Le plan de l'AIEA pour éviter un nouveau Fukushima

Le directeur général de l'Agence internationale de l'Energie atomique a préconisé lundi que des tests de résistance, suivis d'inspections aélatoires, soient réalisés dans un délai de 18 mois sur tous les réacteurs nucléaires du monde.
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Yukiya Amano l'a annoncé en préambule de l'ouverture, ce lundi à Vienne, d'une conférence ministérielle sur le renforcement des normes de sécurité. Le directeur général de l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA) souhaite que ses experts soient autorisés à effectuer des contrôles de sécurité aléatoires dans l'ensemble des centrales nucléaires de la planète.
Il entend ainsi s'assurer que les centrales nucléaires pourront résister à des événements extrêmes tels que le tremblement de terre et le tsunami qui ont endommagé Fukushima le 11 mars dernier. Il est néanmoins probable que ce souhait se heurte à la volonté de certains pays, qui jugent la sécurité nucléaire comme relevant de leur stricte compétence.

Un projet de déclaration finale souligne "la nécessité d'améliorer la préparation nationale, régionale et internationale à des urgences et la réponse à des accidents nucléaires, notamment avec la création éventuelle d'une capacité de réaction rapide et avec le développement d'une formation dans le domaine de la gestion des crises aux niveaux régionaux et international".
Le texte, qui, de source proche de la délégation française devrait a priori être adopté sans modification vers 18h30, préconise aussi un "renforcement de la coopération entre les autorités locales, les organisations de sécurité technique, les opérateurs et les organisations intergouvernementales et non gouvernementales concernées".

Il recommande en outre un "rôle renforcé de l'AIEA dans la préparation et la réaction aux urgences en encourageant et éventuellement en étendant les capacités actuelles de réaction et d'assistance de l'AIEA". Ces deux points reprennent des recommandatiosn qui avaient été approuvées le 7 juin à Paris par un séminaire sur la sûreté nucléaire auquel ont participé une trentaine de pays dotés de l'énergie nucléaire civil. Yukiya Amano a jugé "impératif que les mesures de sécurité les plus rigoureuses soient appliquées partout."
Le diplomate japonais a indiqué que la sécurité nucléaire continuerait de relever de la responsabilité de chaque pays et que les gouvernements nationaux auraient pour tâche de vérifier que les réacteurs résistent à différents incidents. Il a aussi souligné que l'AIEA entendait jouer un rôle plus important.

"L'examen en quelques années par l'AIEA de chacun des 440 réacteurs nucléaires exploités dans le monde n'est pas une proposition réaliste. De sorte que je propose un système basé sur une sélection aléatoire", a dit le chef de l'AIEA.

A l'issue de la conférence de Vienne, qui se tient du 20 au 24 juin, les pays membres de l'AIEA commenceront à élaborer une stratégie de renforcement de la sécurité nucléaire, mais des divergences concernant le degré d'implication de la communauté internationale risquent d'entraver les efforts, estiment des diplomates. La Russie souhaite rendre obligatoires les normes de sécurité de l'AIEA, mais de nombreux autres pays y sont moins favorables. Il n'existe actuellement aucune règlementation internationale de sécurité nucléaire qui soit obligatoire et l'AIEA se contente d'émettre des recommandations que les pays sont chargés d'appliquer. 

Sergueï Kirienko, responsable de l'énergie atomique russe, a salué les propositions d'Amano les jugeant très proches du point de vue russe. Les autorités japonaises ont été critiquées pour leur gestion de la catastrophe et elles ont reconnu qu'un manque de rigueur et de supervision avait contribué à l'accident. "A la lumière de l'accident de Fukushima Daiichi, des évaluations nationales de risque approfondies et transparentes de toutes les centrales nucléaires au monde devraient être effectuées", a dit Yukiya Amano. "Cela pourrait être fait dans un délai de 12 à 18 mois."

Le directeur général de l'AIEA n'a donné aucune précision sur la manière dont ces évaluations devraient être réalisées. Les experts effectuent généralement des "stress tests" (tests de résistance) consistant à réaliser des simulations théoriques et pratiques pour déternimer la résistance d'une centrale à différents phénomènes tels qu'un séisme.
Yukiya Amano a déclaré que les évaluations nationales devraient être suivies d'examens réalisés par des experts de l'AIEA afin de vérifier le degré de préparation à des urgences et l'efficacité de la réglementation. "L'agence pourrait effectuer dans le monde, sur une période de, disons trois ans, un contrôle international de sécurité dans une centrale nucléaire sur dix", a-t-il dit.

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Commentaires 2
à écrit le 22/06/2011 à 11:30
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FESSENHEIM est l'image même du risque majeur comme Fukushima avec un risque sismique élevé et un risque d'inondation certain par une vague en cas de crue centenaire ou millénaire, la centrale étant sous le niveau du Rhin tout proche de 15 mètres. Que...

à écrit le 21/06/2011 à 5:18
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l' AIEA a bien raison de prendre des mesures supplémentaires pour sécuriser la dangerosité de la manipulation de cette énergie. Il reste un domaine auquelle elle ne peut pas grand chose, ce sont les catastrophes naturelles. Et c'est pour cette raison...

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