Corsair : le plan de sauvetage s'élève à 297 millions d'euros et il est signé !

Selon nos informations, un consortium d'une quinzaine de repreneurs, essentiellement des DOM, les actionnaires actuels qui quittent la compagnie, et l'Etat ont signé un protocole de conciliation qui sera examiné le 1er décembre au tribunal de commerce de Créteil. Ce plan comprend un financement d'envergure de 297 millions pour renforcer les liquidités et les fonds propres. Ils proviennent de l'Etat à hauteur de 141 millions d'euros, du groupe TUI (actionnaire actuel) pour 126 millions d'euros, et des repreneurs qui apportent 30 millions d'euros en cash. Sur le plan stratégique, Corsair va se recentrer sur l'Outre-mer et maintient son plan de livraison d'avions neufs. Cinq Airbus A330 Neo vont entrer dans la flotte d'ici à deux ans.
Fabrice Gliszczynski

Article mis à jour à 13h30 avec les confirmations de la compagnie et du gouvernement

C'est signé. Toutes les parties prenantes du plan de sauvetage de Corsair (1.200 salariés) ont signé le protocole de conciliation qui sera présenté pour homologation au tribunal de commerce de Créteil le 1er décembre. Au regard de la qualité du dossier et de l'ampleur des financements prévus pour la relance de la compagnie aérienne française, l'homologation ne devrait être qu'une formalité. Le texte a été signé par un consortium d'une quinzaine d'investisseurs, pour l'essentiel présents dans les DOM (à la fois des acteurs privés et des collectivités territoriales), qui va reprendre la totalité du transporteur mais aussi par les deux actionnaires actuels, le groupe touristique allemand TUI et l'entreprise également allemande Intro Aviation qui quittent tous deux le navire, et enfin par l'Etat, lequel apporte un soutien financier considérable à cette opération. Au Paris Air Forum, organisé par La Tribune, le ministre des transports, Jean-Baptiste Djebbari avait confirmé le soutien de l'Etat à Corsair. Le "closing" de l'opération est prévu d'ici à la fin de l'année.

Lire aussi : L'Etat soutient financièrement Corsair pour qu'elle puisse se relancer (Djebbari)

Pour rappel, au printemps dernier, faute de fonds propres suffisants malgré une trésorerie confortable, Corsair s'était vu refuser un prêt garanti par l'Etat (PGE). Dans la foulée, Bruno Le Maire, le ministre des finances, avait indiqué que l'Etat apporterait son aide à condition que les actionnaires actuels mettaient la main à la poche. Sans surface financière, Intro Aviation, l'actionnaire majoritaire de la compagnie, est hors jeu depuis longtemps. En revanche, même s'il est lui aussi frappé de plein fouet par la crise, TUI va contribuer fortement au plan de relance de Corsair.

L'Etat, TUI et les repreneurs apportent 297 millions d'euros

Selon nos informations, Corsair va en effet bénéficier d'un financement total de 297 millions d'euros. Une somme colossale pour la taille de la compagnie, confirmée par Corsair qui, dans un communiqué parle " une contribution financière globale de près de 300 millions d'euros", mais sans donner la répartition entre les différentes parties.

Selon nos sources, le "package" apporté par l'Etat s'élève à 141 millions d'euros et comprend plusieurs instruments : prêt direct, prêt participatif, exonérations de charges.

"Ces aides financières s'inscrivent dans le cadre du droit de l'Union européenne et restent soumises à l'approbation de la Commission européenne régulièrement informée de ce projet", a déclaré Bercy dans un communiqué, sans confirmer ces chiffres.

 TUI est l'autre gros contributeur du sauvetage. Seul actionnaire de 2002 à 2019 avant de commencer à se désengager, le groupe touristique allemand apporte lui aussi un "package" de 126 millions d'euros, sous forme d'abandon de créances et de don d'un Airbus A330-300.

Enfin, la quinzaine d'actionnaires apportent de leur côté 30 millions d'euros en cash. Parmi eux figurent Eric Kourry, fondateur d'Air Caraïbes, président de K Finance et du groupe GAI, propriétaire d'Air Antilles et Air Guyane, et Patrick Vial-Collet, Président de la chaîne hôtelière "Des hôtels et des îles", et président de la Chambre de Commerce et d'industrie (CCI) de la Guadeloupe.

"A l'initiative de deux entrepreneurs, Eric Kourry et Patrick Vial-Collet, un
consortium s'est rapidement constitué, réunissant des entrepreneurs notamment des secteurs du tourisme et de l'hôtellerie, basés aux Antilles, à la Réunion et en Guyane, ainsi que des collectivités territoriales", précise Corsair.

De telles sommes vont permettre à Corsair de renforcer ses liquidités et ses fonds propres, et d'encaisser la période actuelle et de financer la reprise.

Il s'agit donc d'un nouveau départ pour la compagnie. Après le retrait anticipé de la flotte de ses trois derniers B747 en juin, la compagnie repart avec une flotte de cinq A330 et maintient son plan de livraison de 5 autres A330 Neo qui seront livrés d'ici à deux ans. L'objectif de la compagnie est d'exploiter une flotte de neuf avions à terme.

"Le projet de renouvellement et modernisation de la flotte déjà engagé est confirmé, avec 5 A330-900 NEO commandés ferme. Ainsi, 3 NEO intégreront la flotte en avril, mai et juin 2021. Le quatrième NEO devrait être livré en décembre 2021. Corsair opérera donc une flotte de 9 avions dès décembre 2021. En juin 22, le cinquième NEO remplacera le dernier A330-200 encore présent dans la flotte qui sera alors considérablement rajeunie avec un âge moyen de 5 ans", explique Corsair

Côté réseau, Corsair va se recentrer sur les DOM.

"Corsair va se concentrer sur les dessertes domiennes. Outre le renforcement des dessertes actuelles (Martinique, Guadeloupe, Réunion, Maurice, Abidjan et Montréal), unélargissement du réseau est prévu avec l'ouverture de nouvelles destinations notamment Mayotte dès le 11 décembre 2020", précise la compagnie.

"Nous avons devant nous un projet ambitieux, ainsi que les moyens financiers nécessaires pour le mener à bien et faire de Corsair LA compagnie des Outre-mer, a déclaré dans le communiqué Pascal de Izaguirre, le PDG de la compagnie, qui continuera d'occuper ses fonctions.

Ce dernier a salué 'l'engagement de l'ensemble du personnel qui a exprimé, en acceptant des efforts significatifs, unef orte adhésion au projet".

Corsair pourra se relancer en étant beaucoup plus compétitive. Après avoir dénoncé les 134 accords et usages du personnel navigant, la direction a négocié un accord collectif pour chaque catégorie de personnel. Un accord pour diminuer les salaires a par ailleurs été signé et une rupture conventionnelle collective a été lancée auprès des hôtesses et stewards. L'escale d'Orly et la gestion de la supervision des vols aux Antilles ont été externalisés.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 2
à écrit le 26/11/2020 à 13:58
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Bonne nouvelle ! Longue vie à Corsair qui traite tout à fait convenablement ses personnels et ses clients !

à écrit le 26/11/2020 à 10:15
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"essentiellement des DOM" = Argent public, encore et toujours pour soutenir cette activité qui on se demande ne serait pas au final écroulée même avant la crise du covid si les finances publiques ne l'alimentaient pas abondamment.

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