Si ne pas racheter Alitalia (aujourd'hui aux mains d'Etihad) permettait d'éviter un énorme risque industriel à Air France-KLM, perdre le partenariat commercial avec la compagnie italienne, comme celle-ci l'a annoncé ce mardi, est un sacré coup dur pour le groupe français. Car il fragilise ce dernier en Italie, le quatrième marché européen.
"Ces accords ne sont plus bénéfiques, ni commercialement ni stratégiquement, à la nouvelle Alitalia et à son plan ambitieux de redressement", a déclaré mardi l'administrateur délégué de la compagnie aérienne italienne Silvano Cassano dans un communiqué.
"Ils ont été négociés quand Alitalia était dans une situation très différente, avec pour conséquence que les accords dans leurs formes actuelles favorisent l'autre parti".
Il a ajouté que ces accords, qui concernent les services aux passagers des deux transporteurs aériens, ainsi que certains services de fret, entravaient la capacité d'Alitalia à restructurer son réseau et à renouer avec la viabilité à long terme.
Pour autant, certains observateurs font remarquer qu'il est inhabituel de dénoncer aussi tôt des accords. Ils y voient peut être la volonté de peser dans la négociation d'un nouvel accord.
Air France-KLM affaibli en Italie
Air France et KLM partageaient les coûts et les recettes avec Alitalia entre l'Italie et la France et les Pays-Bas. Quand Etihad planchait sur la reprise de la compagnie italienne en 2014, Air France-KLM n'envisageait pas un tel scenario.
«Etihad est un partenaire extrêmement loyal", déclarait Alexandre de Juniac, en janvier 2014. "Si Etihad fait quelque chose avec Alitalia, ce ne sera pas agressif vis-à-vis de nous pour ne pas couper les synergies très fortes qui existent entre Alitalia et Air France-KLM. C'est un point qu'Etihad a bien vu", ajoutait-il.
Si sur le papier, Air France-KLM n'aura plus de possibilités pour se développer en moyens propres en Italie, un tel scenario est très compliqué. L'échec de Lufthansa il y a quelques années (autrement plus puissant que le groupe français en Italie) de créer sa propre compagnie italienne en témoigne. En outre, Air France-KLM n'a pas non plus les moyens d'un tel développement.
Avec cette décision, difficile de voir Alitalia rester dans la coentreprise transatlantique aux côtés d'Air France-KLM et Delta.
La rupture de cet accord vieux de 15 ans donne également un mauvais signe sur l'issue des négociations entre Air France-KLM et Etihad, pour aller plus loin dans leur partenariat bilatéral. Certains en interne chez Air France y voient la conséquence de la position d'Air France-KLM auprès de la Commission européenne pour mettre des bâtons dans les roues des compagnies du Golfe.
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