Bonne nouvelle pour la filière hydrogène tricolore. McPhy, pionnière de l'hydrogène vert, a annoncé, ce jeudi 20 mai, avoir présélectionné le territoire de Belfort (Bourgogne-Franche-Comté) pour construire sa gigafactory. Cette usine géante sera dédiée à la fabrication d'électrolyseurs. Ces équipements industriels permettent de produire de l'hydrogène propre en cassant la molécule d'eau grâce à un courant électrique bas carbone. La molécule d'eau est alors séparée en oxygène et en hydrogène.
"Cette future usine aura vocation à jouer un rôle majeur dans le passage à l'échelle industrielle de l'électrolyse, condition indispensable pour que l'hydrogène vert atteigne les objectifs de décarbonation fixés par le gouvernement français et les autorités européennes", a déclaré Pascal Mauberger, président de McPhy, dans un communiqué.
500 emplois directs à la clé
L'usine doit entrer en production dès le premier semestre 2024, avec une montée en charge progressive jusqu'à atteindre une capacité de 1 GW par an. Elle viendra compléter la production d'une première usine située en Italie.
Au total, McPhy prévoit d'investir entre 30 et 40 millions d'euros pour construire sa gigafactory. A la clé : la création de plus de 500 emplois, dont environ 400 en France et une centaine en Allemagne et en Italie. Plusieurs centaines d'emplois indirects pourraient également être créés en France et en Europe, assure la PME. A l'horizon 2026/2028, l'entreprise espère compter quelque 750 employés, contre une centaine aujourd'hui.
Belfort, vallée de l'énergie
"Le choix de Belfort conforte l'écosystème de la Vallée de l'Energie et illustre pleinement l'attractivité pour les porteurs de projets du Nord Franche-Comté", a commenté le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire, alors que le territoire a souffert de réductions d'emplois et d'activités sur ses sites phares de General Electric et Alstom.
En compétition avec d'autres territoires, le site a tiré son épingle du jeu grâce à son "écosystème industriel et de R&D", sa "localisation géographique au sein d'un carrefour de l'Europe" et au soutien des pouvoirs publics, explique McPhy. Le projet a en effet reçu 10 millions d'euros du fonds Maugis, rappelle France Bleu. Ce dispositif a été créé avec les 50 millions d'euros de pénalités versés par General Electric, pour non respect de ses engagements en termes d'emplois.
Dans l'attente de financements européens
Le choix de Belfort n'est toutefois pas encore définitif. La présélection doit être confirmée d'ici la fin 2021, après la finalisation des études préliminaires, l'obtention des autorisations administratives, et sous réserve notamment de la validation des financements européens sollicités dans le cadre du processus IPCEI (pour Important projet of common european interest). Ce "projet important d'intérêt européen commun" doit permettre de déroger aux règles de marché pour soutenir la filière, à l'image de l'Airbus des batteries.
La France entend devenir l'un des leaders mondiaux de l'hydrogène et va investir 7 milliards d'euros sur cette technologie d'ici 2030. La compétition est loin d'être gagnée puisqu'aujourd'hui près d'une trentaine de pays dans le monde s'est dotée d'une stratégie pour développer massivement la production et l'usage de l'hydrogène bas carbone.
Sujets les + commentés