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A Montpellier, « la Métropole réussira à produire ce dont elle a besoin »

La Tribune de l’énergie a demandé au maire de Montpellier, Philippe Saurel, où en était le processus de transition énergétique dans sa ville.
Montpellier, la métropole qui réussit sa transition énergétique

Sur les bords de la Méditerranée, Montpellier et son agglomération (450 000 habitants) ont une culture ancrée de la maîtrise de l'énergie. Réseaux électriques intelligents, éco-quartiers ou gestion raisonnée de l'eau font partie du quotidien de Montpelliérains dont la ville est reconnue, à l'échelle européenne, comme une bonne élève sur le chemin de la ville « intelligente ».

Ce n'est pas son maire, Philippe Saurel, qui dira le contraire. Pour La Tribune de l'énergie, l'édile explique les avancées et enjeux du processus de transition énergétique au sein de la ville. Celle qui est pour lui « un pays béni des Dieux », blotti dans un « paradis vert ».

La Tribune de l'énergie : Pour vous, maire d'une grande agglomération, que signifie la « transition énergétique » ?

Philippe Saurel : C'est la possibilité de transformer la ville, de transformer les habitudes, les choix, pour tendre vers une ville moins consommatrice en énergies fossiles. C'est enfin créer une ville qui dégage le moins possible de gaz à effets de serre, qui soit aussi solidaire, intelligente et économe.

En un sens, une ville durable qui ménage à la fois le quotidien de la petite échelle et celui de la grande échelle, celle des entreprises et de l'international. C'est une ville qui laisse une grande part à la qualité de vie de ses habitants et à l'environnement.

LTDE : Ce soin apporté à une meilleure gestion de l'énergie est-il nouveau à Montpellier ?

P.S. : Montpellier a enclenché une vraie révolution avec son réseau de chaleur, il y a déjà une trentaine d'années. Un acte important a aussi été, lorsque j'étais adjoint à l'Urbanisme, d'intégrer dans les cahiers des charges des nouvelles zones commerciales des mesures de construction durable, de politique de l'eau, de transparence hydraulique à la parcelle ou d'orientation des bâtiments pour faciliter la ventilation naturelle plutôt que la climatisation.

Le choix des matériaux, comme celui de réserver deux tiers de nature pour un tiers de bâti sur le territoire de la Métropole, a aussi contribué à donner corps à un guide que j'ai conçu, le guide Aura. Il est une forme de viatique qui cote les opérations d'urbanisme en leur donnant des notes sur chacune des orientations et principes utilisés pour bâtir la ville.

LTDE : Quelles ont été vos réalisations en matière de transition énergétique ?

P.S. : Sur la question de l'économie circulaire, nous avons passé un accord avec les moyennes et grandes surfaces sur le tri des déchets, la réduction du gaspillage alimentaire et l'approvisionnement des circuits de proximité.

Depuis l'an dernier, on a démarré un coaching aux éco-gestes auprès des habitants. On accompagne aujourd'hui 6 000 foyers sur la réduction des déchets, l'économie d'eau, la propreté, la consommation d'énergie...

Pour ce qu'il est du traitement des déchets, notre plateforme de compostage est active depuis une vingtaine d'années. Nous avons également mis en chantier la modernisation du centre de tri et de recyclage des déchets ménagers de la Métropole.

Il y a aussi le développement de l'électromobilité, avec l'installation de 66 bornes de recharge sur la Métropole, dont 40 sur Montpellier. Nous allons aussi acquérir onze nouveaux bus au gaz naturel, mettre des bus électriques et expérimenter le bus à l'éthanol dès cette année.

Nous avons du biogaz produit par l'unité de méthanisation, qui produit de l'électricité qui est l'équivalent de la consommation de 25 000 habitants sur une année.

L'installation de panneaux photovoltaïques se poursuit également. Il y en a 1 300 sur la Mairie et celles des Halles Laissac fourniront une grande partie de l'énergie du bâtiment. Montpellier possède en outre onze éco-quartiers, ce qui n'est pas rien.

Nous partons du principe que la Métropole, d'ici cinquante ans, va réussir à produire ce dont elle a besoin.

LTDE : Pour mener à bien cette transition, Montpellier a-t-elle des avantages que d'autres n'ont pas ?

P.S. : Nous avons des schémas d'urbanisme qui nous permettent d'envisager et de prévoir les choses. Sur le tramway, on est le premier ou deuxième réseau au niveau national. On est les seuls à avoir fait Aura. Nos schémas de Zac intègrent toutes les dispositions à économie d'énergie qui optimisent et ménagent de l'espace, réduisent les risques d'inondation et sont favorisées par le choix des matériaux et réseau de chaleur intégré.

Je ne sais pas si beaucoup de villes, dans dix/douze années dernières, ont eu cette conscience-là. Tout cela, je le précise, ce n'est pas fait que pour nous, c'est pour la planète.

LTDE : Où en est Montpellier sur l'exploitation des énergies renouvelables ?

P.S. : Nous essayons 'd'augmenter la dose' sur le solaire en installant de nouveaux panneaux photovoltaïques dès que possible. Qu'il s'agisse de l'aéroport, de parkings qui ont été couverts ou des Halles Laissac -bien qu'elles soient dans le centre ancien, l'architecte des Bâtiments de France accepté que l'on en couvre les toits-.

LTDE : Etes-vous confiant quant à la réussite de cette transition ?

P.S. : Ça sera difficile car il faut éviter les constructions sur les terres arables mais le schéma de cohérence territoriale nous y aide, même s'il n'est pas coercitif.

Tout cela est une nouvelle économie. Nous avons du soleil, du vent, des terres à fort potentiel, nous avons la mer aussi, qui est une ressource formidable. C'est un pays béni, dans un paradis vert.

Propos recueillis par Benjamin Hay

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