Nucléaire : retard et nouveau dérapage budgétaire sur l'EPR de Flamanville

EDF a annoncé ce mercredi un nouveau retard sur le raccordement au réseau de son réacteur nouvelle génération EPR...et une hausse de la facture. Ce nouveau report intervient dans un contexte tendu pour l'électricien, qui doit faire face à une baisse de ses capacités de production suite à la détection d'anomalies sur plusieurs réacteurs alors que la demande en électricité est au plus haut.
La date de chargement du combustible est décalée de fin 2022 au second trimestre 2023. L'estimation du coût à terminaison passe de 12,4 milliards d'euros à 12,7 milliards, indique le groupe dans un communiqué.
"La date de chargement du combustible est décalée de fin 2022 au second trimestre 2023. L'estimation du coût à terminaison passe de 12,4 milliards d'euros à 12,7 milliards", indique le groupe dans un communiqué. (Crédits : Regis Duvignau)

300 millions sur la facture et six mois de retard en plus au calendrier. Le chantier du réacteur nouvelle génération EPR de la centrale de Flamanville, dans la Manche, connait une nouvelle déconvenue. EDF a annoncé a justifié ce jour le rapport au raccordement au réseau de l'installation en raison, notamment, de la pandémie.

"La date de chargement du combustible est décalée de fin 2022 au second trimestre 2023. L'estimation du coût à terminaison passe de 12,4 milliards d'euros à 12,7 milliards", indique le groupe dans un communiqué.

L'optimisme était de mise en octobre dernier

Pourtant, au mois d'octobre dernier, l'électricien enregistrait une bonne nouvelle. L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait validé la solution d'EDF visant à résoudre les derniers problèmes observés sur le réacteur EPR de Flamanville. Cette mesure évitait ainsi au fournisseur d'électricité des réparations plus complexes.

Dans le détail, l'ASN avait jugé "acceptable" la solution des soudures dites de "piquages" proposée par l'énergéticien pour régler le problème d'écart de conception sur les raccordements de tuyauterie. Le "piquage" correspond justement à la partie d'une tuyauterie qui permet de raccorder les tuyauteries les unes avec les autres. En début d'année EDF avait signalé à l'ASN un écart de conception concernant trois piquages du circuit primaire (dans lequel circule l'eau qui refroidit le coeur du réacteur).

Ce nouveau rapport s'inscrit dans un calendrier qui n'a cessé de glisser. L'EPR de Flamanville, censé à l'origine être le nouveau fer de lance de la filière nucléaire française, a enchaîné les retards de livraison. Il compte aujourd'hui plus de dix ans de retard par rapport à la mise en service prévue initialement.

A l'été 2020, la Cour des comptes avait fustigé les coûts de l'opération. Les sages avait estimé à cette époque une multiplication des coûts par 3,3 à 12,4 milliards d'euros selon EDF) et les délais par au moins 3,5. Les magistrats estiment que s'ajouteraient pour 6,7 milliards de "coûts complémentaires" en plus de la construction à proprement parler, dont une bonne part de frais financiers.

Le parc nucléaire en révision

Cette mauvaise nouvelle intervient alors que certaines installations nucléaires françaises font face à une anomalie sérieuse détectée dans plusieurs réacteurs d'EDF. Le tout dans un contexte de production et d'approvisionnement tendu, alors que le nucléaire représente traditionnellement 70% de la production française d'électricité. A tel point que la France pourrait carburer au charbon cet hiver.

EDF a en effet annoncé le jeudi 6 janvier avoir détecté un défaut dans le réacteur n°2 de Chooz (Ardennes) à celui qu'il avait déjà identifié dans les deux réacteurs de la centrale de Civaux (Vienne) à la mi-décembre.

Un événement qui avait poussé le groupe à prolonger de trois mois (jusqu'au 20 avril) l'arrêt du réacteur en question, privant le pays d'une partie de sa capacité nucléaire.

Ce nouveau retard ainsi que la défection d'une partie du parc nucléaire française devraient alimenter le débat de l'élection présidentielle dont la question de la stratégie énergétique devrait être au cœur de la campagne. Après avoir annoncé un investissement d'un milliard d'euros pour développer des petits réacteurs, Emmanuel Macron envisage de lancer six nouveaux EPR en France. Le patron d'EDF demande à l'Etat de se prononcer le plus rapidement possible pour lancer ces nouveaux chantiers.

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Commentaires 7
à écrit le 12/01/2022 à 19:05
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Eh oui c'est ça la France tiers-mondiste de Macron : on est déficitaire même pour l'agriculture ! Le savoir-faire acquis dans les années 1960/1970 a été abandonné (saboté ?) au profit des lubies de la mondialisation et du réchauffisme climatique. Réc...

à écrit le 12/01/2022 à 17:18
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La lecture du long rapport de 200 pages de l’ASN du 2 avril 2019, consultable sur son site (belle transparence) nous éclaire (page 29) sur disons la légèreté avec laquelle la chaudronnerie fut réalisée 1) Entre 2012 et 2014 les soudures sont réal...

à écrit le 12/01/2022 à 13:28
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C'est vrai que l'on en sort pas.. et dans le même temps, l'éolien ne nous apporte pas notre électricité (un coup d'oeil sur le site de RTE, l'éolien représente à la minute même 3% de notre approvisionnement en électricité.. Tout cela peut conduire à ...

à écrit le 12/01/2022 à 11:46
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Qui sont les responsables ? Des gens vont devoir répondre à ce scandale d'état. Le contribuable en a marre.

à écrit le 12/01/2022 à 11:19
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Ces gens-là ne sont pas très sérieux, finalement.

à écrit le 12/01/2022 à 11:09
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Ca devient d'une banalité, c'est presque un non événement, une non information, un marronnier.

à écrit le 12/01/2022 à 10:56
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Méthode pour obtenir de l'argent public...ce qui n'empêche pas la désorganisation et la perte de compétence d EDF. Avec l' irresponsabilité des "turn over" des responsables

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