Fin de partie pour Laurent Carme, le directeur général de Mcphy, la société drômoise pionnière de l'hydrogène vert. "Le Conseil d'administration de McPhy a mis fin aux fonctions de Laurent Carme, directeur général", a annoncé, ce lundi 12 juillet, la PME spécialisée dans la production et le stockage d'hydrogène bas carbone, dans un communiqué. Luc Poyer, actuel président du conseil d'administration, prendra les fonctions de directeur général à titre provisoire, le temps qu'un nouveau patron soit sélectionné.
Les raisons de ce limogeage ne sont pas spécifiées mais les objectifs fixés au futur patron peuvent donner une indication: le groupe va devoir à l'avenir "allier un haut niveau de satisfaction de ses clients et une performance opérationnelle exemplaire".
Basé dans le petit village de Motte-Fanjas, au cœur de la Drôme, McPhy a parié sur la molécule verte dès 2008, bien avant que l'hydrogène ne soit propulsé sur le devant de la scène comme un élément clé de la transition énergétique. Sa spécialité : la fabrication d'électrolyseurs et de stations hydrogène pour la mobilité.
Pas à la hauteur des défis industriels ?
Laurent Carme avait pris ses fonctions en novembre 2019 pour succéder à Pascal Mauberger le fondateur de la société, alors encore aux manettes de l'entreprise, qu'il a créée avec une équipe issue du CNRS. Il avait été choisi pour sa longue expérience dans les renouvelables et notamment dans l'éolien et l'hydroélectricité. Avant de rejoindre McPhy, Laurent Carme a occupé plusieurs postes de direction chez Alstom Renewable, puis chez General Electric où il pilotait notamment les activités mondiales de R&D, d'ingénierie, de gestion de projet et de production pour la branche hydroélectrique.
L'une des ses principales missions chez McPhy : faire changer l'entreprise d'échelle, notamment après sa levée de fonds de 180 millions d'euros, finalisée à l'automne dernier. L'augmentation de capital, bouclée en l'espace d'une nuit, avait attiré de grands industriels dont Chart Industries, Technip Energies, aux côtés de ses actionnaires historiques EDF (qui détient 14,4% du capital) et Bpifrance (6%).
L'action dévisse
Dans cette optique d'industrialisation, l'entreprise a récemment annoncé la construction d'une gigafactory à Belfort pour 2024. Cette usine géante sera dédiée à la fabrication d'électrolyseurs. Ces équipements industriels permettent de produire de l'hydrogène propre en cassant la molécule d'eau grâce à un courant électrique bas carbone. La molécule d'eau est alors séparée en oxygène et en hydrogène. Dans la foulée, Mcphy a également annoncé l'installation d'une nouvelle unité de production, cette fois "au cœur de la ville de Grenoble" dès 2022.
Mais, en parallèle de ces annonces stratégiques et malgré l'engouement général pour la molécule verte, le spécialiste de l'hydrogène a toutefois reconnu faire face à certaines difficultés. En mai dernier, l'entreprise a annoncé "une croissance limitée du chiffre d'affaires au 1er semestre" de l'année en raison de "l'attentisme de certains acteurs économiques dépendant de mécanismes de financement publics".
L'annonce de l'éviction de Laurent Carmes n'est pas de nature, non plus, à rassurer les investisseurs. A la Bourse de Paris, le titre McPhy cédait, à 14h40, près de 10% à 18,19 euros. A ce cours, la société est valorisée 506 millions d'euros.
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