Médecins du Monde lance une "campagne sauvage" contre l'industrie pharmaceutique

Lundi, l'ONG a lancé une pétition adressée à la ministre de la Santé, et une campagne d'affichage radicale pour dénoncer les prix des nouveaux médicaments et la rentabilité de ces derniers pour l'industrie pharmaceutique. Le lobby pharmaceutique dénonce une "propagande mensongère".
Jean-Yves Paillé
La campagne choc de Médecins du Monde n'est pas sans rappeler celle lancée par la Ligue contre le cancer, fin avril, fustigeant le prix des nouveaux anticancéreux.

"Qui doit faire la loi, le marché ou l'Etat ? Lundi 13 juin, l'ONG Médecins du Monde a lancé une campagne choc pour pousser le gouvernement à réguler le prix des médicaments les plus onéreux, nouveaux anticancéreux et antiviraux en tête. "Plus un État est riche, plus le prix d'un traitement sera élevé", assène l'organisation de solidarité internationale. Elle estime notamment que l'industrie' pharmaceutique' détourne les principes du brevet:

"Alors qu'il a été conçu comme un outil pour garantir une juste rémunération de l'inventivité, le brevet est au­jourd'hui utilisé pour imposer un rapport de force dans la négociation avec les États afin d'obtenir des prix plus élevés et des situations de monopole."

Une campagne refusée par les annonceurs

Outre une pétition adressée à la ministre de la Santé exigeant la baisse du prix des médicaments, l'ONG va lancer une campagne d'affichage radicale. Radicale, car d'une part car elle se fera sans autorisation, de manière "sauvage". Elle a été refusée par l'ensemble des réseaux d'afficheurs en raison d'un risque de réactions négatives de la part de l'industrie pharmaceutique, assure Olivier Maguet, responsable à MdM de cette campagne.

D'autre part, la campagne se décline en douze affiches mettant en avant la "rentabilité" des malades. On peut y lire: "Avec l'immobilier et le pétrole, quel est l'un des marchés les plus rentables ? La maladie". Ou encore, "Le mélanome c'est quoi exactement ? C'est 4 milliards d'euros de chiffre d'affaires".

Les traitements curatifs de l'hépatite C dans le viseur

Les  nouveaux traitements contre l'hépatite C, dont le sofosbuvir de Gilead, font partie des principales cibles de l'ONG. Deux affiches y sont consacrées. "Seul 1% des Français peut se permettre d'avoir une hépatite C", et "1 milliard d'euros de bénéfice, l'hépatite C on en vit très bien". Les prix "exorbitants mettent en danger le système de santé et on a déjà assisté au rationnement du traitement efficace de l'hépatite C pour la première fois de notre histoire", souligne Olivier Maguet.

Pour rappel, la ministre de la Santé Marisol Touraine a reconnu que seulement 15.000 patients français sont traités chaque année depuis 2014. Elle a promis d'ouvrir le traitement à tous les Français atteints de la pathologie (ils sont plus de 100.000 au total). Mais pour le moment, aucun arrêté n'est paru dans le Journal Officiel.

    Lire aussi >> "Il faut ouvrir à tous le traitement de l'hépatite C"

Colère du lobby pharmaceutique

La campagne choc de l'ONG n'est pas sans rappeler celle lancée par la Ligue contre le cancer, fin avril, fustigeant le prix des nouveaux anticancéreux. Et comme l'association française, Médecins du Monde a déclenché l'ire des industries du médicaments. Lundi, la Fédération de l'entreprise des médicaments (le Leem) a dénoncé dans un communiqué "la propagande mensongère de Médecins du Monde ", estimant que l'ONG "entretient des clivages artificiels et idéologiques" et tient des propos "injurieux pour les industriels".

Le Leem en profite pour rappeler ses arguments habituels pour justifier le prix des médicaments. Celui-ci "repose avant tout sur le bénéfice thérapeutique ajouté par le nouveau médicament", ou encore, il "n'est pas le reflet des investissements passés : il permet les investissements futurs pour découvrir de nouveaux traitements dans l'intérêt des patients".

Jean-Yves Paillé

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Commentaires 2
à écrit le 13/06/2016 à 13:48
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Les petites économies d'aujourd'hui dans la recherche publique feront les gouffres financiers de la Sécu de demain.

à écrit le 13/06/2016 à 13:46
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" Qui doit faire la loi ? " Mais ce doit être bien-sûr le marché, l' état n'ayant seulement, et eventuellement, que la fonction de formaliser et apporter un caractère légal à la loi. Au demeurant, si certains en doutent, qu'ils s'intéressent au TAFTA...

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