Tourisme : les chiffres chocs d'une industrie foudroyée par le Covid-19

Chute du PIB, destruction d'emplois, fuite des voyageurs... La pandémie a bloqué l'activité touristique, un levier majeur de la croissance de l'économie mondiale, qui avec ses 10% de contribution à la richesse planétaire, fait vivre des millions de personnes. Les pertes sont énormes et il ne faut pas espérer un retour à la normale avant 2023.
L'année 2020 aurait entraîné une perte de 2.400 milliards de dollars.
L'année 2020 aurait entraîné une perte de 2.400 milliards de dollars. (Crédits : Enrique Calvo)

4.000 milliards de dollars. C'est ce que pourrait coûter à l'économie mondiale l'effondrement de l'industrie du tourisme sur les années 2020 et 2021, frappée de plein fouet par la pandémie de Covid-19. Les frontières se sont fermées, les touristes ont arrêté de voyager et se sont des milliers d'emplois qui ont été détruits ou gelés. Un chiffre massif dont les impacts sont différents en fonction du poids de ce secteur dans chaque pays. En 2019, le tourisme pesait environ 10% du PIB mondial.

Dans le détail, et selon le rapport de la CNUCED publié ce mercredi 30 juin, l'année 2020 aurait entraîné une perte de 2.400 milliards de dollars. Sous l'effet des campagnes de vaccination, un rebond du secteur est attendu au second semestre de cette année, mais la perte pourrait être compris entre 1.700 et 2.400 milliards de dollars en 2021, par rapport au niveau de 2019.

Un milliard de voyageur en moins en 2020

Un autre chiffre massue permet de prendre la mesure des difficultés du tourisme mondial rencontrées pendant la pandémie : entre janvier 2020 et décembre 2020, le nombre d'arrivées de touristes internationaux a diminué d'environ 1 milliard, soit de 73 %. Pour le premier trimestre de 2021, le baromètre du tourisme mondial de l'Organisation mondiale du tourisme prévoit une baisse de 88%.

"Aujourd'hui, le tourisme international ressemble à celui d'il y a 30 ans. C'est comme-ci nous étions dans les années 1980 en termes de flux", a décrit Zoritsa Urosevic, de l'OMT.

Plus précisément, la perte estimée à 2.400 milliards de dollars pour l'année 2020 prend en compte le fameux coefficient multiplication. La baisse des recettes touristiques mondiales sur la période s'établiraient à 948 milliards de dollars pour une perte du PIB réelle, donc, de 2.400 milliards de dollars, soit une multiplication par deux et demi.

Le multiplicateur touristique calcule l'impact des dépenses touristiques sur l'ensemble de la société par vagues successives d'augmentation des revenus nés de cette activité : des effets directs, puis indirects et enfin induits. Par exemple, un touriste qui réserve une chambre d'hôtel aura un impact sur les activités de ménages. S'il commande un petit déjeuner, il fera travailler les agriculteurs du coin pour la fourniture des ingrédients.

Pour le secrétaire général de l'OMT, Zurab Pololikashvili :

« Le tourisme est une bouée de sauvetage pour des millions de personnes. Faire progresser la vaccination pour protéger les communautés et soutenir un redémarrage en toute sécurité du tourisme est essentiel pour la reprise du travail et la génération de revenus bien nécessaires, en particulier dans les pays en développement, qui sont pour beaucoup fortement dépendants du tourisme international. »

L'arrêt du tourisme a entraîné une hausse de 5,5% du chômage

En effet, le tourisme peut représenter jusqu'à 25% du PIB dans certains pays en développement, soit un quart de sa richesse produite. Plus précisément, dans les 13 pays qui concentrent 80% des personnes les plus pauvres, 10 d'entre eux profitent d'un vaste secteur touristique. En Thaïlande, ce secteur représente 19,7% du PIB, pour 8,5% en France, selon les données 2019 du World Travel council.

Les régions les plus touchées par l'impact du coronavirus sont l'Asie du Nord-Est, l'Asie du Sud-Est, l'Océanie, l'Afrique du Nord et l'Asie du Sud. Les moins touchées sont l'Amérique du Nord, l'Europe occidentale et les Caraïbes.

En moyenne, selon le rapport, la main-d'œuvre représente environ 30% des dépenses des services touristiques, tant dans les économies développées que dans celles en développement. Les barrières à l'entrée dans le secteur, qui emploie de nombreuses femmes et de jeunes salariés, sont relativement faibles.

Plus précisément, la réduction du tourisme entraîne une hausse de 5,5 % du chômage de la main-d'œuvre non qualifiée en moyenne, avec une forte variance de 0 à 15 %, selon l'importance du tourisme pour l'économie. L'OMT estime que 100 à 120 millions d'emplois directs liés au tourisme sont menacés. "Les travailleurs non qualifiés mis au chômage par la baisse des arrivées de touristes ne trouveront probablement pas d'emploi ailleurs", alerte le rapport.

La vaccination, et sa juste répartition, seule porte de sortie

L'avenir prochain de l'industrie touristique passera par la vaccination, rappelle les experts du rapport. Mais, selon l'OMT, il ne faut pas s'attendre à retrouver les niveaux du nombre d'arrivées de touristes internationaux d'avant la crise avant 2023, voire plus tard.

Car pour le moment, les campagnes de vaccination sont inégales. Les taux de vaccination contre le coronavirus sont inégaux selon les pays, soit à moins de 1% de la population dans certains pays comparés à plus de 60 % dans d'autres.

Selon le rapport, ce déploiement asymétrique des vaccins amplifie le choc économique sur le tourisme dans les pays en développement. Il pourrait représenter jusqu'à 60% des pertes dans le PIB mondial.

En ce sens, le mécanisme Covax, qui a pour mission de fournir des vaccins aux pays les plus défavorisés et qui dépend de la solidarité des pays plus riches, se présente comme un levier pour faire redémarrer l'économie touristique.

Lire aussi 2 mnT La Revue "spécial Voyages et Tourisme" vient de paraître

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Commentaires 2
à écrit le 30/06/2021 à 10:30
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Merci qui ? Merci au gouvernement chinois irresponsable et menteur

à écrit le 30/06/2021 à 9:39
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La planète souffle, un peu.

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