouvelles installations, baptisée Pavatex II, sera inaugurée dès ce printemps à Golbey. La seconde unité de production, construite quatre kilomètres plus loin sur la zone de l'Ecoparc de Chavelot, entrera en service en 2023.

Le site de Golbey se trouve à proximité immédiate de la papeterie Norske Skog, voisin et partenaire industriel pour la fourniture de la vapeur fatale nécessaire aux process de Pavatex. Norske Skog assure également la fourniture d'une partie de la matière première, le bois. "Notre process de fabrication permet d'utiliser des bois scolytés", précise Jérémie Boucher. Depuis plusieurs années, la forêt du massif vosgien est affectée par une crise sanitaire liée au réchauffement climatique, qualifiée de "catastrophe" par l'Office national des forêts. La moindre qualité des bois scolytés a pu aboutir à des chutes des prix de vente de 30 % à 40 % sur les résineux.

Pavatex, société suisse rachetée et intégrée par Soprema en 2016, trouve ses débouchés dans le négoce spécialisé, dans les grandes surfaces de bricolage et auprès de clients industriels spécialistes de la construction bois. Pour des raisons réglementaires, les isolants bois connaissent une dynamique de marché plus forte en Allemagne, où l'usine de Golbey a pu exporter jusqu'à 70 % de sa production. En France, les dalles de couverture appelées Pavaroof ont bénéficié récemment d'une appréciation technique d'exploitation (ATEx) du centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), sésame indispensable dans l'univers de la construction.

Mais des verrous techniques restent à lever. La fibre de bois est combustible et sa mise en œuvre n'est pas permise dans les immeubles de grande hauteur. Ces panneaux en bois ne sont pas admis, non plus, sur des façades ventilées en tant que support de bardage. Et leur mise en œuvre demeure impossible en toiture comme support d'étanchéité végétalisée, solution pourtant en vogue dans l'architecture contemporaine.

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