EDF annonce, dans un communiqué commun publié jeudi, avoir signé un accord d'exclusivité avec General Electric (GE) pour l'acquisition d'une partie de l'activité nucléaire de GE Steam Power. Cette annonce attendue depuis plusieurs jours concerne les fameuses turbines Arabelle, composant essentiel des centrales nucléaires et joyau technologique français, produites à Belfort.
Ces turbines, qui sont les plus puissantes du marché et équipent près d'un tiers des centrales nucléaires dans le monde, avaient été vendues en 2014 par le français Alstom à l'américain GE, une vente dont un des acteurs était alors Emmanuel Macron ministre de l'Économie de François Hollande.
Ce rachat par EDF permet d'effacer ce qui fut qualifié d'erreur stratégique régulièrement reprochée au président français depuis, alors qu'une double problématique ne cessait de prendre de l'importance : la souveraineté énergétique nationale, et la transition écologique qui voyait un retour en grâce du nucléaire, et ce malgré les déboires accumulés par la filière, notamment avec le dossier EPR.
Payée 14 milliards par GE en 2014, rachetée 175 millions en 2022 par EDF: la bonne affaire ?
Une annonce qui - le timing était prévisible - tombe pile le jour de la visite du président Emmanuel Macron à Belfort, sur le site même où sont fabriquées les turbines Arabelle qui équipent le parc nucléaire français. Les activités nucléaires et les équipes concernées par l'opération envisagée sont situées à "près de 70% en France, notamment sur des sites industriels comme Belfort et La Courneuve", et concernent une quinzaine de pays au total, dixit le communiqué.
Côté finance, EDF devrait débourser environ 200 millions de dollars (175 millions d'euros) pour cette transaction, une fois prises en compte les liquidités et dettes de l'activité rachetée, selon une source proche du dossier. L'activité en cours d'acquisition par EDF est valorisée au total 1,2 milliard de dollars, du fait d'une trésorerie importante.
On se rappellera qu'en 2014, le conglomérat américain GE avait versé 12,35 milliards d'euros (environ 14 milliards d'euros) pour racheter l'essentiel des activités énergétiques d'Alstom, qui représentaient alors 70% du chiffre d'affaires du groupe français.
Un actif stratégique pour la filière nucléaire
Pour mémoire, un réacteur nucléaire fonctionne schématiquement en deux parties: en amont, il y a ce qu'on appelle un « îlot nucléaire » là où la fission nucléaire produit de la chaleur, et, en aval, c'est le rôle de « l'îlot conventionnel » de transformer cette chaleur en courant électrique. La cession d'activités envisagée ici porte sur les équipements d'îlots conventionnels de GE Steam Power pour les nouvelles centrales nucléaires, dont font partie les turbines Arabelle, mais également sur la partie maintenance et mises à niveau des centrales nucléaires existantes, ont détaillé les deux groupes dans leur communiqué.
Ces turbines à vapeur sont un actif stratégique pour la filière nucléaire. Elles pourront notamment équiper les réacteurs de technologie EPR et EPR2 ainsi que les SMR (Small Modular Reactor), est-il précisé.
GE conserve la moitié du marché mondial
Côté GE, le groupe, qui revendique la moitié du marché mondial face à des concurrents comme Mitsubishi ou Siemens, continuerait à fournir ses services "pour plus de 100 GW d'îlots de turbines nucléaires sur son marché américain" et conserverait GE-Hitachi Nuclear Energy, "un fournisseur de premier plan dans le domaine du cycle de vie des réacteurs, qui déploiera le premier SMR commercial, connecté au réseau, au Canada".
"L'énergie nucléaire a également un rôle important à jouer dans la transition énergétique et GE continuera à soutenir cette industrie", a souligné de son côté son président-directeur général, Larry Culp, également cité.
Quant au président-directeur général d'EDF Jean-Bernard Lévy, cité dans le communiqué, ce projet d'acquisition "va permettre à EDF de renforcer davantage sa maîtrise des technologies et compétences clés pour le parc en exploitation et pour les projets de nouveaux réacteurs nucléaires en France et au-delà".
(avec AFP)
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