La France commence à livrer du gaz à l'Allemagne ce jeudi, un événement « historique », selon GRTgaz

Par latribune.fr  |   |  677  mots
La France va fournir du gaz à l'Allemagne, qui souffre de la perte des importations russes. (Crédits : DADO RUVIC)
Comme la France l'avait annoncé l'été dernier, elle va commencer à livrer du gaz à l'Allemagne qui en manque depuis la mise en place des sanctions contre la Russie. Les transactions ont débuté ce jeudi à 06H00 à hauteur de 31 gigawattheures/jour, selon le gestionnaire du réseau de transport de gaz français FRTgaz qui a souligné le défi que représentait cette opération. Il a, en effet, fallu inverser les flux pour permettre la circulation de l'hydrocarbure.

C'était attendu : le moment est arrivé pour la France de venir en aide à son voisin allemand. Pour la première fois, ce jeudi, la France a, en effet, commencé à acheminer directement du gaz vers l'Allemagne, a annoncé le gestionnaire du réseau de transport de gaz français GRTgaz.

Depuis plusieurs mois, le gouvernement français a rappelé sa solidarité à l'égard de son voisin. « On sent que l'Allemagne va demander de changer le sens du flux des livraisons de gaz. Il y a une question de solidarité. Si nous sommes dans une bonne situation, on peut se permettre d'envoyer du gaz pour soutenir nos voisins allemands. La question c'est quand et dans quelles quantités », expliquait ainsi le ministère de la Transition énergétique, mi-juillet. Un peu plus tôt, la Première ministre Elisabeth Borne avait déjà indiqué que, la France devrait fournir une petite partie de son gaz à l'Allemagne. Très dépendant des livraisons de gaz russe à bas coût, Berlin est en difficulté depuis le début du conflit en Ukraine et manque d'hydrocarbure, notamment pour faire tourner ses usines, son nerf économique. Elle souffre particulièrement de l'arrêt des livraisons de gaz, depuis le 11 juillet, via le gazoduc Nord Stream 1, qui relie directement la Russie à l'Allemagne.

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Si la France pâtit, elle aussi, du conflit et de ses conséquences notamment sur le prix du gaz qui n'a cessé de grimper ces derniers mois, elle jouit d'une plus grande quantité de gaz que l'Allemagne grâce à des apports de gaz naturel liquéfié, provenant principalement des Etats-Unis, ce qui a permis en partie de remplir ses stocks à 100% pour l'hiver.

L'équivalent de 10% de ce que la France reçoit chaque jour en GNL

Les premières livraisons de gaz odorisé vers l'Allemagne ont donc commencé ce jeudi à 06H00 à hauteur de 31 gigawattheures/jour, en transitant via les communes frontalières de Obergailbach (Moselle) côté français, et Medelsheim en Sarre, en Allemagne, au point d'interconnexion du réseau gazier, selon le gestionnaire. Le niveau de cette capacité, sera « évalué tous les jours en fonction des conditions de réseau », avec une capacité maximale de 100 GWh/jour, précise GRTgaz.  En ordre de grandeur, cela correspond à la puissance de quatre tranches nucléaires et l'équivalent de 10% de ce que la France reçoit chaque jour en gaz naturel liquéfié (GNL) dans ses quatre terminaux méthaniers, selon le gestionnaire.

« Dans un contexte de forte diminution des livraisons de gaz russe vers l'Europe et dans le cadre de la solidarité européenne sur la sécurité énergétique, GRTgaz s'est mobilisé pour adapter son réseau et formaliser une proposition afin de commercialiser une capacité de transport de gaz de la France vers l'Allemagne », a indiqué, dans un communiqué, GRTgaz, deuxième transporteur européen de gaz, fort de 32.500 km de canalisations et 640 TWh de gaz transporté.

« C'est historique »

Ce qui n'est pas sans difficultés. En effet, alors que l'unique point d'interconnexion à la frontière franco-allemande avait été conçu à l'origine pour fonctionner dans le sens Allemagne vers France, il a fallu inverser les flux pour permettre cette circulation, a encore précisé GRTgaz. « C'est historique, la première fois que la France va livrer du gaz directement vers l'Allemagne, jusqu'ici on envoyait du gaz à notre voisin via la Belgique », a souligné Thierry Trouvé, directeur général de GRTgaz, interrogé par l'AFP. GRTgaz, en collaboration avec les transporteurs allemands (OGE et GRTgaz Deutschland), a donc « réalisé des ajustements techniques » pour « rendre le flux France vers Allemagne effectif », a poursuivi le gestionnaire du réseau.

L'Allemagne a, elle aussi, dû prendre des dispositions réglementaires pour accepter le gaz français. Et pour cause, ce dernier est odorisé, avec une teneur en soufre, ce qui n'est pas l'usage pour l'industrie allemande.

(Avec AFP)

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