Croisières : le MSC World Europa, le paquebot « le moins polluant de la flotte mondiale », a été livré par les Chantiers de l'Atlantique

Le MSC World Europa, premier paquebot construit en France propulsé au gaz naturel liquéfié (GNL), présenté comme le moins polluant de la flotte mondiale, a été livré lundi aux Chantiers de l'Atlantique. En éliminant le fuel, le navire émet 25% de CO2 en moins.
Le MSC World Europa mesure 333 mètres de long, 68 mètres de haut et peut accueillir 6.700 passagers. @MSC Croisières
Le MSC World Europa mesure 333 mètres de long, 68 mètres de haut et peut accueillir 6.700 passagers. @MSC Croisières (Crédits : Reuters)

Souvent pointé du doigt par les associations écologistes pour sa propension à polluer, le secteur de la croisière tente construire des bateaux plus propres. Propulsé au GNL, le MSC World Europa, qui vient d'être livré par les  Chantiers de l'Atlantique, à Saint-Nazaire, montre la voie à suivre : « Ce navire représente une nouvelle étape dans le cadre de la réduction de l'impact environnemental des paquebots. Il est le navire le moins émissif en CO2 par tonneau de jauge de toute la flotte mondiale de paquebots, c'est un record du monde », a fait valoir Laurent Castaing, directeur général des Chantiers de l'Atlantique, durant la cérémonie de livraison. La baisse des émissions de CO2 par rapport à une alimentation au fioul comme c'est le cas sur les bateaux classiques s'élève à 25%, selon Patrick Pourbaix, directeur général France chez MSC Croisières.

« Le gaz naturel liquéfié permet de réduire presque en totalité les émissions d'oxyde de soufre », a reconnu Fanny Pointet, responsable du transport maritime en France pour l'ONG Transport et Environnement jointe par l'AFP. Mais « la promotion du gaz dans le transport maritime, ce n'est pas une bonne idée, parce que sur le plan climatique, c'est mauvais et sur le plan de la sécurité énergétique, c'est mauvais également », a-t-elle nuancé, insistant sur le fait que « l'Europe essaye de s'émanciper de sa dépendance vis-à-vis de la Russie pour le gaz ».

 « Pas assez d'hydrogène sur Terre pour alimenter nos navires »

 « Si on a choisi l'option du gaz naturel (...) c'est parce qu'aujourd'hui, c'est le combustible qui est le plus accessible. On pourrait accélérer peut-être la transition vers l'hydrogène. Le problème, c'est qu'on ne trouve pas assez d'hydrogène aujourd'hui sur Terre pour alimenter nos navires », se défend Patrick Pourbaix. Le MSC World Europa utilise par ailleurs un prototype de pile à combustible, d'une capacité de 150 kilowatts, une première mondiale pour un navire fonctionnant au GNL.

Commandé en juin 2018 par le croisiériste suisse MSC, il mesure 333 mètres de long, 68 mètres de haut et peut accueillir 6.700 passagers. « On a sur ce bateau, une zone du navire qu'on appelle le Yacht Club (réservé à des passagers prêts à payer plus cher pour leur croisière NDLR). C'est une zone un peu particulière, c'est un peu un bateau dans le bateau, formule très agréable, qui peut accueillir 300 passagers. Eh bien, l'équivalent de ce que peut produire une pile à combustible, c'est ce dont a besoin le Yacht Club entièrement », a expliqué Patrick Pourbaix. « Aujourd'hui, notre carnet de commandes ne comprend que des navires qui pourront utiliser, soit du GNL, soit du méthanol. Aujourd'hui, la version qu'on peut qualifier de « verte », c'est-à-dire non émissive, de ces carburants, n'existe pas encore. Mais dès qu'on aura ces carburants sous forme zéro émission, on pourra les utiliser et on pourra avoir des navires zéro émission », a assuré Laurent Castaing.

Direction le Qatar pour servir d'hôtel flottant

Le MSC World quittera mercredi matin Saint-Nazaire en direction du Qatar, où il sera inauguré le 13 novembre. Il logera des supporters : « Nous avons affrété deux navires au Qatar et à la Fifa », précise Patrick Pourbaix. « Les deux premières semaines, pour les qualifications, les bateaux sont complets, à tel point même qu'on a mis en place un troisième bateau, plus petit, qui va venir compléter l'offre. »

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ZOOM - La grogne monte contre « contre ces bateaux totalement anachroniques à notre époque »

A Marseille, comme à Ajaccio, de nombreuses voix se sont élevées ces derniers mois contre la multiplication des escales des bateaux de croisière. Ainsi, en Corse, le nombre de croisiéristes a explosé en Corse sur les neuf premiers mois de l'année et en particulier à Ajaccio où il a été multiplié par 22. De janvier à septembre, l'île a accueilli 11 fois plus de croisiéristes : 362.102 passagers, contre 32.290 sur la même période en 2021, année de reprise post-Covid, selon des données de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Corse, gestionnaire des ports, diffusées vendredi. L'essentiel des passagers et des croisières s'est concentré à Ajaccio avec 332.218 passagers, contre 15.084 croisiéristes pour les neuf premiers mois de 2021. Une pétition appelant à l'interdiction des croisières à Ajaccio atteignait vendredi 27.125 signataires dans une ville d'environ 71.000 habitants. « La lutte Stop Croisières Ajaccio s'inscrit dans un mouvement national, européen et international : partout la grogne monte et les citoyens s'élèvent contre un tourisme de masse qui détruit notre environnement et en particulier contre ces bateaux de croisières gigantesques totalement anachroniques à notre époque », indiquait début septembre le collectif, à l'origine de la pétition lancée cet été. Le président autonomiste du Conseil exécutif, Gilles Simeoni, avait reconnu en juillet que ces croisières « sur des méga-bateaux polluants ne correspond(aient) pas aux axes de tourisme durable ».

Pour montrer leurs bonnes intentions, les armateurs opérant en Méditerranée et l'Etat français ont signé jeudi dernier une charte pour accélérer le développement durable des compagnies de croisières. Le texte, qui s'applique dans l'ensemble des ports français de Méditerranée, est construit autour de « 13 actions »qui permettront « de renforcer les efforts déjà entrepris » pour améliorer l'empreinte environnementale des croisiéristes, indique le secrétariat d'Etat chargé de la Mer dans un communiqué. Parmi elles, la réduction de la pollution atmosphérique par les navires via « l'utilisation de carburant à teneur réduite en soufre sera mise en place dès 2023 » et les croisiéristes « adapteront leur activité en cas de pic de pollution à terre ».

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(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 25/10/2022 à 10:22
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"Pas assez d'hydrogène sur Terre pour alimenter nos navires" pour le moment mais ça va venir, mais je n'imagine pas la taille de la pile à combustible. :-) Le ferry pour aller à l'île Gotland en Suède y a longtemps qu'il fonctionne au GNL, ça permet...

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