
Les États-Unis sont devenus le premier fournisseur de gaz naturel liquéfié (GNL) de l'Union Européenne en 2022, les Vingt-Sept s'étant détournés de la Russie pour s'approvisionner. Ils ont exporté, au total sur l'année, quelque 56 milliards de mètres cubes de GNL vers l'UE, contre 22 milliards en 2021, soit un bond de 140%, s'est félicité Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine.
À la suite de l'invasion de l'Ukraine, Washington et Bruxelles « ont travaillé comme jamais auparavant pour aider à rendre l'Europe plus sûre sur le plan énergétique », a-t-il déclaré lors d'une rencontre avec son homologue européen, Josep Borrell, ce mardi 4 avril.
Les conversations entre les deux responsables ont été marquées par « un sentiment de soulagement », face au constat que « les efforts du (président russe Vladimir) Poutine pour militariser l'énergie avaient échoué », a indiqué un responsable du Département d'État américain. « Les choses ont évolué plus vite que quiconque aurait pu s'y attendre sur la dépendance de l'UE » au gaz russe, a-t-il ajouté. « Je pense qu'il ne s'agit pas d'une situation temporaire, mais qu'elle marque un changement structurel dans les perspectives énergétiques et l'orientation commerciale de l'Europe », a abondé la commissaire européenne à l'Energie Kadri Simon.
Au moins 50 milliards en 2023
Les États-Unis et l'UE ne comptent en effet pas stopper là leur collaboration. Dans un communiqué commun, les deux puissances se sont engagées « à travailler pour maintenir un niveau élevé d'approvisionnement en GNL américain vers l'Europe en 2023, d'au moins 50 milliards de m3 ».
« Cela est nécessaire compte tenu de la situation difficile de l'approvisionnement et de la nécessité d'assurer le remplissage des stocks pour l'hiver 2023-2024 », précise la déclaration.
Les réserves de gaz des Européens sont actuellement remplies à 56%, a précisé Bruxelles mardi, en accord avec sa prévision d'environ 50% attendue pour la fin de l'hiver. Soit un niveau quasiment deux fois plus élevé que celui habituellement observé à cette période de l'année. Les Vingt-Sept se sont fixés comme objectif de remplir leurs réserves à 90% d'ici novembre.
Sur le prix auquel l'Europe achète le gaz américain, la Commission avait simplement indiqué en novembre que son groupe de travail sur l'énergie créé avec Washington visait à « garantir l'approvisionnement et le remplissage des stocks en 2023 à des prix reflétant les fondamentaux économiques ».
Diversifier les approvisionnements et réduire les consommations
Selon un rapport de l'Agence internationale de l'Énergie (AIE) publié début mars, les volumes de GNL importés par l'UE en 2022 ont augmenté de 66 milliards de m3. Cette augmentation a profité en premier lieu aux États-Unis, qui ont fourni les deux tiers (43 milliards de m3) du flux supplémentaire.
Pour le reste, l'Europe s'est tournée vers d'autres fournisseurs : le Qatar (5 milliards de m3), l'Égypte (5 milliards également), la Norvège (3 milliards), l'Angola (2 milliards) et de l'île de Trinité-et-Tobago (2 milliards). L'AIE signale également 2 milliards de m3 livrés par la Russie.
Outre la diversification des approvisionnements, les Européens s'efforcent de sabrer leur demande. La consommation de gaz dans l'UE a ainsi diminué de 19% entre août et janvier, par rapport au niveau entre 2017 et 2022, soit bien davantage que l'objectif de 15% que s'étaient fixé les Vingt-Sept.
(Avec AFP)
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