Bluefins, cette startup bretonne qui s'inspire des nageoires des baleines pour décarboner les navires

L'hydrofoil, conçu par Bluefins pour propulser les gros navires grâce à la houle et réduire leur consommation de carburant, s'inspire des mouvements de nageoires des cétacés. Essaimage de l'Ifremer, la startup brestoise a présenté son innovation à la Sea Tech Week de Brest avant de premiers essais en bassin début 2023.
La taille du foil développé par Blue Fins d'après l'étude des mouvements des cétacés sera adaptée à celle des navires. Pour un bateau de 300 mètres, elle pourra atteindre 25 mètres de long sur 10 mètres de large.
La taille du foil développé par Blue Fins d'après l'étude des mouvements des cétacés sera adaptée à celle des navires. Pour un bateau de 300 mètres, elle pourra atteindre 25 mètres de long sur 10 mètres de large. (Crédits : Blue Fins)

De plus en plus de biomatériaux ou de bioadhésifs sont utilisés pour la fabrication des navires. Les projets de propulsion vélique ont le vent en poupe. Mais l'industrie du transport maritime du futur s'inspire aussi de la nature et des animaux. Dans ce registre fascinant du biomimétisme, le système de propulsion dynamique des cétacés a ainsi nourri la réflexion de Bluefins portant sur la décarbonation des bateaux.

La startup brestoise, fondée fin 2020 à Plouzané (29) en lien avec l'Ifremer, s'est ainsi inspirée du mouvements des nageoires de la baleine, notamment de la nageoire caudale (la queue), pour concevoir un hydrofoil permettant de réduire de 20 à 30% la consommation de fioul lourd des gros navires. Ce projet a été présenté la semaine dernière à la Sea Tech Week de Brest, lors d'une session sur la bio-inspiration appliquée à l'innovation dans le transport maritime.

Essais en 2023 dans un bassin de la DGA

Attaché à un bras articulé et placé à l'arrière de la coque, l'appendice en acier-composite, développé à partir d'un brevet déposé par l'Ifremer, capte l'énergie houlomotrice pour propulser le bateau. « Les foils sont comme des ailes d'avion immergées qui soutiennent le navire et réduisent les frottements de la coque du bateau sur l'eau. Leur mouvement, généré par la houle, fait avancer le navire un peu à la manière d'une queue d'une baleine » résume Olivier Giusti, co-fondateur de Bluefins avec Dominique Leroux, et lauréat du concours i-Lab 2022.

Le jeune architecte naval diplômé de l'ENSTA Bretagne prépare la prochaine campagne d'essais d'une maquette au 1/35ème. Initialement annoncée pour fin 2022, cette validation des performances sera réalisée en février 2023 dans le bassin « DGA Techniques hydrodynamiques », anciennement bassin d'essais des carènes, de la Direction générale de l'armement dans l'Eure (Normandie). La campagne de tests en mer est prévue pour 2024 avec l'installation d'un premier prototype sur un navire d'une vingtaine de mètres de l'Ifremer.

Marché des méthaniers, pétroliers ou navires à passagers

Avec cet hydrofoil, dont la taille s'adapte à celle des navires, Bluefins cible le marché des méthaniers, des pétroliers, des porte-conteneurs et des navires de croisière, gros consommateurs de fioul. Mais aussi celui du transport de passagers. « La technologie n'est pas limitée aux gros navires », ajoute Olivier Giusti. « Nous espérons pouvoir également équiper des navires plus petits et donc plus faciles d'accès au début. La seule condition requise est que le navire navigue régulièrement dans des zones où il y a de la houle.»

En effet, plus le mouvement est important, plus le système génère l'énergie utile au bateau pour avancer, réduisant, de fait, la consommation en carburant. Selon Bluefins, l'hydrofoil peut aussi être envisagé pour compléter le gain d'énergie qu'offriraient une aile de kite ou des voiles situées sur le pont du navire.

R&D partiellement financée le Citeph, levée de fonds en 2023

Projet interne à l'Ifremer, via son laboratoire Comportement des structures en mer, entre 2018 et fin 2019, avant la création de l'entreprise, cette innovation est le fruit d'un travail de R&D collectif. Alors que la phase de commercialisation est planifiée pour 2025, les recherches de Bluefins sont partiellement financées, depuis le début et jusqu'aux essais en bassin, par le Citeph (Concertation pour l'innovation technologique dans les domaines des énergies).

Via le contrat avec ce programme d'open innovation dans le domaine des énergies, Blue Fins est sponsorisée par TotalEnergies, gros affréteur de méthaniers. Afin d'appuyer son développement, la jeune pousse prévoit de boucler une première levée de fonds de l'ordre de 500.000 euros au plus tard au premier trimestre 2023.

Sea Tech Week : pour des solutions plus vertes

Le sujet de l'avenir décarboné du transport maritime, qui représente aujourd'hui 2,5 % à 3% des émissions mondiales de GES (source OMI) a été au centre des débats de la Sea Tech Week. A la fois salon professionnel et conférence scientifique et technologique, la 13e édition s'est tenue du 26 au 30 septembre sur le thème « transport maritime, vers des solutions plus intelligentes et plus vertes ».

De l'intelligence artificielle, à la propulsion vélique en passant par les énergies marines renouvelables, plusieurs autres innovations bretonnes y ont été présentées, dont le projet Hylias, premier bateau à passagers à propulsion électro-hydrogène, et l'activité de shipping à la voile de Grain de Sail.

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Commentaires 2
à écrit le 06/10/2022 à 23:21
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Beaucoup ont essayé (sans succès) de se coller des plumes de volaille pour voler comme des oiseaux et maintenant certains essaient de nager comme des poissons ou mammifères marins. Manifestement toutes les excuses sont bonnes pour dilapider l'ar...

à écrit le 06/10/2022 à 11:07
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