Batteries électriques : Glencore veut créer un centre européen de recyclage en Italie

Le géant des matières premières Glencore s'allie au Canadien Li-Cycle pour lancer une étude de faisabilité concernant la création d'un centre européen de recyclage des batteries au lithium. Il serait situé dans le sud de l'Italie, où le groupe traite déjà du plomb et du zinc. Le groupe suisse mise sur le recyclage des métaux pour répondre à la forte demande actuelle, qui devrait encore s'accentuer à l'avenir avec le déploiement des voitures électriques en Europe.
Quelque 350 millions de voitures électriques devraient rouler dans le monde d'ici à 2030, contre 16,5 millions en 2021, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
Quelque 350 millions de voitures électriques devraient rouler dans le monde d'ici à 2030, contre 16,5 millions en 2021, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE). (Crédits : Reuters)

Glencore poursuit son ambition de recyclage des batteries au lithium. Un centre dédié à cette activité pourrait voir le jour en Italie, plus précisément à Portovesme, dans le sud du pays, a annoncé ce mardi 9 mai le groupe suisse dans un communiqué.

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La construction de ce centre européen pourrait ensuite débuter entre fin 2026 et début 2027, précise le document. Il y serait produit des matériaux recyclés pour les batteries, incluant le recyclage du lithium-ion, mais aussi du cobalt et du nickel. D'autant que Glencore est déjà implanté sur le site italien, où sont traités du plomb et du zinc. Le complexe industriel de Portovesme dispose, en effet, de plusieurs atouts pour accueillir ce centre : un accès portuaire ainsi que des infrastructures et des installations hydrométallurgiques.

Une étude de faisabilité doit désormais être lancée d'ici une soixantaine de jours et devrait être achevée d'ici mi-2024. Dans ce but, Glencore a signé une lettre d'intention avec Li-Cycle, un des spécialistes du recyclage des batteries en Amérique du Nord. Le groupe suisse envisage même de créer une coentreprise avec lui pour ce projet.

Un enjeu pour tout le secteur automobile

Régulièrement critiqué par des organisations environnementales, le groupe suisse actif dans le négoce des matières premières et l'extraction minière met fréquemment en avant le recyclage des métaux, sur lequel il compte notamment pour répondre à la forte demande de cuivre. Il entend ainsi devenir « le partenaire de choix du secteur européen des batteries et des véhicules électriques », souligne Kunal Sinha, le directeur des activités de recyclage du groupe suisse, cité dans le communiqué.

Plus généralement, le recyclage des batteries est un des grands défis pour le secteur automobile alors que quelque 350 millions de voitures électriques devraient rouler dans le monde d'ici à 2030, contre 16,5 millions en 2021, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Le nombre de voitures électriques devrait, en effet, exploser dans les années à venir en Europe, notamment en raison de la fin des moteurs thermiques dans les voitures neuves à partir de 2035.

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Or, les ressources nécessaires à la fabrication des batteries, notamment le lithium, risquent de manquer. « D'ici dix ans, on fabriquera tellement de batteries qu'il faudra absolument recycler le lithium. Autrement, il n'y en aura pas suffisamment », prévenait, fin mars, Philippe Barboux, professeur de chimie à l'université PSL à Paris. C'est pourquoi les industriels commencent à s'organiser en vue du gigantesque défi que représentera la fin de vie des batteries de voitures électriques.

Des projets qui avancent doucement mais sûrement

Reste que la plupart des projets actuels sont encore en phase pilote bien qu'on soit, en théorie, désormais en mesure de recycler la quasi-totalité des matériaux qui composent les batteries, selon les experts interrogés par l'AFP. Le groupe allemand Aurubis, l'un des plus gros producteurs européens de métaux non ferreux, affirme notamment être capable de recycler dans son usine pilote de Hambourg au moins 95% des métaux contenus dans la « black mass », une poudre noire qui contient les oxydes métalliques valorisables. Un objectif que partagent également le belge Umicore, le constructeur automobile allemand Mercedes ou encore le groupe minier français Eramet.

Les Français ne sont, en effet, pas en reste à l'instar d'Anna Vanderbruggen qui a été récompensée l'an dernier par le prix de l'Institut européen d'innovation et de technologie (EIT) pour sa découverte. Cette chercheuse a mis au point un procédé pour récupérer le graphite des batteries, ce composant qui représente jusqu'à un quart du poids des batteries, mais sur lequel personne ne s'était vraiment penché pour comprendre comment le recycler.

Le charbon noircit l'image de Glencore

Le groupe suisse fait l'objet de critiques, en particulier pour sa stratégie dans le charbon, thermique de la part d'ONG, mais aussi d'actionnaires qui ne veulent plus être exposés au charbon dans leurs portefeuilles d'investissements, en raison de son rôle important dans le réchauffement climatique.

Glencore tente une sortie de cette activité depuis plusieurs semaines déjà, à travers une offre à Teck Resources, un des plus grands groupes miniers au Canada. Début avril, le groupe suisse avait dévoilé une offre valorisant Teck Resources à plus de 22,5 milliards de dollars (20,3 milliards d'euros). Il proposait au groupe canadien de rassembler leurs activités, puis de les scinder en deux entreprises, l'une appelée MetalsCo pour les métaux, l'autre appelée CoalCo pour le charbon. Les dirigeants de Teck Resources ont refusé, notamment parce qu'un tel rapprochement ferait entrer dans ses activités le charbon thermique de Glencore, beaucoup plus contesté que le charbon métallurgique pour sa contribution au changement climatique.

Teck Resources a finalement retiré son projet de scission fin avril. Malgré ce revers, Glencore a annoncé qu'il maintenait son offre de fusion.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 09/05/2023 à 18:55
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Ouais, le Sud de l'Italie c'est bien! Déjà polluée avec la bénédiction des mafias dans un trafic international.

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