Smart City : Plume Labs étend son offre de prévisions de qualité de l’air en ville

Déjà disponibles au travers d’une appli et d’un accessoire mobile connecté, les informations concernant les taux de polluants dans l’air et leur évolution pourront désormais être intégrées aux offres d’autres entreprises. En pénétrant le marché B to B, la startup française élargit sa communauté d’utilisateurs.
Dominique Pialot
Les prévisions atmosphériques de Plume Labs aident à limiter l'exposition à la pollution

Les informations alarmantes concernant le coût humain mais aussi économique de la pollution atmosphérique se succèdent à un rythme de plus en plus soutenu. Elle serait ainsi responsable de 48.000 morts prématurées en France et 500.000 en Europe, et amputerait de 100 milliards d'euros la richesse de la France.

La semaine dernière, une étude de l'ONG Heal (Health & Environmental Alliance) démontrait que le coût des dégâts sur la santé générés par les énergies fossiles (infections respiratoires, AVC, crises cardiaques et autres cancers des poumons) s'élève à quelque 2.758 milliards de dollars (2.600 milliards d'euros), soit six fois plus que les subventions des Etats accordées à ces mêmes énergies (444 milliards).

Un accessoire mobile connecté bientôt commercialisé

Cofondée par Romain Lacombe et David Lissmyr, la startup française Plume Labs ne vise pas directement la baisse de la pollution, mais l'information des particuliers sur le sujet. Plume Labs a créé des algorithmes qui intègrent des données atmosphériques, des mesures urbaines de qualité de l'air et des estimations satellitaires pour produire une prévision des niveaux de pollution dans le monde et de leurs variations en temps réel. Cela lui permet de fournir en temps réel les niveaux de qualité de l'air toutes les heures pour les prochaines 24 heures ainsi qu'une estimation du niveau de concentration des principaux polluants nocifs pour la santé : particules fines (PM2.5 et PM10), dioxyde de nitrogène (NO2) ou ozone (O3).

Et ce, pour la quasi totalité des grandes villes du monde entier. Ces informations ont d'abord été accessibles grâce à une appli disponible sous iOS et Androïd, puis grâce à un accessoire mobile connecté. Lancé lors du derniers CES de Las Vegas, ce dernier vient d'être testé pendant trois mois par une centaine de volontaires à Londres, sous l'œil de scientifiques partenaires de Plume Labs rattachés à l'Imperial College et au CNRS qui ont notamment scruté les aspects comportementaux des utilisateurs. Les pré-commandes vont être lancées d'ici la fin de l'année.

Devenir le « Waze » de la qualité de l'air

Mais Plume Labs ne compte pas en rester là, et ambitionne de devenir le Waze (application de trafic et de navigation communautaire) de la qualité de l'air. « En cartographiant la qualité de l'air dans une ville de façon collaborative, nous souhaitons combler un manque dans le foisonnement d'applications de santé connectée », explique à La Tribune Romain Lacombe. On a en effet l'embarras du choix pour « monitorer » ses activités physiques ou son sommeil, mais rien jusqu'à présent sur la qualité de l'air. Pourtant, l'accès à ces informations peut aider à orienter ses comportements de manière à limiter son exposition à la pollution. D'une rue à l'autre, les teneurs en particules fines, ozone ou dioxyde de nitrogène peuvent varier de 1 à 10. La solution la plus drastique consisterait alors à déménager dans un quartier mieux loti...Mais adapter ses habitudes peut déjà se révéler payant, car les taux varient également (d'un facteur de 2 à 3) selon les heures de la journée. Ainsi, selon une étude menée par The Economist sur un an à partir de données fournies par Plume Labs, à Paris par exemple, décaler ses horaires d'une heure matin et soir permettrait de se déplacer dans une atmosphère en moyenne 16% plus saine, et même 28% en décalant de deux heures.

Prévisions à la disposition des gouvernements et des entreprises

Aujourd'hui, Plume passe à une autre étape de son développement, en lançant Plume.io. Cette API (Application Programming Interface ou interface de programmation applicative) permet d'intégrer sa solution à tout environnement numérique et de venir compléter les services proposés par ses partenaires ou clients.

"Depuis deux ans, nous entraînons des modèles d'intelligence artificielle pour prévoir les variations en temps réel de la pollution atmosphérique urbaine, témoigne Romain Lacombe. Avec notre API, les entreprises et les gouvernements peuvent maintenant compter sur nos prévisions pour aider les gens à être mieux informés et en meilleure santé".

Déjà utilisée par l'application de reconnaissance vocale Amazon Echo ou Sowee, la station connectée d'EDF dédiée à la gestion de la consommation d'énergie, cette solution est susceptible de séduire des entreprises dans les secteurs aussi divers que les cosmétiques (la pollution contribuant au vieillissement de la peau), la santé préventive ou les transports.

Le modèle est fondé sur un système d'abonnement allant de quelques centaines à quelques milliers d'euros selon la taille de l'entreprise cliente et la complexité du travail d'intégration de l'API à son système. Plume Labs continue de mettre gratuitement sa solution à disposition des petites entreprises innovantes ou des chercheurs.

Agrandir la communauté de ses utilisateurs dans le monde entier

En commercialisant son API auprès des entreprises, Plume Labs va voir leurs clients enrichir la communauté de ses utilisateurs et accroître la valeur de ses bases de données de façon collaborative. Et ce, dans le monde entier.

Le prix de l'innovation remporté au CES ou encore la sélection pour intégrer StartX, l'incubateur de Stanford en Californie, cet été, contribuent déjà à accroître le rayonnement international de la jeune pousse française.

L'information constituant une première étape indispensable de la sensibilisation, on peut espérer que ces utilisateurs ne se contenteront pas de limiter l'impact de la pollution sur leur propre santé mais auront aussi à cœur de contribuer à la réduire en adoptant des pratiques plus vertueuses telles que le recours aux transports en commun...

Dominique Pialot

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Commentaire 1
à écrit le 10/08/2017 à 14:34
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Il faut chercher l'innovation chez Plume Labs, car quand on va sur leur site internet, c'est nul et ils utilisent les capteurs des autres, c'est creux !

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