
Les passoires thermiques, c'est terminé ! La location de ces logements consommant beaucoup trop d'énergie et dont les factures affectent le pouvoir d'achat de leurs occupants sera « totalement interdite » en 2028, indique le gouvernement en ce jour de présentation du projet de loi Climat et Résilience en Conseil des ministres.
Selon un dernier décompte du ministère de la Transition écologique, il en existerait près de 4,8 millions dans notre pays. C'est pourquoi dès janvier l'exécutif a chargé le directeur général délégué de la Caisse des Dépôts et directeur général de la Banque des territoires de piloter une ''task force'' dédiée. D'ici à mi-mars, Olivier Sichel doit « faire émerger des voies d'amélioration et des modèles de massification de rénovation globale des passoires énergétiques » et obtenir des acteurs concernés « des engagements concrets quant au montant et au déploiement de telles offres ».
Les banques pourraient proposer de l'aide à la rénovation
Interrogé par La Tribune, ce dernier veut « passer à l'échelle ». « Il s'agit de réfléchir à un système global qui permette de massifier, avec pourquoi pas un fonds de garantie qui couvrirait le risque du tiers-financement », expose Olivier Sichel. Le DG délégué de la Caisse des Dépôts associe effectivement les banques à sa mission, ces dernières étant en discussion avec les clients lors des achats immobiliers. « Demain, en plus de l'assurance-crédit, elles pourraient proposer de l'aide à la rénovation », juge-t-il.
« Il existe un problème d'accès à l'information: est-ce un sujet d'isolation ? De changement de chaudière ? D'huisserie ? De combles ? Toutes ces aides sont sous conditionnalité de performance d'au moins 30%. Qui la garantit ? La mesure ? », dit-il encore. « L'artisan qui arrive avec sa bétonnière et qui commande à d'autres professionnels, ça existera toujours, mais des changements sont à l'œuvre », avance Olivier Sichel.
La Banque des territoires finance déjà la rénovation de 40.000 logements sociaux par an. « Aujourd'hui, nous savons réaliser des relevés métriques par drone et fabriquer à la chaîne et hors site des éléments qui sont ensuite plaqués sur le bâtiment. Cette standardisation des procédés peut faire baisser les prix unitaires de 20%, 30% voire même 35% », poursuit son directeur général.
Vers un guichet unique ?
Le président de la République s'était dit, à la mi-décembre 2020, favorable au guichet unique d'aides et subventions proposé par la Convention citoyenne. « Je souhaite qu'on puisse le faire dès le début de l'année prochaine [2021, Ndlr], qu'on puisse se donner trois mois pour essayer de bâtir cette solution », avait déclaré Emmanuel Macron, selon des propos rapportés par l'AFP.
Pour l'exécutif, le calendrier du chef de l'Etat et la remise des conclusions de la mission Sichel coïncident : « Il doit investiguer toutes les dimensions pour accélérer la rénovation et faire en sorte qu'il y ait une solution de reste à charge la plus faible ou du moins la plus soutenable ».
« Une plateforme d'accès unique, un opérateur ensemblier... Nous allons regarder tout cela », confirme Olivier Sichel qui s'est rendu dans l'Oise avec la ministre du Logement Emmanuelle Wargon chez M. L. « Il m'a parlé de l'opérateur de la région Hauts-de-France : ''C'est génial, ils s'occupent de tout !'' » L'idée, résume le DG délégué de la Caisse des Dépôts, n'est pas tant d'avoir un guichet unique, mais « un accompagnement de A à Z, du financement au bouclage de l'opération en passant par le diagnostic et la conduite des travaux ».
"Qu'aucun locataire ne soit dans l'impasse" (Macron)
Un discours qui ressemble à celui du président Macron lorsqu'il avait reçu dans les jardins de l'Elysée les 150 membres de la Convention citoyenne pour le Climat au lendemain du second tour des élections municipales, marquée par quelques victoires des écologistes dans les grandes villes.
« Nous ne pouvons remporter ce combat qu'en trouvant les accompagnements nécessaires, en assurant des aides financières pour ces ménages pour qu'aucun propriétaire et aucun locataire ne soit dans l'impasse ; au fond, veiller toujours à ce que la transition n'exclue pas les plus modestes, ne les relègue pas, ce qui doit être la marque de fabrique d'une écologie à la française», avait déclaré le chef de l'Etat.
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