Relance  : l’industrie devra se verdir pour rester dans la course

Le plan de relance, qui devait participer entre autres à décarboner l’industrie, a déjà permis d’accompagner plusieurs projets en ce sens, a expliqué l’Agence de la transition écologique (Ademe) dans un point de mi-parcours. Mais la question de l’après est dans toutes les têtes, alors que l’exécutif doit annoncer dans les prochaines semaines un plan « France 2030 », dont le but est de faire émerger les champions de demain...tout en verdissant les procédés.
Marine Godelier
Jusqu'ici, 56 lauréats situés partout sur le territoire français ont été sélectionnés par l'Ademe, avec une aide moyenne de 3,2 millions d'euros par projet.
Jusqu'ici, 56 lauréats situés partout sur le territoire français ont été sélectionnés par l'Ademe, avec une aide moyenne de 3,2 millions d'euros par projet. (Crédits : Wolfgang Rattay)

Remettre la France sur le devant de la scène face aux champions américains et asiatiques, tout en réduisant l'empreinte environnementale d'un secteur très polluant. L'enjeu est immense pour l'industrie hexagonale, au cœur du plan de relance sur deux ans annoncé en septembre 2020 par le gouvernement. Car son objectif de « redresser rapidement et durablement l'économie française » après la crise du Covid-19 devra se coupler à celui de la neutralité carbone en 2050, inscrit dans la loi depuis fin 2019.

Face à un tel défi, l'Etat s'est bien doté d'une politique en publiant une feuille de route, qui concerne d'abord la Stratégie nationale bas carbone (SNBC). Celle-ci doit permettre à l'industrie d'atteindre - 35% d'émissions de carbone en 2030 par rapport à 2015, et - 80% en 2050... tout en maintenant sa compétitivité. Et les leviers sont nombreux pour y parvenir : efficacité énergétique, électrification, adaptation des procédés, ou encore utilisation de sources de chaleur moins émettrices de CO2 (comme la biomasse et les combustibles solides de récupération).

Aide de 200 millions à mi-parcours

Mais cet objectif exige des moyens financiers. Sur les 30 milliards d'euros du plan de relance dédiés à la transition, le gouvernement a alloué, en tout, deux milliards à l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (Ademe) - parmi lesquels plus de la moitié (1,2 milliard) servira à accompagner concrètement des projets de décarbonation de l'industrie. Un an plus tard, à mi-parcours, l'Ademe est revenu ce jeudi 9 septembre sur le déploiement de ce dispositif. L'investissement total pour les projets retenus s'élève aujourd'hui à 765 millions d'euros, dont 200 millions d'aides de l'Ademe - soit moins de 15% de son enveloppe pour le secteur.

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Pourquoi un chiffre aussi faible ? « Quand on accompagne un grand groupe comme ArcelorMittal, après une crise comme celle que l'on a vécue, cela prend énormément de temps pour définir un projet viable », répond Fabrice Boissier, le directeur général délégué de l'Ademe. Résultat : la plupart des échanges avec des industriels en vue d'aides futures de l'Etat, s'ils sont en cours, ne sont pas encore contractualisés.

56 projets sélectionnés

Jusqu'ici, 56 lauréats situés partout sur le territoire français ont bien été sélectionnés - avec une aide moyenne de 3,2 millions d'euros par projet. Mais les disparités sont fortes, tout comme la taille des groupes accompagnés : le géant Vicat, par exemple, a reçu pas moins de « 14 millions d'euros d'aide », sur un investissement total de 50 millions d'euros, afin de « transformer en profondeur » un site dans le Grand Est. Concrètement, le but est d'accroître les productions d'argiles, de manière à se détourner peu à peu du clinker, un constituant du ciment très polluant. Plus petite, l'entreprise Etex de production de plaques de plâtre, basée dans l'Oise, a elle bénéficié de 4,5 millions d'euros pour remplacer son séchoir peu performant énergétiquement.

Quand le premier projet a contribué à « réduire de 50.000 tonnes par ans les émissions de gaz à effet de serre » de l'usine, le second permettra de les réduire de 6.000 tonnes, « soit 10% des émissions du site », fait valoir l'Ademe. « C'est un dispositif qui fonctionne extrêmement bien », se félicite Geoffrey Abecassis, responsable Plan de relance à l'Ademe.

Et après ?

Reste que le plan de relance ne s'étend que sur deux ans, soulevant la question de sa prolongation. « Après cette date limite de consommation, l'élection présidentielle conditionnera l'avenir en 2023. Mais je ne doute pas que la transition écologique sera au cœur de la campagne », avance Arnaud Leroy, président de l'Ademe. Car une chose est sûre, estime-t-il : les dispositifs actuels ne suffiront pas à atteindre l'objectif de réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030 que l'Union européenne s'est fixé.

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Au niveau national, un nouveau plan d'investissement pour « bâtir la France de 2030 » devrait y concourir - sur lequel l'Ademe n'a pas été sollicité. Annoncé le 12 juillet dernier par Emmanuel Macron, il devrait concerner entre autres la décarbonation de l'industrie, avec un montant total évoqué à hauteur de 20 à 30 milliards d'euros répartis sur cinq ans. Le but : « faire émerger les champions de demain dans les secteurs qui dessineront notre avenir », a fait valoir le président de la République. Sans en préciser les contours, qui devraient être dévoilés d'ici à quelques semaines.

Marine Godelier

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Commentaires 2
à écrit le 10/09/2021 à 14:44
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pour rappel, la France est très bien positionnée dans le Greenness of Stimulus Index (Vivid Economics, 07/2021). sachant que l'Hexagone est déjà 4e du Green Future Index du MIT, seul grand pays dans le top 10.

le 11/09/2021 à 9:04
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Exact ! Informations à faire entrer à coups de marteau dans la tête des ecolos-gauchos 😁

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