L'État argentin veut une équipe expérimentée pour diriger le pétrolier YPF

Après le vote de la loi expropriant la filiale du groupe espagnol, c'est une équipe "professionnelle" qui devrait être nommée à la tête du groupe. Un ancien de Schlumberger est le favori pour le présider.
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Une semaine après le Sénat, c?est encore à une très large majorité (207 voix pour, 32 contre, 6 abstentions) que la Chambre des députés argentine a approuvé, dans la nuit du 3 mai, la prise de contrôle par l?État du premier pétrolier du pays, YPF, jusque là filiale de Repsol. Publiée au Bulletin officiel dès le 4, la loi déclare "d?intérêt national" la production d?hydrocarbures et exproprie 51 % des actions de la compagnie appartenant au groupe espagnol, qui en détenait 57,4 %. Le groupe local Petersen conserve sa participation de 25,4 %.

La "récupération" de l?ancienne compagnie publique, privatisée dans les années 90, a reçu l?appui de la majorité des partis d?opposition. La mesure est également approuvée par l?opinion, sept Argentins sur dix s?y déclarant favorables. Pour le gouvernement, ce soutien massif est aussi un message adressé à l?étranger.

L'Espagne abandonne le ton de la polémique

Le soutien de l'opinion publique argentine expliquerait que l?Espagne, qui n?a pas été suivie dans ses demandes de sanctions contre l?Argentine, ait baissé le ton de la polémique, se contentant désormais de demander une juste indemnisation pour les actions expropriées. Mais rien n?est moins sûr : c?est un véritable procès de la gestion de Repsol qui est instruit à Buenos Aires, où le groupe, présidé par Antonio Brufau, est accusé de "déprédation".

Tout porte à croire que l?affaire terminera devant le CIRDI (Centre de règlement des différends sur les investissements), tribunal d?arbitrage de la Banque mondiale où les plaintes contre l?Argentine s?accumulent depuis le blocage des tarifs des services publics concédés à des entreprises internationales décidé par le gouvernement après la dévaluation de fin 2001.

YPF, l'instrument de la politique énergétique de Buenos Aires

 Dans l?immédiat, les autorités entendent démontrer que la nouvelle YPF pourra être l?instrument d?une politique énergétique favorable à "l?intérêt national", tout en étant dirigée de manière professionnelle. D?où l?importance du choix du PDG du groupe, qui sera nommé dans les prochains jours. Le favori est Miguel Galuccio, un Argentin de 43 ans, qui vient de démissionner de la présidence d?une filiale de Schlumberger, Integrated Project Management (IPM), pour rentrer à Buenos Aires.

Il est présenté comme un spécialiste des techniques adaptées aux gisements non conventionnels, et sa priorité serait la mise en exploitation de celui de Vaca Muerta, l?un des plus prometteurs du monde, découvert l?an dernier par YPF. Miguel Galuccio avait formé une partie de l?équipe de José Estenssoro, PDG de la compagnie quand celle-ci était détenue par l?État à 25 %, et avait quitté le groupe à l?arrivée de Repsol.

 

Pour le programme d?investissements qu?YPF entend mettre en ?uvre, une association avec un pétrolier international de premier plan est recherchée. Les actions de Petersen pourraient servir de monnaie d?échange, le groupe en question devant encore en payer une bonne partie.

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