Prix de l'électricité : le gouvernement veut montrer qu’EDF et les industriels peuvent s’entendre

Après de longs mois de négociations, surveillées comme du lait sur le feu par l'Etat, EDF et le producteur d'aluminium Trimet officialiseront demain la signature d'un contrat d'approvisionnement en électricité d'une durée de dix ans, assurant au second un prix de l'électron attractif. Cet accord reste toutefois très atypique de part la relation actionnariale qui lie les deux parties, alignant, de fait, leurs intérêts.
Juliette Raynal
(Crédits : GONZALO FUENTES)

L'accès à une électricité abondante, décarbonée et compétitive est une condition sine qua non pour réindustrialiser la France. Mais comment trouver un terrain d'entente entre les industriels, d'un côté, et EDF de l'autre, dont les intérêts sont, par définition, diamétralement opposés ? Les premiers souhaitant logiquement accéder à un prix du mégawattheure le plus attractif possible, ce qui abîmerait encore davantage la santé économique du second, dont la dette culmine à 65 milliards d'euros.

Alors qu'un bras de fer semble engagé entre l'Etat et EDF, qui ne souhaite pas être sacrifié sur l'autel de la réindustralisation, le gouvernement tente de montrer qu'une issue est possible. Demain, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher et le ministre de l'Industrie Roland Lescure se rendront dans les Alpes savoyardes, sur le site de Trimet France, l'une des plus importantes alumineries de l'Hexagone, qui fournit les industries automobile, maritime et ferroviaire. Objectif : officialiser la signature d'un contrat d'approvisionnement de long terme entre l'électricien historique et l'usine spécialisée dans la fabrication de fil d'aluminium.

Un prix inférieur à celui du marché

Dans le détail, ce contrat, d'une durée de dix ans, prendra effet dès 2024 et portera sur un volume de 22 térawattheures, qui couvrira la totalité des besoins électriques de l'usine en pleine capacité. Il s'agit d'un renouvellement à l'issue d'un premier contrat d'une durée de dix ans également.

Après de longs mois de négociations, les deux parties sont parvenues à s'accorder sur un prix. Confidentiel, celui-ci sera en partie indexé sur le prix de l'aluminium. Surtout, il sera inférieur aux prix de marchés, assure le gouvernement, sans préciser toutefois son niveau par rapport à celui de l'Arenh (42 euros le mégawattheure). Et ce, grâce à une avance en tête « assez significative ». Le contrat fait aussi l'objet d'un partage des risques.

« Les discussions commerciales se sont déroulées sous l'œil bienveillant de l'Etat, qui était attaché à ce que les négociations se passent bien », explique l'entourage des deux ministres concernés. « Ce contrat va garantir la pérennité de l'entreprise et donc les emplois qui vont avec, soit environ 700 employés », se félicite-t-on. « C'est un bel exemple de ce que l'on peut faire quand on arrive à trouver la voie de crête entre énergéticien et industriel », font également valoir les cabinets des ministres.

Un accord « atypique »

Toutefois cet accord est « très atypique » et « exceptionnel», reconnaît-on, car « tout son équilibre repose sur le fait qu'EDF est actionnaire et connaît la comptabilité de Trimet ». Depuis 2013, l'électricien détient, en effet, 34% de Trimet France. Il n'y a donc pas d'asymétrie d'information.

EDF n'ayant pas vocation à devenir propriétaire de l'industrie lourde tricolore, ce type de contrat, en l'état, ne pourrait pas être dupliqué. Le gouvernement mise donc sur la réforme du marché de l'électricité, qui se joue actuellement à Bruxelles, pour obtenir un cadre juridique permettant justement une régulation des coûts au sein des contrats d'approvisionnement de long terme.

Juliette Raynal

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 26/06/2023 à 16:37
Signaler
Des prix excessifs pour les autres agents économiques basé sur le prix SPOT au lieu du prix reel’

à écrit le 26/06/2023 à 9:05
Signaler
Ils s'entendaient très bien, avant que cet Union Européenne ne démolisse le tout parce que la France était "trop compétitive" avec son Nucléaire ! Il était impératif d'uniformiser vers le moins disant !

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.