Nucléaire : la Slovénie prolonge l'activité de sa centrale de 20 ans

La centrale nucléaire de la Slovénie a obtenu l'autorisation environnementale et de sécurité nécessaire à la prolongation de son activité pour vingt ans. Une demande formulée depuis plusieurs années par les gouvernements slovène et croate, qui s'en partagent la propriété. La crise énergétique actuelle a toutefois joué en la faveur de ce feu vert.
Mis en service en 1983, l'unique réacteur de type Westinghouse devait initialement cesser son activité en 2023, après 40 ans de fonctionnement. Il est finalement prolongé de 20 ans.
Mis en service en 1983, l'unique réacteur de type Westinghouse devait initialement cesser son activité en 2023, après 40 ans de fonctionnement. Il est finalement prolongé de 20 ans. (Crédits : REUTERS/Srdjan Zivulovi)

Elle devait cesser son activité en 2023. Ce sera finalement pour... 2043. La centrale nucléaire de Slovénie, près de la frontière avec la Croatie et qui fournit les deux pays en électricité, a été prolongée pour 20 ans. « En prévision d'une possible crise l'hiver prochain, il est crucial que la centrale ne ferme pas à la fin de l'année », a justifié le ministre des Infrastructures Bojan Kumer lors d'une conférence de presse lundi 16 janvier, faisant ainsi allusion à un danger de pénurie d'électricité après l'invasion russe en Ukraine. Avec cet ultime feu vert, le site « remplira dans les délais impartis toutes les conditions requises pour continuer à fonctionner », a-t-il ajouté.

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Une prolongation prônée depuis 7 ans

Bien que située en Slovénie, dans la municipalité de Krško, cette centrale nucléaire est co-administrée avec la Croatie. Sa construction remonte en effet au temps où les deux pays étaient réunis sous la Yougoslavie. Elle se trouve d'ailleurs à une dizaine de kilomètres seulement de la frontière croate. Elle couvre aujourd'hui 20% des besoins en électricité de la Slovénie et environ 15% de ceux de la Croatie.

Mis en service en 1983, l'unique réacteur de type Westinghouse devait initialement cesser son activité en 2023, après 40 ans de fonctionnement. Mais dès 2015, la Slovénie et la Croatie ont lancé le processus de prolongation jusqu'en 2043. Des associations, dont Greenpeace, invoquent régulièrement des risques sismiques et l'âge avancé de la centrale. Des inquiétudes balayées par les autorités slovènes.

Le gouvernement slovène est d'ailleurs favorable à la construction d'un deuxième réacteur. Une position affichée depuis 2019, avec comme argument déjà à cette époque de répondre aux besoins énergétiques croissants du pays et réduire sa dépendance aux énergies fossiles. La décision finale est cependant suspendue à un référendum, dont la date n'a pas encore été fixée.

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La crise énergétique et climatique donne des ailes au nucléaire

La Slovénie n'est pas le seul pays européen à miser (de nouveau) sur le nucléaire. Avec la crise énergétique, liée notamment à la guerre en Ukraine, et la nécessité d'accélérer la transition énergétique, l'atome connaît en effet un regain d'intérêt.

Des pays sur le chemin du désengagement ont ainsi fait volte-face. Comme la Belgique qui a décidé au printemps 2022 de la prolongation pour dix ans de deux réacteurs afin de garantir son approvisionnement en énergie. Repoussant d'autant d'années sa sortie totale du nucléaire, qui était initialement prévue en 2025. L'Allemagne aussi a changé son fusil d'épaule. Alors que depuis dix ans la première puissance européenne a décidé de sortir du nucléaire, le gouvernement a finalement acté la prolongation de trois centrales en raison du risque croissant de pénurie et de la flambée des prix pour les fleurons industriels allemands.

D'autres choisissent même de relancer la filière nucléaire en construisant de nouveaux réacteurs et/ou centrales. La France en tête puisque le gouvernement veut voir sortir de terre six nouveaux réacteurs, avec une option pour huit supplémentaires portant le total à 14. Les Pays-Bas vont aussi fortement augmenter leurs capacités via la construction de deux nouvelles centrales, contre une actuellement. Idem pour la Suède : arrivée aux affaires mi-octobre, la nouvelle coalition de droite, où figurent les nationalistes des Démocrates de Suède (SD), a promis dès son entrée que de nouveaux réacteurs allaient être bâtis, en rupture totale avec la politique du précédent gouvernement.

Enfin, la Pologne a elle aussi choisi de basculer vers l'atome en construisant sa toute première centrale. Sa mise en service est prévue pour 2033.

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(Avec AFP)

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