Sous pression, TotalEnergies cède sa participation dans un champ gazier russe

En pleine polémique sur la participation de Terneftegaz, une de ses filiales russes accusée d'alimenter indirectement en carburant l'armée de l'air russe, TotalEnergies, bien que démentant l'information, vient d'annoncer céder sa participation dans cette entreprise. La finalisation de cette cession est prévue pour le mois de septembre.
(Crédits : Reuters)

TotalEnergies vient d'annoncer céder sa participation dans le champ de gaz de Termokarstovoye, situé dans le Nord de la Sibérie. Il détenait 49% de ce gisement de gaz tandis que l'entreprise russe Novatek en détenait 51%. La totalité du capital revient à cette dernière pour un montant non communiqué.

"TotalEnergies et Novatek se sont accordés en vue de la cession par TotalEnergies de la participation de 49% dans la société Terneftegaz qui exploite le champ de gaz et de condensats de Termokarstovoye en Russie dans des conditions économiques permettant à TotalEnergies de recouvrer les montants investis dans ce champ qui lui restent dus", indique le communiqué.

Une cession décidée en juillet

D'après le géant français, cette décision a été prise dès le 18 juillet dernier, mais l'accord des autorités russes à ce projet de cession n'a été donné que le 25 août, donc hier. Le géant pétro-gazier explique que cette décision de cession découle de "la suspension progressive de ses activités en Russie pour celles qui ne contribuent pas à l'approvisionnement énergétique du continent", décidée le 22 mars dernier.

"En application de la réglementation russe, les autorités russes ont été saisies le 8 août 2022 d'une demande d'autorisation de cette transaction. Le 25 août 2022, les autorités russes ont délivré leur accord à ce projet de cession, ce qui a permis à TotalEnergies et à Novatek de signer ce 26 août 2022 l'accord définitif de vente de la participation de 49% dans Terneftegaz. La finalisation de la cession est soumise aux conditions usuelles et devrait intervenir au mois de septembre", précise le communiqué.

Hasard de calendrier ou non, cette annonce intervient seulement quelques jours après la publication d'une enquête du Monde visant le géant pétro-gazier. Selon les données récoltées par l'ONG Global Witness et publiées par le quotidien, le condensat de gaz produit dans le gisement exploité par Termokarstovoye aboutit in fine sur des bases de l'armée russe afin d'alimenter des avions de combat.

Selon les documents que s'est procurés l'ONG, le champ gazier russe de Termokarstovoïe exploité par l'entreprise Terneftegaz a fourni du condensat de gaz (un hydrocarbure sous forme liquide) à une raffinerie proche d'Omsk en Russie. Celle-ci en a fait du carburant, lequel aurait ensuite été expédié pour alimenter les avions de combat russes au moins jusqu'en juillet.

TotalEnergies continue de démentir

Ces conclusions se basent, notamment, sur des données de la base Refinitiv, détenue par la Bourse de Londres, qui permettent de retracer la chaîne d'approvisionnement, appuyées par des images satellite.

Des informations que continue de démentir TotalEnergies. Le groupe pétrolier français indiquait ainsi encore ce matin, dans un communiqué de presse, que "non, TotalEnergies ne produit pas de kérosène pour l'armée russe". Dans ce même communiqué, le groupe français a rapporté des propos de Novatek selon lesquels le kérosène dérivé des condensats de gaz issus de ce champ était "exclusivement exporté hors de Russie".

Le "jet fuel (carburant, ndlr) n'a pas les certificats nécessaires pour être vendu sur le marché russe", précisait encore le communiqué de ce matin.

Le groupe français est la seule grande major du secteur à avoir maintenu une partie de ses activités en Russie, concentrées essentiellement autour du gaz liquéfié venu de Yamal LNG, après l'invasion de l'Ukraine, le 24 février dernier. Shell, BP, Exxon, Equinor ou encore ENI ont, pour leur part, annoncé dès mars leur intention de renoncer à leurs actifs russes.  En 2021, TotalEnergies réalisait en Russie 31,5 % de sa production de gaz, laquelle représentait 11 % de son résultat.

Novatek est une entreprise "privée indépendante", souligne TotalEnergies, qui détient 19,4% de son capital. Toutefois, l'un de ses principaux actionnaires (23%) est Guennadi Timtchenko, un milliardaire russe très proche de Vladimir Poutine et visé par des sanctions européennes et britanniques après l'invasion de l'Ukraine.

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Commentaires 5
à écrit le 28/08/2022 à 20:01
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Cela fera donc moins de profits à taxer en France, malgré toute la démagogie à l'oeuvre actuellement...

à écrit le 27/08/2022 à 23:11
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Après la CGT, voilà la branche politique de l'extrême gauche qui s'attaque au peu de grandes entreprises Françaises qui fonctionne très bien. Ils ont toujours détruits tout qui marchait en France, car plus il y a de pauvres plus leurs idées peuvent f...

à écrit le 27/08/2022 à 2:41
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La RUSSIE etait une chance enorme pour l EUROPE du gas et du petrole a sa porte .Mais le gas AMERICAIN est bien meilleur il arrivera par bateau l impact ecologique n est plus d actualite .La place de la RUSSIE est d integrer l EUROPE .

à écrit le 27/08/2022 à 0:13
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Encore une défaite pour les industries françaises. Les gagnants étant évidemment les USA qui voyaient en Total un des rares concurrents à leur hégémonisme sur le marcher des hydrocarbures (car Shell et BP, tous deux anglo-saxons, sont dans leur camp)...

à écrit le 27/08/2022 à 0:08
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Encore une défaite pour les industries françaises. Les gagnants étant évidemment les USA qui voyaient en Total un des rares concurrents à leur hégémonisme sur le marcher des hydrocarbures (car Shell et BP, tous deux anglo-saxons, sont dans leur camp)...

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