Pour fournir le carburant de ses futurs navires hybrides, la Brittany Ferries vient de signer un accord de long terme avec Titan LNG. Fournisseur indépendant de gaz naturel liquéfié, le groupe hollandais fournira en GNL et en biométhane les deux ferries qui opéreront dès 2025 entre la France et l'Angleterre, au départ de Saint-Malo et de Caen / Ouistreham et à destination de Portsmouth. L'approvisionnement est prévu à quai en parallèle des opérations de chargement dans les créneaux horaires d'escale précise la compagnie maritime bretonne.
« Des partenariats solides sont essentiels pour que l'industrie maritime réussisse sa décarbonation » assure Régine Portocarero, responsable du développement commercial de Titan LNG, qui par cet accord étend ses activités sur la Manche. Comme l'indiquait Jean-Marc Roué, président de Brittany Ferries, dans une interview accordée à La Tribune en mars dernier, l'intégration de navires plus écologiques est essentielle pour l'avenir d'une compagnie telle que la sienne, tant du point de vue des exigences réglementaires anticipées que des attentes des voyageurs.
Système d'alimentation hybride à batterie
Sauvée grâce aux aides de l'État et de la Région Bretagne après deux ans de crise sanitaire et l'impact du Brexit, Brittany Ferries a rouvert le 26 mars l'ensemble de ses lignes et poursuit sa transition énergétique. Grâce à une flotte de trois E-Flexer, comprenant aussi le Galicia, plus économe en carburant et en service depuis décembre 2020, elle entend réduire de 46% ses émissions de CO2 par passager dès 2023.
La saison 2022 est d'autant plus symbolique qu'elle marque l'intégration dans la flotte du Salamanca, premier navire propulsé au GNL avant l'arrivée programmée du Santoña en 2023 et des deux nouvelles unités hybrides à l'horizon 2025. L'un deux, baptisé Le Saint-Malo et affrété au groupe suédois Stena RoRo avec option d'achat, sera mis en exploitation début 2025.
D'une longueur de 194 mètres, ces navires mixtes pourront transporter 1.400 passagers. Ils seront équipés d'un système d'alimentation hybride à batterie de 10 MWh pour la propulsion et les manœuvres au port et d'une prise de courant de quai de 8 MW pour la recharge au port. En plus de réduire les émissions de CO2, leur propulsion hybride promet moins de bruit et une navigation plus fluide pour les passagers. « Des unités comme le Salamanca, le Santoña et nos prochains navires hybrides sont plus propres aujourd'hui et seront plus verts demain », commente Frédéric Pouget, directeur du Pôle Armement, Opérations Maritimes et Portuaires de Brittany Ferries.
Vers le développement d'une filière biométhane
« Grâce au GNL, ils permettent une réduction immédiate et significative des émissions. Ils seront capables demain de fonctionner avec des carburants comme le biométhane et plus tard avec des carburants d'avenir comme le méthane de synthèse issu de l'hydrogène. Ces derniers ont le potentiel de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre » poursuit-il. La Brittany Ferries parie donc sur la capacité de ces navires à devenir « automatiquement plus écologiques » lorsque des carburants de nouvelle génération seront disponibles.
Elle envisage aussi le développement, avec Titan LNG, d'une filière biométhane. Ce biogaz est issu de la fermentation de matières organiques comme les déchets agricoles (lisiers, fumier...).
« La structure unique de propriété des agriculteurs-actionnaires qui constitue la base de Brittany Ferries, offre un grand potentiel dans les stocks disponibles pour la production locale de biométhane » confirme pour sa part Régine Portocarero.
La création il y a 50 ans de la Brittany Ferries avait en effet pour vocation première le désenclavement de la Bretagne et l'exportation des productions légumières du nord Finistère vers l'Angleterre. La compagnie a rapidement ouvert ses lignes aux passagers et aux véhicules mais conservé un actionnariat issu à 83,74% d'intérêts agricoles.
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