Relance du nucléaire : le gouvernement veut gagner deux à trois ans sur la construction des EPR 2

L'examen du projet de loi visant à accélérer la construction de six nouveaux EPR et de petits réacteurs modulaires débute ce mardi en première lecture au Sénat. Le gouvernement vise une mise en service du premier réacteur entre 2035 et 2037. Il assure qu'il s'agit d'un texte de « simplification » des mesures administratives et non de « programmation » de la part du nucléaire dans le futur bouquet énergétique de la France. Les élus de la Chambre haute ne sont pas du même avis et ont déjà largement musclé le projet de loi en Commission des affaires économiques la semaine dernière. « Un mauvais coup politique », selon le ministère de la Transition énergétique.
Juliette Raynal
(Crédits : Reuters)

Après l'adoption du projet de loi sur les énergies renouvelables, place au nucléaire. Ce mardi, le projet de loi visant à accélérer la construction des six nouveaux EPR voulus par Emmanuel Macron arrive en première lecture dans l'hémicycle du Sénat, où il sera discuté puis voté par l'ensemble des élus du palais du Luxembourg.

Avec ce texte, le gouvernement espère gagner entre deux et trois ans sur la réalisation de ce chantier pharaonique. Objectif : donner le premier coup de pioche du premier EPR 2 situé à Penly (Normandie) mi-2027, c'est-à-dire avant la fin du quinquennat en cours, pour une mise en service espérée entre 2035 et 2037. Tenir ce calendrier, signifie que le projet de loi aboutisse au premier semestre et que les travaux de génie civil débutent, eux, dès 2024, en parallèle de l'instruction du décret d'autorisation de création (le Dac dans le jargon).

Lire aussiEDF veut lancer mi-2024 les travaux préparatoires aux EPR de Penly

Accélérer le déploiement des gros et petits réacteurs

Le texte doit faciliter l'installation de nouveaux réacteurs à proximité des sites nucléaires déjà existants, « là où nous sommes capables de capitaliser sur un tissu local propice à l'acceptabilité, » explique l'entourage de la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher. « Plus on est près d'une centrale nucléaire, plus les gens aiment le nucléaire », souligne-t-on.

Outre l'accélération des chantiers EPR 2 , le texte doit aussi permettre de faciliter le déploiement de petits réacteurs nucléaires, (les SMR pour small modular reactors). « Le texte permet d'accélérer tout réacteur électronucléaire, pas seulement l'EPR 2. Cela inclut aussi les SMR », précise-t-on.

Simplification vs programmation

« C'est un texte d'accélération et de simplification », insiste-t-on au sein du ministère de la Transition énergétique. Il vise à « rassembler des procédures administratives qui jusqu'à présent prenaient des formes disparates et pouvaient relever de contentieux distincts ». L'objectif est de « mieux paralléliser un certain nombre de gestes administratifs », explique-t-on encore. Accélérer le déploiement de ces nouveaux réacteurs, c'est aussi réduire leur coût de financement et donc le prix des futurs électrons, pointe le ministère.

Ces simplifications qualifiées « de bon sens », « ont aussi pour choix de ne pas réinterroger ni le cadre de sûreté, ni le niveau de protection de l'environnement, ni la profondeur du débat public » fait valoir le gouvernement, alors que le calendrier législatif du texte fait l'objet de nombreuses critiques.

Le projet de loi est, en effet, examiné alors que le débat public sur l'opportunité d'une relance nucléaire est toujours en cours (il doit se finir le 27 février prochain) de même qu'une grande consultation nationale sur le futur bouquet énergétique de la France.

« Mauvais coup politique »

Ce projet de loi « ne préempte en aucun cas les décisions qui seraient prises sur l'avenir du mix énergétique », assure-t-on au ministère. Pourtant, le texte a déjà largement été remanié dans ce sens en commission par les sénateurs LR.  Le 11 janvier dernier, la Commission des affaires économiques du Sénat a, en effet, considérablement renforcé le projet du gouvernement en supprimant l'objectif de réduction de la part de l'atome dans le mix électrique. Impatients, les élus de la Chambre haute veulent acter au plus vite le renouvellement du parc français.

Une position que ne partage visiblement pas le gouvernement. « Ce texte n'est pas un texte de programmation », insiste l'entourage d'Agnès Pannier-Runacher, qui explique que le débat sur la part du nucléaire dans le mix énergétique doit avoir lieu « dans la loi de programmation énergie climat, qui arrivera à la mi-année seulement ». Ce qui permettra « d'aller au fond du débat public ». « Préempter ce débat, ça nous semble être un mauvais coup politique », juge les membres du ministère.

La question du financement du nucléaire n'a pas sa place, non plus, dans ce véhicule législatif estime le ministère, qui rapporte que plusieurs modalités de financement sont sur la table et actuellement en cours de discussions entre le gouvernement et EDF. Les grandes négociations devront, elles, avoir lieu avec Bruxelles.

Juliette Raynal

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Commentaires 14
à écrit le 18/01/2023 à 11:56
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Avis aux écologistes de tous bords. Aujourd'hui : puissance éolienne française installée : environ 20GW. Puissance produite : 2,8GW. (source RTE eco2mix) Soit une disponibilité de seulement 14%. La semaine dernière, l'éolien produisait plus de 10...

à écrit le 17/01/2023 à 15:20
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dans les années 70 il fallait 7 années pour mettre en production un PWR de 900 MW après la décision de construction . Maintenant il faut le double : on n'arrête pas le progrès ...

à écrit le 17/01/2023 à 12:14
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On va avoir droit au "vite et mal" style McKron, le principal c'est satisfaire le caprice !

le 17/01/2023 à 18:09
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il faut que toute l'industrie beneficie du meme avantage que le nucleaire

à écrit le 17/01/2023 à 12:06
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Enfin ils se décident. Mais toujours petits bras, ce n'est pas 6 mais 8voir 10 EPR 2. Ou si on veut faire du mix énergétique construisons 10 barrages style "grand maison" qui lui seul en Europe fait stockage turbinage pompage, mais là comme pour le...

à écrit le 17/01/2023 à 10:30
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Il aurait gagné 5 ans si en arrivant au pouvoir en 2017 Macron avait fait ce qu'il essaie de faire aujourd'hui. C'est ce qu'aurait fait tout individu intelligent qui croit suffisamment aux vertus du nucléaire pour se passer de la caution de Flamanvil...

le 17/01/2023 à 11:12
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Absolument, ce projet vise à réparer les bêtises commises depuis 2012 et à créer un faux parallèle avec la loi d'accélération des renouvelables, qui vise à contourner l'opposition de la population, obstacle inexistant pour le nucléaire.

à écrit le 17/01/2023 à 10:26
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Il aurait gagné 5 ans si en arrivant au pouvoir en 2017 Macron avait fait ce qu'il essaie de faire aujourd'hui. C'est ce qu'aurait fait tout individu intelligent qui croit suffisamment aux vertus du nucléaire pour se passer de la caution de Flamanvil...

à écrit le 17/01/2023 à 9:09
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Des Milliards pour extraire et enrichir l'uranium, des Milliards pour construire les centrales, des Milliards pour retraiter et enfouir les déchets, des Milliards pour sécuriser tous les sites, etc etc ... Avec un prix du Kwh le moins cher du monde ....

le 17/01/2023 à 10:29
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Le moins cher du monde ? Vous avez lu ça dans la propagande du lobby nucléaire, non ? Ça ne figure dans aucune statistique officielle., ou le coût du KWh nucléaire se trouve parmi les plus chers.

le 17/01/2023 à 11:10
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C'est sûr que l'exemple allemand est tellement plus convaincant : plus de 500 milliards dépensés pour l'éolien et le solaire qui n'ont pratiquement pas produit d'électricité dans la période la plus froide de décembre dernier (un phénomène récurrent e...

le 17/01/2023 à 14:12
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reponse a Georges; L allemagne que vous critiquez, a produit , en 2022, 49% de son electricite grace au vent ,, au soleil et biomasse. C est autant de gaz et de charbon en moins dans les importations. Ça doit faire une economie de milliards d euros ...

à écrit le 17/01/2023 à 7:25
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Bonjour, Avant toute chose mettre en services l'EPR , voir se qui ne fonctionne pas... Faire le points sur les reussite et les echecs de la constructions de cette EPR. Prendre des mesures correctifs .. Passer le contract pour la constructions d'...

le 17/01/2023 à 11:15
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Les causes de l'échec de l'EPR ont été analysées en long et en large par divers organismes. La principale cause est le patient travail de dénigrement de cette industrie de pointe par les écologistes à la solde d'intérêts étrangers largement relayés ...

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