Pour éviter le black-out, la France pourrait carburer au charbon cet hiver

Confrontée à des tensions sur son réseau électrique, la France envisage d'assouplir les limites d'utilisation de ses centrales à charbon en janvier et février, mois lors desquels la consommation énergétique explose. Une mesure contraire aux objectifs climatiques du pays, mais qui ne remettrait pas en cause le calendrier de fermeture des dernières centrales, promet le gouvernement.
Marine Godelier
La centrale thermique de Cordemais (Loire-Atlantique) pourra continuer de tourner jusqu'en 2024, , le temps que l'EPR de Flamanville entre en service.

Malgré le redoux des derniers jours, les retombées des tensions sur le réseau électrique français pourraient bientôt se faire sentir. En effet, déjà frappé par une flambée inédite des prix de l'énergie, le pays doit composer avec une faiblesse historique de sa production nucléaire à l'origine, en moyenne, de 70% de son électricité. Et pour cause, de nombreux réacteurs se trouvent actuellement en maintenance, sans compter qu'EDF a stoppé l'activité de deux centrales après la découverte d'un défaut de soudure. Une situation critique révélatrice du manque de marges du système de production électrique de l'Hexagone, et qui pourrait bien menacer sa sécurité d'approvisionnement au plus fort de l'hiver. En témoignent les dernières prévisions du gestionnaire de réseau à haute tension RTE, celui-ci ayant relevé son « niveau de vigilance » pour le mois de janvier.

Dans ces conditions et pour éviter que les circonstances ne s'aggravent, l'exécutif a indiqué ce mercredi qu'il pourrait recourir en janvier et en février à un combustible pour le moins polluant, et dont Emmanuel Macron avait pourtant promis de sortir d'ici à fin 2022 : le charbon.

« Afin de réduire le risque sur la sécurité d'approvisionnement des Français, le gouvernement envisage d'assouplir les conditions de fonctionnement des centrales à charbon sur la période hivernale en cours », a ainsi indiqué à l'AFP le ministère de la Transition écologique.

Le gouvernement a ainsi mis en consultation jusqu'au 20 janvier un projet de décret permettant de relever temporairement le plafond d'émission de gaz à effet de serre des centrales de production d'électricité à partir de combustibles fossiles. Pour rappel, ce plafond avait été instauré par la loi Énergie Climat de 2019. Fixé à 0,55 tonne d'équivalent CO2 par MWh, il permet le maintien en veille de certaines centrales à charbon, afin de les solliciter seulement quelques heures par an, en cas d'hyper pointe.

Limité aux mois de janvier et février

« Strictement limitée » à ces deux mois, au cours desquels la consommation de chauffage, et donc d'électricité, explose du fait des pics de froid, la mesure d'assouplissement de ces règles « ne changerait pas le calendrier de fermeture des centrales à charbon », a-t-on néanmoins précisé à l'Hôtel de Roquelaure.

« Les centrales du Havre et de Gardanne ont déjà été fermées et celle de Saint-Avold fermera comme prévu au printemps 2022 », a fait valoir le ministère.

Il n'empêche que, malgré la promesse d'Emmanuel Macron, la centrale de Cordemais (Loire-Atlantique) pourra continuer de fonctionner jusqu'en 2024. En cause, une fois encore : un risque de tensions sur le réseau, le temps que l'EPR de Flamanville (Manche) entre en service, après dix longues années de retard.

Si la mesure semble antagonique avec les objectifs climatiques du pays, la production d'électricité à partir de charbon devrait cependant rester largement minoritaire dans le mix électrique, aujourd'hui largement décarboné. Celle-ci avoisine aujourd'hui les 1%, très loin derrière le nucléaire (69%), l'hydraulique (12%), l'éolien (10%) ou encore le gaz fossile (6%).

Marine Godelier

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Commentaires 23
à écrit le 06/01/2022 à 18:33
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Ah... Fessenheim ! tu nous manques déjà !!! Et comment on va faire pour recharger nos voitures électriques, les jours sans vent ???

le 06/01/2022 à 19:27
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Avec les écolos au pouvoir, le vent ne tarira pas. Ils ne savent faire que ça - du vent à longueur de journées.

à écrit le 06/01/2022 à 15:52
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"continue DE creuser"

à écrit le 06/01/2022 à 11:14
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Il faut arrêter les centrales à charbon en France et relancer la construction de centrales nucléaires (+6 EPR), demarrer l'EPR de Flamanville et arrêter de produire de l'electricité avec des tonnes et des tonnes de charbon, completement incoherent et...

à écrit le 06/01/2022 à 11:00
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lemaire qui continue à creuser, il va bien nous ramener du charbon !

à écrit le 06/01/2022 à 10:39
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ridicule et jouissif.on est sur la bonne voie.vite sortons du nucleaire comme les allemands

à écrit le 06/01/2022 à 10:27
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Nous assistons à un grand battage médiatique sur l’inexorable augmentation du coût de l’énergie avec force graphiques des évolutions du carburant du gaz et de l’électricité comme si toutes ces énergies sortaient du même trou. Rappelons que le program...

à écrit le 06/01/2022 à 9:51
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On se moque de qui? Encore de l'imprévoyance, comme d'un fait exprès! Une politique a la petite semaine qui em..rde les français!

à écrit le 06/01/2022 à 9:07
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Et Pompili dit quoi ? Elle a trop peur de grelotter dans son ministère ?

le 06/01/2022 à 10:15
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Encore une grande ingénieure.

à écrit le 06/01/2022 à 9:01
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Il reste une seule centrale au charbon. Celle de Cordemais qui alimente la Bretagne.

le 06/01/2022 à 19:01
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Non, il en reste 3... Bretagne, Est et sud

le 06/01/2022 à 19:02
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Non, il en reste 3... Bretagne, Est et sud

à écrit le 06/01/2022 à 7:49
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Ca va être chouette dans quelques années avec le développement des véhicules électriques, et je vous parle pas des engins volants, des gouffres énergétiques. Pour substituer ne serait ce que la moitié des carburants fossiles, 6 epr n'y suffiront pas.

le 06/01/2022 à 9:21
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Possible, mais ça aidera bien quand même. Tous les pas dans la bonne direction sont bienvenus.

à écrit le 06/01/2022 à 7:14
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Il était pressé de démonter notre centrale alsacienne. Bravo les écolos

à écrit le 06/01/2022 à 4:39
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Force est de constater l'incapacite des "decideurs" enarquients bons a rien de se projeter. Pourquoi des arrets de centrales nucleaires a quelques mois de l'hiver ? Tjrs cette politique de flux tendus avec ses resultats calamiteux. Z.

à écrit le 06/01/2022 à 3:39
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au nord c'était les corons

à écrit le 06/01/2022 à 1:02
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Aux dernières nouvelles, notre gouvernement veut augmenter notre PIB et donc augmenter nos émissions de GES. Même sans la réactivation des centrales au charbon, respecter nos engagements concernant nos émissions de GES est donc impossible.

à écrit le 05/01/2022 à 23:26
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Bof ! 3 ou 4 centrales à charbon en France face aux centaines en Europe et aux milliers en Chine, à la sortie, ça ne changera pas grand chose quand à l'évolution du climat.

à écrit le 05/01/2022 à 20:57
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Cool si on peut retrouver du charbon ,j'ai acheté d'occasion une vieille salamandre bois charbon , le charbon se consume quand même moins vite .

à écrit le 05/01/2022 à 19:48
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Y a pas que nous, le prix du gaz étant tellement stratosphérique, le charbon c'est mieux pour le porte monnaie. Les Allemands confirmeront. :-) Les polonais ont fermé quelques mines de charbon chez eux, la rentabilité ayant chuté (épuisées peut-être...

à écrit le 05/01/2022 à 19:09
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D'où vient le charbon?Pas d'Australie,j'espère!

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