Le dossier Arabelle n'est pas clos et c'est une énième conséquence de l'invasion russe en Ukraine. EDF souhaiterait réviser la valorisation des turbines Arabelle, près de quatre mois après en avoir officialisé l'acquisition auprès de l'américain General Electric, rapportent Les Echos.
En février dernier, l'électricien se félicitait du retour sous pavillon français de ce bijou technologique, sept ans après le rachat très contesté de la branche énergie d'Alstom par General Electric (GE). Aujourd'hui, les paramètres financiers de cette opération ne semblent plus ancrés dans le marbre. Et ce, en raison des risques qui pèsent sur le carnet de commandes des turbines, constitué aux deux tiers de commandes du géant nucléaire russe Rosatom.
Des contrats à risque
Le groupe dirigé par Jean-Bernard Lévy craint que les grands clients de Rosatom se désistent. Et pour cause, le 2 mai dernier, le consortium finlandais Fennovoima a annoncé une rupture de contrat avec le russe Rosatom pour la construction du réacteur Hanhikivi-1, du fait de la guerre en Ukraine.
Citée par Les Echos, une source proche du dossier estime que « d'autres contrats de Rosatom en Hongrie ou en Egypte sont à risque ou peuvent prendre du retard. Cela a des conséquences sur la valeur d'entreprise ».
Selon le quotidien économique, EDF aurait ainsi obtenu un délai supplémentaire pour boucler l'opération, dont le closing était initialement prévu en 2023. Objectif : se donner du temps pour revoir la valorisation de l'entreprise. Selon une source proche du dossier, EDF devait débourser environ 200 millions de dollars (175 millions d'euros) pour cette transaction, une fois prises en compte les liquidités et dettes de l'activité rachetée. L'activité qui sera acquise par EDF était, elle, valorisée 1,2 milliard de dollars (1 milliard d'euros), du fait d'une trésorerie importante. Pour l'heure, l'électricien assure qu'il n'y a pas de négociations ouvertes avec General Electric.
Les turbines les plus puissantes du monde
Ce retour des turbines Airelles sous pavillon français, voulu par le chef de l'Etat, est clé dans la stratégie énergétique de la France, qui entend se doter d'au moins huit nouveaux EPR, avec un premier démarrage dès 2035, voire 14 dans un horizon plus lointain. En effet, ces turbines constituent un composant essentiel des centrales nucléaires, qui permettent de produire de l'électricité décarbonée sans recourir à des énergies fossiles importées. Les turbines Arabelle produites à Belfort par GE sont, en outre, les plus puissantes au monde. Elles atteignent ainsi des tailles colossales : les pièces qui doivent équiper l'EPR de Hinkley Point C, en Angleterre, seront par exemple plus longues qu'un Airbus A380.
Ces turbines avaient quitté le drapeau tricolore, lorsqu'en 2014, Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie de François Hollande, avait validé la cession de la branche énergie d'Alstom à GE, au terme d'un processus très controversé. Ce choix de vendre à GE la branche énergie d'Alstom lui a régulièrement été reproché, notamment en raison de l'annonce de la suppression de plus d'un millier d'emplois par GE en 2019.
Avant cette date, Alstom était en fait une entreprise bicéphale, entre activités énergétiques et transport ferroviaire. Confrontée à d'importantes difficultés et une lourde dette, la vente de la première branche apparaissait comme la solution pour éviter une restructuration lourde et une casse sociale et industrielle.
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