EPR de Flamanville : encore un retard et des surcoûts en vue

Un groupement d'experts recommande qu'EDF répare les soudures défectueuses les plus problématiques du réacteur EPR de Flamanville (Manche), alors que l'électricien n'a pas prévu d'effectuer ces réparations, a annoncé jeudi l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). De nouveaux retards et coûts supplémentaires sont à prévoir pour le prototype du réacteur de nouvelle génération.
(Crédits : Benoit Tessier)

Le feuilleton des retards de l'EPR de Flamanville risque de s'enrichir d'un nouvel épisode. Les experts de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) ont estimé jeudi 11 avril qu'EDF ne pouvait pas laisser en l'état - contrairement à ce qu'il souhaitait -, huit soudures de l'EPR difficiles d'accès et qu'il devrait engager des travaux. Ces recommandations "pourraient" entraîner un nouveau report du démarrage du réacteur ainsi que des centaines de millions d'euros de coûts supplémentaires pour l'électricien.

« Compte tenu de l'importance des écarts identifiés, l'IRSN a conclu qu'EDF devrait, plutôt que rechercher à justifier une acceptabilité en l'état, procéder à la remise en conformité des soudures concernées », note l'IRSN dans un avis.

Cette recommandation n'engage pas l'ASN mais si l'autorité suivait l'avis du groupe d'experts - ce qui est souvent le cas -, elle pourrait contraindre EDF à reprendre des soudures que le groupe envisage pour le moment de maintenir en l'état. L'ASN prendra "prochainement" position sur la démarche proposée par EDF, potentiellement au mois de juin ou dans le courant de l'été, selon une porte-parole. « Un point précis sur le calendrier et le coût de construction de l'EPR de Flamanville sera effectué après la publication de l'avis de l'ASN », poursuit EDF.

Des soudures qui embarrassent EDF

EDF avait annoncé en juillet 2018 qu'il devait réparer certaines soudures du réacteur nucléaire en construction dans la Manche, en Normandie, présentant des "écarts de qualité, ce qui alourdi la facture du projet de 400 millions d'euros, à 10,9 milliards d'euros, et retardé sa mise en service de près d'un an.

Parmi elles figurent huit soudures difficilement accessibles, situées dans la traversée de l'enceinte de confinement - la grosse structure de béton qui doit retenir les éléments radioactifs en cas d'accident.

L'électricien, détenu à 83,7% par l'Etat, avait cependant proposé de les laisser en l'état, en prouvant avec des essais qu'elles ne posaient pas de problème de sûreté, et de renforcer les contrôles pendant le fonctionnement du réacteur. L'électricien aurait ainsi évité des travaux complexes, potentiellement longs et coûteux.

Mais cette possibilité a été rejetée cette semaine par le groupe permanent d'experts pour les équipements sous pression nucléaire (GP ESPN) de l'ASN.

A ce stade, pas de démarrage avant 2020

Selon le dernier calendrier en date fourni par EDF en juillet 2018 et confirmé en début de l'année, le chargement du combustible du réacteur est prévu au quatrième trimestre 2019 tandis que son raccordement au réseau et son fonctionnement à pleine puissance (1.650 mégawatts) doivent intervenir aux premier et deuxième trimestres de 2020 respectivement.

Mais le ministre de la Transition écologique François de Rugy a jugé jeudi "fort probable" que la reprise de ces soudures "retarde l'ouverture envisagée en 2020".

« Je serai amené à annoncer des mesures dans les semaines qui viennent qui permettront de passer cette période d'attente concernant l'EPR de Flamanville », a-t-il précisé sur franceinfo.

(avec AFP et Reuters)

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Commentaires 14
à écrit le 13/04/2019 à 23:24
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D’un rapport qui débouchera sur un audit contesté par un document d'étude......(25 ans plus tard et après la 1567ème soudure incorrecte).....et soudain un astéroïde frappa la Terre et balaya le chantier de Flamanville. L’état français mis un terme à ...

à écrit le 13/04/2019 à 20:10
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Raser toute la structure rafistolée !! sans fin, par de minables !!! soudures, et reconstruire. Les autres centrales peuvent etre prolongées de 30 années. ALORS !!!! Nous pouvons attendre l'année 2120 pour Flamanville. RIDICULE ET COMIQUE S...

à écrit le 13/04/2019 à 11:47
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À quand une commission d'enquête pour ce scandale?

le 13/04/2019 à 20:26
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Qui sera baillonnée, empechée, censurée, quelle que soit la nomination corrompue à la source, et quels honoraires ? Nommer GREENPACE peut-être ?

à écrit le 13/04/2019 à 10:26
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La rapide lecture du rapport de l’ASN sur ces soudures m’indique que la culture de l’ingénieur existe toujours dans ce pays, Je ne peux que m’étonner que ces soudures surveillées sur les anciens réacteurs comme l’huile sur le feux échappent à ce poin...

à écrit le 13/04/2019 à 4:06
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Que les responsables fassent appel aux chinois. Leur EPR fonctionne et les soudures sont tres bien realisees.

à écrit le 12/04/2019 à 21:23
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Des centrales au gaz ça n'aurait pas été plus simple et moins cher?

à écrit le 12/04/2019 à 18:53
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Les chinois ont réalisé un EPR qui fonctionne en trois fois moins de temps que les français. Ca laisse rêveur.

le 12/04/2019 à 21:19
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Ils on fait les 3x8 7jours sur 7, avec plus d'ouvriers. Le coût est sans doute dépassé aussi. Même si "les chiffres officiels sont plus flatteurs". Rien à rêver.

le 13/04/2019 à 12:18
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Vous pensez réellement que le succès des chinois est dû à un plus grand nombre d'ouvriers sur le chantier, avec des horaires de travail plus étendus, vous devez plaisanter?

à écrit le 12/04/2019 à 16:14
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Avec des panneaux solaire ou des éoliennes ceci ne serait pas arrivé... Il n'y a pas de soudures et ce ne pollue pas.

à écrit le 12/04/2019 à 15:26
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"Des soudures qui embarrassent EDF" Elles ne sont radiographiées les soudures ?

à écrit le 12/04/2019 à 12:37
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Pour n’en produire aucune. C’est la nouvelle génération de centrale nucléaire d’EDF : -1700MW en service pendant 50 ans repoussé et par les clowns à roulette à 200 ans. Bon, il va falloir passer à la caisse. Vous connaissez bien la procédure les f...

à écrit le 12/04/2019 à 11:20
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Flammanville reflète le naufrage de l'industrie francaise. Si nous sommes capable de mettre au point avec de l'ingénieurie de haut niveau des technologie très innovantes, nous sommes incapable de les mettre en oeuvre car nous avons perdu l'expertise ...

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