Ville de demain : Engie passe à l’attaque

Acteur de la ville depuis 150 ans, l’ex GDF Suez change de braquet en se positionnant comme intégrateur de solutions, le mieux armé, veut-il croire, sur un marché déjà bien encombré.
Dominique Pialot
Engie et la ville de Nantes lauréats du concours européen H2020
Engie et la ville de Nantes lauréats du concours européen H2020 (Crédits : photlook - Fotolia.com)

"Nous préférons parler de ville de demain que de smart city, car nous ne souhaitons pas entrer par la technologie", précise d'emblée Olivier Biancarelli, responsable B to T chez Engie. T comme "territoire". Si cette dénomination s'applique à tout lieu dépendant d'une autorité de gestion publique ou privée (comme à Djeddah), si Engie compte parmi ses clients plusieurs campus universitaires ou bases militaires, elle désigne en priorité les villes. Celles-ci recherchent plus de sécurité et de résilience, des transports propres et fluides, une meilleure qualité de vie, une attractivité locale accrue et, bien sûr, une baisse de leurs coûts. Dans tout cela, il y a de l'énergie. Mais ce n'est pas l'unique raison des ambitions d'Engie sur ce marché. "Chacun part d'où il est et tente de devenir l'intégrateur de référence", reconnaît Isabelle Kocher, convaincue des atouts de son groupe dans cette compétition.

Un objectif de croissance de 40% en trois ans

Nul doute que la ville durable, smart, connectée ou encore "de demain" constitue un marché juteux et en croissance. Concentrant déjà 70% de la population mondiale (et 80% des émissions de gaz à effet de serre), la responsabilité mais aussi la capacité des villes à mettre en œuvre des solutions de lutte contre le changement climatique ne vont faire que s'accroître dans les prochaines décennies, sur fonds d'explosion démographique et d'urbanisation galopante.

Très présent dans l'énergie (notamment les réseaux de chaleur et de froid) et l'éclairage urbain (y compris via ses filiales Ineo et Cofely), Engie est aussi déjà très bien implanté sur d'autres savoir-faire tels que la sécurité, avec 600 villes clientes de ses solutions de vidéosurveillance, dont Paris et Rio.

"De plus en plus de villes nous voient comme des partenaires capables de couvrir tous les sujets urbains", affirme Olivier Biancarelli. Et d'insister : "la ville de demain, pour Engie, n'est pas une simple vision, mais une ambition opérationnelle".  Ce marché, qui pèse déjà dans le groupe quelque deux milliards d'euros de chiffre d'affaires et 350 millions d'EBITDA, doit croître de 40% en trois ans, d'ici la fin du plan de transformation 2016/2018. Le nombre de projets a déjà triplé dans les 18 derniers mois. Si la France y représente encore un poids prépondérant, l'Angleterre et la Belgique sont deux marchés également très dynamiques. Surtout, le portefeuille de projets se mondialise et porte de plus en plus fréquemment sur des solutions intégrées plutôt qu'en silos. L'évolution des villes elles-mêmes, où les cellules transverses se multiplient, ou encore celle de la réglementation, soutiennent le développement de ce marché. Ainsi en France, un arrêté récent du Conseil d'Etat autorise la délégation de service public (DSP) multi-services.

Des troupes au sol et des partenaires

L'acquisition récente de Siradel, une société de 70 personnes spécialiste de la modélisation en 3D, une compétence encore très rare, ajoute une corde précieuse à l'arc du groupe. En effet, cela permet d'expliquer à l'ensemble des parties prenantes les enjeux d'une collectivité en matière de ville durable. Grâce à 2.000 maquettes, Engie peut également démarcher des villes où le groupe n'est pas encore implanté.

Reconnu par le cabinet d'études Navigant comme l'acteur possédant la plus large palette de solutions sur ces thématiques, choisi par IBM pour déployer l'ensemble des offres dans le monde entier, l'ex GDF Suez est confiant dans son positionnement. Infrastructures, services (Isabelle Kocher ne manque pas une occasion de rappeler qu'ils emploient 100.000 des 155.000 salariés du groupe) et, enfin, digital : telles sont les armes du groupe dans cette compétition mondiale. Mais aussi, tient à souligner sa directrice générale, le parti pris d'accepter des partenaires chaque fois que cela se justifie. Et, à l'inverse d'autres acteurs cherchant eux aussi à s'imposer comme ensembliers, ses "troupes au sol". Prêtes au combat.

Dominique Pialot

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