Enedis s'allie avec Paris contre la pollution de l'air

Trois cents voitures électriques du gestionnaire du réseau de distribution d'électricité seront bientôt équipées de capteurs des particules très fines. Les données contribueront à une cartographie détaillée et dynamique de la pollution urbaine.
Giulietta Gamberini
La mairie de Paris, dont la volonté politique a été le moteur de l'initiative, et qui finance le projet, espère en tirer des informations utiles non seulement à la gestion des urgences, mais surtout à l'évaluation de l'impact des politiques menées.

Pas de signes particuliers évidents. Juste un petit boîtier bleu sur le toit, dont la fonction serait difficile à deviner. Pourtant, depuis quelques mois, une soixantaine des voitures électriques Enedis qui sillonnent au quotidien la ville de Paris assurent une nouvelle mission: elles mesurent à hauteur d'homme, dans les diverses rues de la capitale, la concentration des particules très fines (les PM2.5, de moins de 2,5 microns, qui pénètrent les organes), nouvel ennemi redouté de santé publique.

Croisées avec celles relevées par l'association indépendante chargée de la surveillance de la qualité de l'air depuis 1979, Airparif, ces données sont censées contribuer à une cartographie encore plus fine et dynamique de la pollution urbaine, qui chaque année est responsable de 48.000 décès prématurés en France et réduit de 2 ans l'espérance de vie des Franciliens. Bientôt relevées par 300 voitures bleues - roulant globalement 24 heures sur 24, et mises à disposition de la collectivité en open data -, elles devraient être publiées une première fois en fin d'année.

Une donnée toutes les 20 secondes

Du point de vue technologique et logistique, l'idée n'a rien de révolutionnaire. Entreprise de service public gestionnaire du réseau de distribution d'électricité sur 95 % du territoire français métropolitain, Enedis n'aura pas besoin de modifier ses itinéraires pour assurer sa nouvelle mission. Les micro-capteurs laser installés sur ses voitures permettant de quantifier finement le nombre de particules par taille, dénommés Pollutrack, sont ceux déjà utilisés par Airparif.

Leur installation sur les véhicules du premier distributeur européen d'électricité, d'où ils transmettront une donnée toutes les 20 secondes, donne toutefois au projet une dimension de première mondiale: à Paris intramuros, toutes les sources locales chroniques ou exceptionnelles et les points de concentration (axes de circulation à dominante diesel, carrefours chroniquement embouteillés, chantiers urbains, sorties des bouches d'aération du métro ou de parking souterrain) des particules très fines pourront désormais être identifiés.

"Une fois totalement équipée, la flotte Enedis fournira chaque jour plus de 100.000 valeurs comparatives.  Elles seront corrélées aux valeurs étalon en provenance des trois stations fixes PM2.5 d'Airparif", explique un communiqué.

Paris modèle

La mairie de Paris, dont la volonté politique a été le moteur de l'initiative, et qui finance le projet, espère en tirer des informations utiles non seulement à la gestion des urgences, mais surtout à l'évaluation de l'impact des politiques menées, telles que l'encouragement de nouvelles formes de mobilités ou la piétonisation controversée des voies sur berges.

"Pour que la démarche de lutte contre la pollution soit forte et crédible, il faut qu'il y ait de la mesure, et qu'elle soit irréprochable", a souligné Anne Hidalgo lundi lors de la conférence de presse de présentation du projet.

Paris se hisse aussi en modèle pour les villes étrangères: notamment celles du Cities Climate Leadership Group (C40), réseau mondial de villes engagées contre le dérèglement climatique présidé par la maire de la capitale française.

Enedis, qui s'est déjà engagé sur le chemin d'une énergie plus propre en promettant à Paris une flotte de véhicules légers 100% électrique d'ici à 2020, se diversifie en même temps: "Nous devenons un opérateur du big data", souligne son président du directoire Philippe Monloubou.

Giulietta Gamberini

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Commentaires 2
à écrit le 23/05/2017 à 9:26
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Pourquoi ne pas étendre l’expérience à la mesure de l'AIR INTÉRIEUR. Par exemple en utilisant le compteur communiquant pour transmettre des informations. Il faudrait bien sur l’équiper de capteurs placés dans des pièces de vie. Ce n'est pas très fo...

à écrit le 22/05/2017 à 19:52
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L'UE a demandé aux constructeurs auto de mettre (enfin) des FAP sur les moteurs essence à injection directe parce qu'elle émettent des particules fines en quantité (mais discrètement !). Il restera donc les particules très fines comme pour le diesel ...

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