Gaz : baisse « historique » de la consommation mondiale en 2022, surtout en Europe

La consommation mondiale de gaz a connu une baisse historique de -1,6% en 2022. Sans surprise, c’est au sein de l’UE qu’elle a été la plus marquée (-13%), dans le sillage de la guerre en Ukraine et des ruptures d'approvisionnement du gaz russe vers l'Europe. Les importations de ce dernier ont été drastiquement réduites au sein des Vingt-Sept, ce qui a profité au Gaz naturel liquéfié (GNL), notamment américain.
La consommation mondiale de gaz avait connue une hausse record de 4,5% en 2021 et une baisse de 2% en 2020, année particulière marquée par la pandémie de Covid-19.
La consommation mondiale de gaz avait connue une hausse record de 4,5% en 2021 et une baisse de 2% en 2020, année particulière marquée par la pandémie de Covid-19. (Crédits : Reuters)

Le monde a moins consommé de gaz en 2022 par rapport à l'année précédente. La consommation mondiale de gaz a en effet reculé à 4.000 milliards de m3, soit -1,6% sur un an d'après un communiqué de Cedigaz, l'association internationale pour l'information sur le gaz, publié le 15 mai dernier. Un chiffre qui est à inclure « dans un contexte de crise énergétique sans précédent et de forte inflation ».

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Cette baisse peut être qualifiée d'historique selon l'association jointe par l'AFP mercredi, après une hausse record de 4,5% en 2021 et une baisse de 2% en 2020, année particulière marquée par la pandémie de Covid-19. Surtout, l'année 2022 restera celle de « la pire crise du gaz naturel et de l'énergie de l'histoire en raison de l'invasion russe de l'Ukraine », souligne Cedigaz qui compte une centaine de membres dans 40 pays.

La consommation dégringole en Europe

Des baisses importantes ont été enregistrées dans les pays de la CEI (Communauté des États indépendants, regroupant une partie des anciennes républiques soviétiques) et en Ukraine (-4,6%) ainsi qu'en Asie-Océanie (-1,6%), contrastant avec des croissances en Amérique du Nord et au Moyen-Orient. C'est surtout en Europe qu'elle a été le plus marquée.

« L'année 2022 a notamment connu la plus forte baisse de la consommation de gaz de l'UE de l'histoire, en baisse de 13% à 353 milliards de m3 », relève l'association.

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Les raisons de cette baisse sont multiples : un hiver doux qui a réduit « la demande de gaz du secteur résidentiel-commercial » dans l'hémisphère nord, l'économie chinoise au ralenti et la flambée des prix du gaz, qui a freiné la demande dans l'industrie et entraîné un mouvement d'économies d'énergie pour alléger le budget des ménages pressurisé. Les factures de gaz des ménages de l'UE ont ainsi bondi de +46% au second semestre 2022, d'après les données d'Eurostat publiées fin avril.

Le gaz russe perd de sa superbe

Alors que le gaz russe jouait un « rôle prédominant » dans l'approvisionnement européen, les exportations par gazoduc vers l'Europe « ont chuté au niveau le plus bas observé depuis le milieu des années 1980, entraînant une perte de 77 milliards de m3, soit l'équivalent de 20% de la consommation de gaz de l'UE en 2021 », détaille Cedigaz.

Le vice-Premier ministre russe en charge de l'Énergie, Alexandre Novak, avait déjà indiqué en février dernier que les exportations de gaz russe avaient « diminué de 25,1% » en 2022 pour une production totale « de 673,8 milliards de m3 » en raison des sanctions européennes appliquées à Moscou suite à son invasion de l'Ukraine. L'Union européenne, autrefois premier client du gaz russe, a drastiquement réduit ses importations au cours de l'année 2022. En 2021, environ 45% des importations du gaz naturel provenaient de Russie, c'est-à-dire 155 milliards de m3 sur les 400 milliards de mètres cube de gaz consommés par les Vingt-Sept. En 2022, ces derniers sont parvenus à réduire ces importations de 55%, avec pour objectif de limiter les revenus de Moscou destinés à financer son offensive militaire.

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Cette nouvelle donne a poussé le continent à diversifier ses approvisionnements, grâce à des importations de gaz de Norvège et à « une montée en puissance rapide des approvisionnements en GNL » (gaz naturel liquéfié) américain, acheminé par bateau. Le GNL a ainsi constitué 32% de l'approvisionnement européen en gaz en 2022, contre 19% en 2021 et 2020, et les États-Unis sont devenus le premier fournisseur de l'UE. Une place qu'ils comptent d'ailleurs bien conserver.

La production de gaz ne bouge pas

Dans ce contexte, la production mondiale de gaz est restée stable. « La forte perte des ventes de gaz russe a été compensée par une forte croissance de la production », au Moyen-Orient (+14 milliards m3) et surtout aux États-Unis (+41 milliards m3). La part des États-Unis dans la production mondiale de gaz est ainsi passée de 24% à 25% entre 2021 et 2022, la Russie de 18% à 15,5%.

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Enfin, l'association note que les flux nets internationaux de GNL auront « dépassé ceux des flux par gazoduc pour la première fois en 2022 », la part du GNL passant à 51% (46% en 2021). Mais l' « expansion notable du commerce du GNL (+4,7%) » n'a pas « réussi à compenser une contraction historique et énorme (-12,7%) du commerce par pipeline ». Au total, le commerce international de gaz a chuté de 4,7% à 1.016 milliards de m3.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 02/06/2023 à 2:48
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Impossible de ne pas denigrer le gaz Russe ! Mais Moscou s'en fiche, puisque desormais tout est vendu aux brics ou presque. Vous allez en prendre plein les dents a continuer de croire dans les moulins a vent.

à écrit le 01/06/2023 à 10:17
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Une profonde crise économique qui n'a pourtant pas l'air d'inquiéter nos larbins financiers qui l'ont généré.

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