Arrêt de Nord Stream 1 : Gazprom rejette la faute du Siemens

Alors que le gazoduc Nord Stream 1 devait rouvrir samedi dernier après trois jours de maintenance, Gazprom a annoncé qu'il serait maintenu complètement à l'arrêt afin de réparer une turbine. Interrogé, en marge du Forum économique oriental sur la date potentielle de réouverture de Nord Stream 1, le directeur général adjoint de Gazprom a assuré que celle-ci dépendait de l'Allemand Siemens. De leurs côtés, les Européens accusent Moscou d'utiliser le gaz comme une arme économique en représailles aux sanctions qui visent la Russie après l'invasion de l'Ukraine en février dernier.
Gazprom a suspendu totalement le fonctionnement du gazoduc Nord Stream 1 au grand dam des Européens.
Gazprom a suspendu totalement le fonctionnement du gazoduc Nord Stream 1 au grand dam des Européens. (Crédits : REUTERS PHOTOGRAPHER)

Alors que le gazoduc Nord Stream 1 est complètement à l'arrêt, Européens et Russes se renvoient la balle pour trouver un responsable. Bruxelles accuse Moscou d'utiliser le gaz comme une arme économique en représailles aux sanctions qui visent la Russie après l'invasion de l'Ukraine en février dernier. De son côté, le Kremlin affirme que l'arrêt des livraisons de gaz russe vers l'Allemagne, via le gazoduc stratégique Nord Stream, est de la seule faute des Occidentaux, car leurs sanctions empêchent la maintenance des infrastructures gazières. « Les problèmes de pompage (de gaz) sont apparus à cause des sanctions des Etats occidentaux. Il n'y a aucune autre raison à ces problèmes », a, ainsi, estimé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

C'est, en effet, par un besoin de maintenance que le géant gazier russe Gazprom a justifié le maintien à l'arrêt du gazoduc. Vendredi dernier, Gazprom a annoncé que l'infrastructure sera « complètement » arrêtée alors que son fonctionnement devait reprendre après une première opération de maintenance qui avait nécessité trois jours d'interruption. Selon le groupe russe, une turbine défectueuse est responsable du prolongement de l'arrêt de l'activité. Dans un communiqué, il a indiqué avoir découvert des « fuites d'huile » dans cette turbine lors de l'opération de maintenance. « Jusqu'à la réparation (...) le transport du gaz via Nord Stream est complètement suspendu », a-t-il donc affirmé, assurant que ces problèmes ont été découverts lors d'un contrôle technique effectué avec des représentants du groupe allemand Siemens, qui a fabriqué la turbine. Sur Telegram, le groupe a publié une photo montrant des câbles entourés d'un liquide brunâtre.

Siemens tenu pour responsable par Gazprom

Ce mardi, le directeur général adjoint de Gazprom a, une nouvelle fois, pointé du doigt Siemens et affirmé que la réouverture du gazoduc dépendait du groupe allemand qui doit réparer l'élément défectueux. Interrogé, en marge du Forum économique oriental dans la ville portuaire russe de Vladivostok, sur la date potentielle de réouverture de Nord Stream 1, Vitaly Markelov a répondu : « Vous devriez demander à Siemens ». Siemens Energy avait, de son côté, indiqué samedi ne pas avoir été sollicité pour mener des travaux de réparation, et que la fuite citée par Gazprom n'affectait habituellement pas le réacteur et pouvait être cachetée sur place.

Ce n'est pas la première fois que Gazprom accuse les occidentaux, en particulier le fabricant allemand, d'être responsable des arrêts du gazoduc. Début août, le Russe avait assuré avoir besoin d'une turbine fabriquée par Siemens et dont l'envoi en Russie était bloqué par les sanctions occidentales. « Les régimes de sanctions au Canada, dans l'Union européenne et au Royaume-Uni, ainsi que les incohérences de la situation actuelle concernant les obligations contractuelles de Siemens rendent impossible la livraison », avait ainsi déploré le groupe. Gazprom reprochait également à Siemens de ne pas lui avoir fourni les documents nécessaires au bon redémarrage de la turbine. Ce qu'avait contesté le chancelier allemand Olaf Scholz, assurant qu'« il n'y (avait) aucune raison qui empêcherait la livraison d'avoir lieu ».

L'Allemagne se tourne de nouveau vers le nucléaire

Au-delà de la crainte d'une pénurie de gaz en Europe, cet arrêt prolongé de l'infrastructure a entraîné une nouvelle flambée des prix du gaz qui atteignaient déjà des sommets. Lundi, le prix de référence du gaz en Europe a grimpé de 30%, jusqu'à 272 euros le mégawattheure à l'ouverture du marché. La semaine précédente, le prix du gaz avait pourtant nettement reflué, chutant de plus d'un tiers pour finir à 210 euros le mégawattheure sur le marché de référence, le TTF néerlandais après avoir frôlé son record historique de 345 euros le mégawattheure le 26 août. Pour rappel, en début d'année et avant le déclenchement du conflit, il évoluait autour des 70 euros.

De quoi pousser certains pays à trouver des alternatives, même si celles-ci vont à l'encontre de la politique écologique menée ces dix dernières années. C'est le cas de l'Allemagne qui a annoncé, lundi, qu'elle allait finalement laisser deux centrales nucléaires en veille jusqu'à mi-avril 2023 pour faire face à d'éventuelles pénuries d'électricité. À la suite d'un nouveau test de résistance du réseau, deux des trois centrales restantes « resteront disponibles jusqu'à la mi-avril 2023 en cas de besoin », a déclaré Robert Habeck, le ministre de l'Economie et du Climat à Berlin.

Et pour cause, bien qu'il soit parvenu à réduire sa dépendance au gaz russe, qui représentait 55% des importations allemandes de l'hydrocarbure avant la guerre contre 30% actuellement, l'Allemagne craint toujours de manquer d'énergie en cas de températures particulièrement basses cet hiver. Le gouvernement s'est toutefois montré rassurant, fin août, assurant que les réserves de gaz se remplissaient « plus vite que prévu ». L'objectif de stockage fixé par le gouvernement pour octobre, à 85%, « devrait être atteint dès le début du mois de septembre », a-t-il été annoncé.

(Avec agences)

Lire aussiEurope : pourquoi découpler les prix du gaz et de l'électricité ne sera pas si simple

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Commentaire 1
à écrit le 06/09/2022 à 8:42
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Rappelons pour ceux qui ne suivent pas de près cette affaire de gazoduc que si Nord Stream1 est hors d'état, il existe son clone, Nord Stream2. Mince j'avais oublié que l'Allemagne, poussée par Uncle Sam, le 22 février dernier (avant l'invasion de l...

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