Deliveroo condamné à verser 9,7 millions d'euros à l'Urssaf pour travail dissimulé

Reconnue une nouvelle fois coupable de travail dissimulé, la plateforme de livraison Deliveroo, a été condamnée à verser à l'Urssaf 9,7 millions d'euros pour ne pas avoir réglé des cotisations et contributions sociales. La plateforme britannique, qui dénonce une procédure « ni régulière ni équitable », a l'intention de faire appel.
En avril, à l'issue d'un procès retentissant, Deliveroo a déjà été condamné  pour travail dissimulé, à l'amende maximale de 375.000 euros prévue par la loi.
En avril, à l'issue d'un procès retentissant, Deliveroo a déjà été condamné pour travail dissimulé, à l'amende maximale de 375.000 euros prévue par la loi. (Crédits : ERIC GAILLARD)

Addition salée pour la plateforme de distribution de repas. Déjà condamnée, Deliveroo va devoir verser cette fois 9,7 millions d'euros à l'Urssaf, pour s'être soustrait au paiement de contributions sociales. L'Urssaf reprochait à la plateforme britannique d'avoir dissimulé 2.286 emplois de livreurs en Ile-de-France entre le 1er avril 2015 et le 30 septembre 2016 et, en conséquence, de ne pas avoir versé à l'administration les cotisations sociales afférentes.

Selon un jugement du tribunal de Paris rendu jeudi et consulté vendredi par l'AFP, Deliveroo France devra « verser à l'Urssaf Ile-de-France la somme de 6.431.276 euros au titre des cotisations et contributions sociales, outre la somme de 2.489.570 euros au titre des majorations de redressement complémentaire pour infraction de travail dissimulé, et la somme de 756.033 euros au titre des majorations de retard provisoires ».

La plateforme veut faire appel

Les juges ont estimé que les demandes de l'organisme de recouvrement étaient « parfaitement justifiées ». La plateforme britannique a pour sa part dénoncé une procédure « ni régulière ni équitable » et annoncé son intention de faire appel.

« La SAS Deliveroo qui se définit comme une plateforme de mise en relation, ne se borne pas à mettre en relation des clients finaux et des restaurants partenaires (...) mais exécute elle-même la livraison des repas préparés par le truchement de livreurs, de sorte que la livraison relève indissociablement de son activité », précise le tribunal dans sa décision. Les juges relèvent aussi qu'une partie du matériel des livreurs était fourni par Deliveroo, que la plateforme leur rappelait régulièrement leurs obligations et fixait unilatéralement la rémunération ou encore que les livreurs encouraient des sanctions pouvant aller jusqu'à la résiliation de leur contrat commercial.

« L'enquête de l'Urssaf porte sur un modèle ancien qui n'a plus cours aujourd'hui », se défend la plateforme. Désormais, « les livreurs partenaires bénéficient d'un nouveau modèle basé sur un système de "connexion libre" qui permet aux livreurs partenaires de bénéficier d'encore plus de liberté et de flexibilité », précise la société, qui rappelle sa participation prochaine au dialogue social organisé en France pour les travailleurs des plateformes.

Contrôle de l'inspection du travail en 2016

Cette procédure prend sa source dans un contrôle de l'inspection du travail le 30 septembre 2016 au siège de Deliveroo, qui avait débouché le 12 décembre 2017 sur un procès-verbal d'infraction pour travail dissimulé. Le 10 septembre 2019, l'Urssaf Ile-de-France avait ensuite mis en demeure Deliveroo de lui verser l'intégralité des sommes en question. Ce que Deliveroo a contesté, notamment lors d'une audience le 16 novembre 2021. « Cette décision est difficile à comprendre et va à l'encontre de l'ensemble des preuves qui établissent que les livreurs partenaires sont bien des prestataires indépendants, de plusieurs décisions préalablement rendues », estime la société.

Ces derniers mois, les différentes juridictions, protectrices jusqu'à un premier revirement en 2020, ont pourtant semblé de moins en moins sensibles à cet argument. En avril, à l'issue d'un procès retentissant, Deliveroo a ainsi été condamné pour la première fois au pénal, à l'amende maximale de 375.000 euros prévue par la loi, par le tribunal judiciaire de Paris pour des faits de travail dissimulé commis entre 2015 et 2017.

Fin juin, le Conseil de prud'hommes de Paris a, en première instance, sanctionné pour la première fois des faits commis après 2017, alors que Deliveroo ne cesse de clamer que ses pratiques ont changé depuis cette année charnière. Enfin, le 8 juillet, la cour d'appel de Paris a, à son tour, condamné Deliveroo, après deux arrêts favorables en deuxième instance.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 03/09/2022 à 22:48
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Bonne décision. Nous autoentrepreneurs paient 25% des le premier euro de revenus - pas bénéfices, revenus bruts. Une taxe sur le chiffre d'affaires. Donc nous voulons voire le "big one" - la "justice" s'attaquer a Amazon et leurs énormes opérations e...

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