Auchan quitte la Chine et vend ses activités à Alibaba pour 3 milliards d'euros

Avec cette cession, le groupe cherche à se désendetter et "se développer dans de nouveaux pays". Surtout, en revendant ses parts détenues dans sa filiale SunArt, il fait aussi un aveu d'impuissance technologique face à la force de frappe, notamment sur les données, du géant Alibaba, entré au capital en 2017.
(Crédits : CHARLES PLATIAU)

Plus d'un an après Carrefour, c'est au tour d'Auchan de céder ses activités en Chine. L'autre groupe français de la grande distribution quitte l'Empire du Milieu avec la cession de sa filiale chinoise SunArt au géant du e-commerce Alibaba pour quelque trois milliards d'euros, tirant ainsi un trait sur le marché chinois, "inspirant" mais "très spécifique".

"Trois ans après la signature d'une alliance" avec Alibaba et après avoir "conjointement constaté la spécificité du marché chinois, Auchan Retail a accepté la proposition faite par Alibaba de rachat de la totalité de sa participation dans SunArt (484 hypermarchés, 150.000 collaborateurs, leader en part de marché alimentaire en Chine)", a expliqué le groupe français lundi dans un communiqué.

"Par cette opération et son retrait de Chine, Auchan Retail réaffirme sa volonté d'accélérer le déploiement de son projet d'entreprise Auchan 2022 sur ses implantations actuelles", ajoute-t-il, en soulignant que "par cette cession d'un montant d'environ 3 milliards d'euros, il disposera ainsi des moyens financiers pour se désendetter", pour saisir de nouvelles opportunités et "se développer dans de nouveaux pays".

"Depuis 20 ans, en lien étroit avec nos partenaires locaux Ruentex et Alibaba et grâce à l'engagement de nos équipes chinoises, nous avons accompagné le développement de nos activités dans ce pays. Marché inspirant, il n'en reste pas moins très spécifique" et "Alibaba nous est apparu comme le plus à même de faire grandir SunArt", a affirmé Edgard Bonte, président d'Auchan Retail, cité dans le communiqué.

"L'opération se fait au prix équivalent de 8,10 dollars de Hong Kong par action et fera l'objet d'une offre publique d'achat sur cette base", a précisé Auchan.

L'exploitation de la donnée, au coeur du modèle de la grande distribution

SunArt avait été créée par Auchan en 2000 avec Ruentex Group et ils avaient été rejoints par Alibaba en 2017. Auchan détenait un peu plus de 36% et avait le contrôle de l'entreprise.

"Il est apparu au cours d'une revue stratégique que si le groupe voulait accélérer et apporter davantage à SunArt, cela passait par une intégration, notamment technologique, plus importante dans l'écosystème Alibaba", a souligné auprès de l'AFP une source proche du dossier.

Mais, selon elle, cela "ne remet en aucune manière en cause ni les démarches de transformation engagées dans le plan Auchan 2022, ni les projets de désendettement de 2 milliards d'euros annoncés en août".

Le groupe de distribution a annoncé un premier volet de son plan de "redressement" au printemps 2019, avec la cession de 21 sites concernant potentiellement entre 700 et 800 salariés. Puis il a lancé en janvier un plan de départs volontaires, qui épargnait les magasins, avec la suppression de plus de 500 postes.

Début septembre, le groupe a présenté la seconde étape de ce plan, qui passe par 1.500 nouvelles suppressions de postes.

Au premier semestre 2020, la rentabilité d'Auchan a progressé de 79%, mais le résultat opérationnel reste négatif. Le chiffre d'affaires numérique représente, quant à lui, désormais 12% du chiffre d'affaires total sur le semestre (soit une croissance de 33%).

Présent dans 14 pays, Auchan Retail (distribution) est un des deux piliers, avec Ceetrus (immobilier), de Auchan Holding, propriété de l'Association familiale Mulliez.

Auchan Retail compte 2.293 points de vente et emploie 329.694 collaborateurs.

Lire aussi : Carrefour cède le contrôle de ses activités chinoises

Le dynamisme insolent d'Alibaba

Le géant chinois du commerce en ligne a annoncé en août dernier une hausse de 34% de ses ventes au premier trimestre de son exercice décalé. Elles ont ainsi atteint 21,76 milliards de dollars et ont dépassé les attentes des analystes, car selon Bloomberg, la croissance des revenus estimée pour cette période était de 28,8%.

La forte croissance de la vente au détail numérique - 87% du chiffre d'affaires total d'Alibaba - explique en partie ces performances étonnantes. À cela s'ajoute les revenus du cloud computing (+59% en glissement annuel). Le bénéfice net d'Alibaba a par conséquent augmenté de +143%.

En parallèle, le nombre des utilisateurs actifs mensuels mobiles d'Alibaba a progressé de 28 millions à 874 millions. Les consommateurs actifs annuels, en revanche, ont augmenté de 16 millions à 742 millions.

Selon les données de recherche analysées et publiées par StockApps.com lundi 19 octobre, l'action Alibaba a augmenté de 81,70% au cours des 12 derniers mois. Le cours de son action a une performance impressionnante depuis le début de l'année, de +44,89%.

En raison de la flambée massive de ses actions, le géant chinois du commerce électronique a une valorisation de 820,01 milliards de dollars au 19 octobre 2020. Cela a considérablement élargi l'écart entre Alibaba et Tencent, son principal rival en Chine, dont la valorisation est de 659,73 milliards de dollars, selon Axe macro.

D'après les prévisions des analystes, Tencent affichera une croissance de 29% de ses revenus et de 31% de ses bénéfices pour 2020. En revanche, Alibaba augmentera de 32% en chiffre d'affaires et 16% en bénéfices au cours de la même période.

(Avec AFP)

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